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Sahara-CIA files #7 : Quand le Polisario craignait que l’Algérie l’abandonne

Au début des années 1980, la plus grande crainte du Front Polisario a été que l’Algérie l’abandonne. En effet, le voisin de l’Est a adopté l’idée que le conflit du Sahara ne pouvait être résolu militairement et a commencé à se concentrer sur des issues diplomatiques au différend régional.

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Au début des années 1980, le roi Hassan II (1961 – 1999) a profité de l’utilisation d’armes sophistiquées par le Polisario lors de la bataille de Gueltat Zemmour, pour convaincre de nombreux pays de l’existence d’un soutien extérieur aux séparatistes contre l’armée marocaine. Il a ainsi obtenu un large appui international à la position marocaine sur le conflit du Sahara.

Daté du 1er avril 1983 et déclassifié en juillet 2011, un document de la CIA note que depuis «la fin 1981, le Front Polisario a subi des revers majeurs en raison de sa stratégie visant à contraindre le Maroc à des négociations [directes] pour le règlement de la question du Sahara occidental».

Après cette bataille, l’Algérie a opéré un revirement de sa politique envers le Maroc, pour se focaliser davantage sur des issues diplomatiques plutôt que militaires. Dans ce contexte, le Front Polisario a redouté de se trouver abandonné par le voisin de l’Est.

Le document de la CIA confirme que «le soutien de l’Algérie est considéré comme crucial pour la survie du Polisario» et que «les changements dans la position algérienne quant au conflit ont eu un impact direct sur les stratégies et les décisions du Polisario».

Le document exclut que contrairement à ce que prône Alger, l’appui de cette dernière au mouvement séparatiste ne serait pas motivé par le principe de «soutien à l’autodétermination des peuples». Il se nourrit plutôt d’une «compétition ancrée entre l’Algérie et le Maroc pour l’hégémonie sur l’Afrique du Nord». Cette considération rend les dirigeants algériens déterminés «à empêcher l’annexion du Sahara» au royaume.

Le document souligne que l’Algérie «a participé à la guerre par procuration uniquement, tout en renforçant ses forces le long de ses frontières occidentales afin d’empêcher le Maroc de poursuivre ou de lancer des raids préventifs sur le territoire algérien».

La même source poursuit : «L’Algérie semble plus disposée à rechercher une solution diplomatique au conflit du Sahara. Elle a globalement conseillé le Front Polisario dans ce sens. Cependant, rien ne prouve les prédispositions des Algériens à faire des compromis sur des questions autres que tactiques. Ils ont plutôt vocation à mettre en œuvre le plan de l’Organisation de l’unité africaine pour tenir un référendum au Sahara, tout en ayant l’idée que ses résultats seront favorables à un Etat dépendant.»

«Les Algériens estiment que les rebelles ne peuvent plus nuire à l’armée marocaine, en raison de la défense constante des Marocains, de la désertion [des milices, ndlr] et du manque de discipline au sein du mouvement. Les contacts directs entre les responsables marocains et algériens, y compris une réunion au sommet entre le roi Hassan II et le président Benjedid, fin février, ont suscité de nouveaux espoirs à Alger quant à la possibilité d’une accélération des négociations.»

Extrait du document de la CIA

Un changement de position de l’Algérie

Le document explique : «Plus importante est la perception du Front Polisario du changement de position algérienne. Elle semble montrer une impatience croissante face aux hostilités prolongées et un plus grand empressement à régler le conflit.»

«Au milieu de l’année 1981, il était clair que le Front Polisario était profondément préoccupé par la qualité de ses relations avec l’Algérie. Un haut responsable du Polisario affirmait qu’Alger n’était plus enthousiasmée par le soutien à la guerre et qu’elle cherchait des moyens de se sortir de ses relations avec les rebelles. Elle est prête à rechercher une solution politique à tout prix», ajoute la même source.

La CIA a indiqué que le Polisario craignait que «ce changement de position ne se manifeste par une interruption de l’aide militaire et par l’imposition de plus grandes restrictions aux opérations de guérilla».

La crainte du Polisario s’est accrue, surtout après que «le dirigeant libyen Kadhafi a promis à Hassan II des restrictions sur le soutien armé au Front Polisario, en échange d’une normalisation des relations avec Rabat ; en échange, le roi a confirmé que le Maroc approuverait la nomination de Kadhafi à la tête de l’Organisation de l’unité africaine en 1982».

«Même si les Libyens ont repris leurs livraisons d’armes dès mars 1982, et peut-être même avant, ce précédent a laissé un mauvais goût aux rebelles et leur a rappelé le manque de fiabilité de cet allié clé», Mouammar Kadhafi. En effet, ce dernier a préféré «un rapprochement avec Maroc pour rétablir les relations diplomatiques et obtenir un soutien à sa candidature à la tête de l’Organisation de l’unité africaine».

En réponse, le Front a tenté de trouver des solutions. «Sur proposition d’un de ses penseurs de haut rang, le Polisario a manœuvré pour mobiliser davantage de soutien international à sa cause, tout en établissant des liens avec les partis d’opposition marocains, notamment les socialistes et les communistes», souligne la CIA.

آخر تحديث للمقال : 18/05/2024 على 13h18