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Justifications mensongères de la guerre à Gaza
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3 janvier 2009 22:24
Gaza : Violence coloniale et justifications mensongères
3 janvier 2009
ANTONIUS Rachad

La propagande du gouvernement israélien a été complètement intériorisée dans le discours dominant des médias québécois et canadiens. On explique la violence actuelle par le fait que le Hamas aurait brisé la trêve avec Israël, et qu’il est donc responsable de la violence israélienne présentée comme une « riposte », Israël ne faisant que se défendre contre un ennemi implacable qui veut toujours le détruire. Dans les meilleurs des cas, on déplore les excès de la dite « riposte », mais on ne remet pas en question qu’il s’agit bien d’une riposte. Le dossier entier de La Presse sur la situation actuelle a pour titre : Riposte d’Israël à Gaza.

On a donc complètement intériorisé la signification que le gouvernement israélien veut donner à l’événement, et elle devient le cadre à partir duquel la situation actuelle est perçue et comprise. On ne remet pas non plus en question le principe même de la violence pour résoudre le différend israélo-palestinien, étant entendu que cette violence est légitime quand Israël l’utilise mais illégitime quand le Hamas le fait, même si les moyens dont dispose chacun des deux protagonistes ne sont pas comparables et que les dommages qu’ils subissent en termes humains et en termes d’infrastructures ne sont aucunement comparables non plus.

Cette logique souffre de deux erreurs fondamentales qui font qu’elle ne tient absolument pas la route. D’abord elle contredit les données empiriques sur le terrain qui sont bien documentées et que personne ne conteste : c’est juste qu’on les oublie. Ensuite elle s’inscrit dans une logique proprement coloniale.

Qui a brisé la trêve ?

Contrairement à ce qui a été répété ad nauseam dans les éditoriaux ainsi que dans les entrevues télévisées, ce n’est pas le Hamas qui a brisé la trêve mais bien Israël. C’est le 4 novembre 2008 que la trêve, qui durait depuis quatre mois, a été brisée par Israël lors d’un bombardement qui a fait six morts parmi les Palestiniens. C’est seulement après ces assassinats ciblés que les tirs de roquettes ont repris, pas avant. Le 17 novembre, les Israéliens bombardaient à nouveau et tuaient quatre autres Palestiniens, amenant le total de morts palestiniens à quinze depuis le bris de la trêve par Israël. Ces faits sont solidement documentés (voir par exemple les textes de l’ancien correspondant du Jerusalem Post, Joel Greenberg, dans la Chicago Tribune du 17 novembre 2008).

Dès le lendemain du 4 novembre Israël a décidé de boucler complètement Gaza et de ne pas permettre la circulation de nourriture et de médicaments. Entre le 5 novembre et le 30 novembre 2008, seuls 23 camions de vivres ont pu entrer à Gaza alors qu’en moyenne, ce sont 3000 camions par mois qui peuvent répondre aux besoins de la population qui se chiffre à 1.5 millions. La situation humanitaire déjà désastreuse, et dénoncée comme telle par les représentants de l’ONU, est devenue encore plus catastrophique suite à ce blocus. Mais ni les bombardements Israéliens ni le blocus ne sont considérés comme des actes d’agression.

Une logique coloniale

Alors qu’est-ce qui amène les faiseurs d’opinion à « oublier » ces petits détails ? C’est qu’au fond, le gouvernement d’Israël se donne le droit d’utiliser la violence contre une population qu’il considère humainement inférieure, mais ces populations inférieures ne doivent surtout pas lever le ton. Dans la logique coloniale, rien n’est considéré comme une agression contre des populations subalternes, alors que toute révolte des subalternes est considérée comme un affront à l’ordre colonial, et doit être sévèrement punie.

