Le ministère de la peur est un livre tres interessant je conseille a certains icibourrés de prejugés de le lire Pierre Tévanian Bibliographie - Bio de l'auteur La violence existe, en banlieue notamment. Mais la manière dont cette violence est relatée et mise en scène est le plus souvent malhonnête et malveillante. C'est cette mise en scène que Pierre Tévanian dénonce, en démontant les usages erronés ou mensongers qui sont fait des chiffres, des mots et des images. Il réfute point par point le discours désormais consensuel sur "l'augmentation de la violence" , les "no-man's land" et les "zones de non-droit", les"jeunes barbares" et les "parents démissionnaires". Enfin, il rappelle la corrélation depuis longtemps établie entre "délinquance de rue" et précarité sociale, et il montre comment la sur-médiatisation des "violences urbaines" contribue à occulter et légitimer toutes les autres violences:chômage, exploitation, discriminations, violences policières ou carcérales. Une partie de cet ouvrage est déja paru sous le titre:"Stop quelle violence?"
Selon médias, politiques et autres sociologues, nous sommes cernés par la violence. Soit. Mais encore faut-il savoir de quelle violence on parle, et de quelle autre on ne parle pas. Malgré la multiplication des discours alarmistes, l'idée répandue d'une recrudescence de la violence est en effet loin d'être démontrée. Tout dépend des indicateurs. Aux chiffres, aux sondages, on peut toujours faire dire ce que l'on veut entendre ou faire entendre à des fins réactionnaires. Le vocabulaire utilisé est révélateur des manœuvres opérées. On parlera tantôt de bavure pour qualifier un homicide, tantôt on appellera premier stade de la violence toute réunion de sauvageons dans une cage d'escalier. Quant aux banlieues, assimilées à des ghettos, il serait temps selon d'éminents spécialistes d'en amorcer rien moins que la reconquête territoriale. Voilà comment on entretient un fantasme, et comment un gouvernement de gauche se réconcilie avec certaines idées extrémistes qu'il aurait désavouées il y a quelques années. L'insécurité ne règne pourtant pas forcément où on nous la montre. Les commissariats, les centres de rétention et les entreprises sont autant de zones de non-droit, où se multiplient agressions – morales ou physiques – et délits quotidiens que la justice passe sous silence de manière inadmissible. “ Un patron qui cause la mort d'un de ses employés par négligence est moins sanctionné qu'un voleur d'autoradio ”, résume un inspecteur du travail. Documents officiels et citations à l'appui, Sylvie Tissot et Pierre Tévanian rétablissent l'équilibre entre le bourrage de crâne et le non-dit.
" Pour durcir la répression sans paraître réactionnaire ou antirépublicain, il est indispensable d'invoquer une “ augmentation sans précédent” de la violence : on peut alors prétendre que la législation ancienne est devenue “ inadaptée”, et qu'il faut la “moderniser”. Cela donne un discours curieux, à la fois moderniste et passéiste. […] Pour résumer, la gauche nous dit aujourd'hui : puisque tout fout le camp, il faut absolument, pour limiter les dégâts, “moderniser” notre appareil répressif. "
Sylvie Tissot, Pierre Tévanian (extrait de Stop quelle violence)