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Let it bled..
A
17 août 2007 12:39
Ça saute aux yeux. En ce début de mois d’août, le quartier Nord-parisien de la Goutte d’or s’est vidé d’une bonne partie de ces âmes. « Ils sont retournés au bled », explique Azdine en lapant son kawa bien chaud. Dehors, une pluie diluvienne frappe le macadam aussi gris que le ciel. Quelques silhouettes impassibles accélèrent le pas. D’autres, moins pressées et plus timorées, se réfugient sous le premier porche croisé. « Ils ne nous ont même pas laissés le soleil, ils l’ont ramené en Afrique ! », s’esclaffe-t-il avec ses comparses de comptoir. Autour d’un second kawa agrémenté d’une clope, Azdine raconte que cette année, il ne retournera pas au Maroc, sa terre mère, pour plusieurs raisons. Pas assez d’euros à claquer en dirhams. Une année d’éreintant labeur sur les marchés dans les pattes. Et puis, « pas vraiment l’envie ni le moral pour organiser le voyage ». Pour ses quatre bambins et sa femme, Barbès village se substitue à Casa.

Pour nombre d’émigrés africains installés chez les gaulois, le séjour estival dans le pays d’origine suscite une posture ambivalente. Entre engouement et amertume. « Cela dépend essentiellement de la position sociale du migrant », analyse Nacira Guénif-Souilamas. Selon le maître de conférence à Paris 13, « le retour se passe bien pour les gens qui ont investi dans le pays d’origine et qui jouissent d’un surcroît de prestige. Mais, beaucoup retournent au pays sans avoir atteint le niveau social escompté. Tous les efforts nourris ne se sont pas réalisés… » Et ils pâtissent péniblement du manque de reconnaissance des proches. Désillusion de la poule aux œufs d’or déplumée tel un vulgaire piaf.

Autre son de cloche pour Mokrane, la soixantaine, qui partage sa vie de retraité entre Oran et la banlieue parisienne, depuis maintenant quatre décennies. Une famille de chaque côté du port, deux vies parallèles. Pour lui, le retour au bled est avant tout un retour chez lui. « Ma vie est scindée en deux, mais je n’ai jamais rompu avec le bled, même pendant les années noires. » À l’instar de ses amis chibanis marqués par la nostalgie de l’exil économique, il observe avec détachement et amusement le retour des jeunes. « C’est positif qu’ils veuillent connaître leurs origines. Mais, entre le discours d’ici et leurs attitudes là-bas... », hiatus il y a.

Bilal, 27 ans, le concède sans ambages. Quand il retourne à Alger, comme chaque été, « il arrose la famille » de cadeaux en tout genre. Sapes et autres produits Hi-tech, il claque en moyenne 3 000 euros, deux fois son salaire de coursier, pour jeter la poudre aux yeux des siens. « Le plaisir de faire plaisir », explique-t-il en bourrant à ras-bord sa caisse allemande rutilante, achetée d’occas’ à crédit. Il se voit déjà déambuler dans la coquette rue Didouche Mourad by night avec les cousins. La classe. Né à Paris où il a grandi et où il vit toujours aujourd’hui, cet « immigré de seconde génération » revendique pleinement ses attaches. Et pour lui, comme pour ses potes, pas moyen d’esquiver un passage estival au bled. « Même si parfois deux semaines suffisent amplement » à Momo, originaire du Nord du Mali, où « y’a rien à faire ».

Qu’importe, quand ces fils d’immigrés palabrent de leur Afrique dans les faubourgs du 18e, le respect et l’admiration déguisent les déceptions en série avec, dans les esprits, le fantasme de la valorisation au bled. Volubiles, c’est le plus souvent avec la flamme dans les yeux qu’ils manient la rhétorique identitaire. Pourtant, de l’autre côté de la méditerranée, tout n’est pas si idyllique… « L’expérience du retour s’apparente à un voyage initiatique qui revisite le pays des parents dont l’histoire résonne en eux. Ils ne retournent pas, ils vont. Et ils y vont avec leur grille de lecture occidentale et leur mœurs hédonistes » précise Mme Guénif-Souilamas.

Vaille que vaille, à travers les frasques, les délires, les légendes nichées dans leurs imaginaires, et les récits de leurs aînés, ces jeunes là plaident pour le bled… tant qu’ils n’y sont pas.
B
17 août 2007 12:43
Salam aalikoum


la source stp
[b]Plus rien ne m'étonne[/b]
 
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