Dans cette logique, on n’a pas besoin de respecter le droit international, et on pense que les peuplades inférieures ne comprennent que le langage de la force. Cette logique n’est heureusement pas partagée par toute la société israélienne et les mouvements comme Gush Shalom la contestent énergiquement. Par contre, l’élite politique canadienne l’a reprise intégralement. Or ce n’est pas le langage de la force qui va faire débloquer la situation, mais le respect du droit international.

Rachad Antonius,

Professseur, UQAM (Université du Québec A Montréal).


[www.legrandsoir.info]
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3 janvier 2009 22:32
Un autre article intéressant qui va dans le même sens:

Les vraies raisons de la guerre ne sont pas celles données par Israël

Par Johann Hari The Indépendent
29 décembre 2008

Les raisons avancées par Israël pour justifier le bombardement de Gaza font l’impasse sur la réalité fondamentale de ce conflit. Israël ne désire pas la paix mais la défaite complète des Palestiniens et de leur revendication légitime du retour aux frontières de 1967. Clamant vouloir protéger les civils, Israël a pourtant soumis la population de Gaza à un blocus inhumain - punition collective pour cause de vote politiquement incorrect - cyniquement qualifiée de « mise au régime » par un conseiller de Sharon, et provoque aujourd’hui des centaines de victimes dans une population prise au piège. Comment ne pas voir, pourtant, que cet aveuglement qu’autorise la supériorité militaire et la complicité de l’occident ne conduira jamais à une paix durable, c’est à dire équitable, seule garante de la sécurité d’Israël ? Chaque jour qui passe, de nouveaux combattants Palestiniens se léveront, emplis du désir de revanche, prêts à tout pour faire reconnaitre un droit reconnu par l’ONU voilà 40 ans, mais qui reste en souffrance depuis lors. Et dans les circonstances actuelles, comment ne pas le comprendre ?


Le monde n’est seulement le spectateur d’un crime commis par le gouvernement israélien dans la bande de Gaza. Nous le voyons également se nuire à lui-même. Aujourd’hui, demain, et chaque jour jusqu’à ce que cesse cette violence punitive, les jeunes de la bande de Gaza seront encore plus emplis de haine, et plus déterminés à combattre, avec des pierres, des attentats suicides ou des roquettes. Les dirigeants israéliens se sont convaincus que plus on frappe durement les Palestiniens, plus doux ils deviendront. Mais lorsque tout ceci sera terminé, la rage contre les Israéliens se sera endurcie, et les compromis devront encore attendre, abandonnés en déshérence sur les bas côtés de la route de l’histoire.

Pour comprendre à quel point il est effrayant de vivre à Gaza aujourd’hui, il faut avoir séjourné sur cette petite parcelle de terre bétonnée le long de la Méditerranée et y avoir ressenti la claustrophobie. La bande de Gaza est plus petite que l’île de Wight, mais elle est surpeuplée, avec 1,5 millions de personnes qui ne peuvent jamais la quitter. Ils vivent leur vie les uns sur les autres, sans emploi et affamés, dans de grands immeubles délabrés. Des étages supérieurs, on peut souvent voir les frontières de leur monde : la Méditerranée, Israël et les fils de fer barbelé. Quand les bombes commencent à tomber - comme c’est le cas maintenant, avec plus de violence meurtrière qu’à aucun autre moment depuis 1967 - il n’y a nulle part où se cacher.

Une autre guerre va maintenant débuter. Elle portera sur l’histoire de cette guerre. Le gouvernement israélien déclare : « Nous nous sommes retirés de la bande de Gaza en 2005 et, en retour, nous avons eu le Hamas et une pluie de roquettes Qassam sur nos villes. Seize civils ont été assassinés. Combien d’autres vies devons-nous sacrifier ? » Il s’agit d’un récit plausible, et il comporte des fragments de vérité, mais il est aussi rempli de trous. Si on veut comprendre la réalité et mettre réellement un terme aux tirs de roquettes, il est nécessaire de revenir en arrière de quelques années et d’analyser la préparation de cette guerre sérénité.

[contreinfo.info]
 
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