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mohammed6 a alger:une visite pour quoi faire??
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23 mars 2005 11:55
La participation de Mohammed VI au sommet de la Ligue arabe, à Alger, le 22 mars, laisse-t-elle espérer un réchauffement des relations entre les deux pays ? Rien n'est moins sûr.

Un simple communiqué du Palais royal de Rabat, à l'issue de l'audience accordée, le 15 février, par Mohammed VI à Abdelkader Bensalah, président du Sénat algérien, a soulevé un vent d'optimisme en laissant entrevoir un espoir de réchauffement dans les relations entre l'Algérie et le Maroc. Le souverain marocain annonce sa participation au sommet de la Ligue arabe, prévu les 22 et 23 mars à Alger. Que le chef d'État d'un pays arabe fasse part de son intention d'assister à un sommet arabe n'a rien d'exceptionnel. Mais, s'agissant de la présence du roi du Maroc dans la capitale algérienne (la dernière date de 1991, feu Hassan II était venu à Alger à l'occasion d'un... sommet de la Ligue arabe), l'événement est d'importance. La raison ? Le Sahara occidental, ce bout de désert dont la souveraineté revendiquée par le Maroc depuis 1974 est contestée par les indépendantistes du Front Polisario, soutenus par Alger. Les Nations unies ont prévu l'organisation d'un référendum d'autodétermination. Le gouvernement marocain et les indépendantistes en ont accepté le principe, et un cessez-le-feu entre les forces armées royales et les combattants du Polisario est intervenu en 1991.
Trois lustres plus tard, la situation est toujours dans l'impasse. Si le cessez-le-feu est toujours en vigueur, le référendum s'est révélé impossible à organiser. Les autorités de Rabat insistent pour que la consultation soit un scrutin confirmatif de la « marocanité » du territoire. Quant aux indépendantistes, ils ne jurent que par « l'autodétermination du peuple sahraoui ».

Ayant réussi à « refiler » le dossier aux instances internationales, Alger, pour sa part, s'en lave les mains. Les Marocains crient au « juridisme malsain », affirmant que seule une négociation directe entre les deux gouvernements est à même de trouver « une solution politique », tandis que les diplomates algériens répètent à l'envi : « L'affaire du Sahara n'est pas une question bilatérale et, si l'on devait aborder les relations entre les deux pays, il y a bien d'autres dossiers en souffrance. »

Le premier est lié à la circulation des personnes. L'Algérie et le Maroc sont les deux seuls États du continent africain à ne pas appliquer la réciprocité en matière de visa de séjour. En août 1994, un attentat islamiste frappe l'hôtel Asni de Marrakech, tuant deux touristes espagnols. Driss Basri, alors ministre de l'Intérieur, accuse les services secrets algériens d'en être les commanditaires et impose le visa aux Algériens. La réaction d'Alger ne tarde pas : réciprocité en matière de visa et fermeture des frontières terrestres. Cette dernière décision est une catastrophe économique pour le Maroc oriental qui vit en grande partie des échanges entre les deux pays.

Dix ans plus tard, le 30 juillet 2004, le nouveau souverain marocain décide de lever l'obligation de visa pour les Algériens. Fureur du président Bouteflika : Mohammed VI ne l'a pas consulté. Résultat, pas de réciprocité. Quant à la réouverture des frontières, elle est renvoyée aux calendes grecques.

Bruxelles, Paris et Washington font pression sur les deux capitales pour régler le contentieux. Tour à tour, l'Égyptien Hosni Moubarak, le Saoudien Abdallah Ibn Abdelaziz et le Français Jacques Chirac tentent une médiation. En vain. Alger et Rabat campent sur leurs positions. Abderrahmane Youssoufi, ex-Premier ministre marocain et ancien avocat du FLN (Front de libération nationale), demande la réouverture des frontières terrestres. Le gouvernement algérien affirme n'y voir aucun inconvénient pour peu que tous les problèmes soient traités par une commission mixte. Principaux points d'achoppement, le trafic de cannabis dans un sens et celui du carburant dans l'autre.

C'est donc dans ce contexte qu'intervient l'annonce de la participation au sommet d'Alger du souverain alaouite. Une rencontre entre les deux chefs d'État peut-elle constituer un espoir de réchauffement ? Oui, si l'on s'en tient aux quelques signes positifs ayant précédé cette annonce. Début février, une nouvelle desserte aérienne entre Casablanca et Oran est inaugurée. Dans la foulée, le gouvernement marocain rend publics les chiffres du commerce extérieur du royaume. La modestie des échanges algéro-marocains (140 millions de dollars) est largement commentée par la presse algérienne. Une délégation du patronat algérien se rend à Rabat afin d'étudier les moyens d'augmenter le volume des échanges.

Le pragmatisme a-t-il pris le dessus sur les réactions passionnelles ? Les revirements des gouvernants ont été trop nombreux par le passé pour inciter à un optimisme béat. Au Maroc, on n'y croit plus. La portée de la participation du souverain à la réunion d'Alger, même s'il était absent des deux précédents sommets de la Ligue arabe (à Amman en 2003 et à Tunis en 2004), est relativisée. « Tant que les Algériens nous mettront des bâtons dans les roues dans le dossier du Sahara, il n'y aura pas d'évolution », précise-t-on à Rabat.

À Alger, la visite de Mohammed VI est présentée comme un succès diplomatique par le pouvoir, qui tient à la réussite de « son » sommet. La rue, elle, est surtout curieuse de voir dans quelles conditions le souverain marocain séjournera dans la capitale. Elle a encore en mémoire la visite de Hassan II en 1991. Le roi avait préféré rester dans le Marrakech, un ferry affrété pour l'occasion.





 
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