PARIS (AFP) - Quatre rassemblements simultanés à Paris-La Villette, Saint-Denis, Bobigny (Seine-Saint-Denis) et Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne) ont donné le coup d'envoi mercredi soir du 2e Forum social européen (FSE), trois jours de débats et manifestations pour une "Europe des droits" civiques et sociaux.
Entre 40 et 60.000 militants venus de 60 pays sont attendus pour cet événement qui devrait constituer une nouvelle démonstration de force du mouvement altermondialiste, notamment lors de sa manifestation de clôture, samedi. L'inscription au forum de quelque 20.000 personnes avait déjà été enregistrée mercredi à 17h par les organisateurs.
Dans un même texte lu aux quatre rassemblements qui ont réuni au total plusieurs milliers de personnes, les responsables du FSE expliquent leur volonté de "favoriser l'élaboration d'alternatives face à une construction européenne qui sacrifie trop souvent les droits fondamentaux des êtres humains" aux "intérêts financiers et commerciaux".
Un sondage BVA pour La Dépêche du Midi a attesté mercredi l'audience acquise par ce mouvement de contestation, au fil de multiples Forums de par le monde, depuis 2001: 60% des Français estiment que les altermondialistes ont des "idées modernes", même si 50% n'y décèlent "pas de vraies solutions alternatives".
Les partis politiques, de droite et de gauche, ne s'y sont pas trompés commentant abondamment l'événement avant-même qu'il ne démarre. Le Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, a parlé de la "nécessaire humanisation de la mondialisation", reprenant les termes du président Jacques Chirac. De son côté, Julien Dray, porte parole du PS, a présenté son parti comme le plus à même, dans la sphère politique, de porter "l'aspiration à un autre monde".
Jean-Marie Le Pen, le président du FN, voit lui dans le forum une "immense imposture" affirmant que "la condamnation d'une certaine mondialisation s'accompagne d'une condamnation équivalente de l'Etat-Nation".
Le principal quotidien de l'économie, Les Echos, a consacré mercredi un supplément de 24 pages à un mouvement, dont l'éditorial rappelle qu'il "est devenu une réalité que le monde économique ne peut plus ignorer". Les syndicats ont tenu, eux, leur propre Forum en prélude au FSE, cherchant à se positionner entre méfiance de la CFDT et ouverture de la CGT, où Bernard Thibault juge que syndicats et mouvements altermondialistes "ne sont pas en concurrence".
Pendant trois jours, le FSE proposera 55 plénières, 250 séminaires, des centaines d'ateliers, de 150 à 200 spectacles, organisés par des centaines associations, ONG, réseaux, collectifs, syndicats. Une lourde machine logistique pour un budget d'environ 3,4 millions d'euros, financé aux trois quarts par des fonds publics venant des communes (44% dont 30% pour la seule ville de Paris), conseils généraux (18,5%) et du gouvernement (15%).
Protéiforme, le mouvement altermondialiste espère être en mesure de faire émerger des alternatives concrètes sur un certain nombres de sujets, ancrés dans l'agenda européen (élargissement et rédaction de la Convention): services publics, santé, développement de banques alternatives, lutte contre le dumping social, etc.
Le forum culminera samedi avec une manifestation festive dans le coeur de la capitale, où la police attend entre 25.000 et 30.000 participants. Dimanche, une assemblée des mouvements sociaux rédigera un appel sur l'Europe et le projet de Constitution européenne, en avançant un calendrier d'"initiatives de mobilisation".
chargement...
+ 
