Menu
Connexion Yabiladies Ramadan Radio Forum News
PORTRAIT : Mourad Mazouz, 39 ans.
O
2 avril 2006 03:11
Mourad Mazouz, 39 ans. Berbère parisien, il a fait fortune à Londres avec le Momo's, un restaurant de couscous pour stars.

Il y a Mourad et il y a Momo. Tous les jours, ils se croisent. Parfois, ils sont le même homme. Parfois, non. Mourad est un beau gars, qui a fait fortune à Londres en faisant le beur. Riche du succès foudroyant de son restaurant de couscous, le Momo's, il ouvre dans la capitale britannique un complexe de 2 500 mètres carrés. Nom de baptême du «bateau» : Sketch. En anglais : croquis, esquisse, griffonnage, comme on voudra. Londres n'aura jamais vu cela, promet son entourage : brasserie, restaurant, salon de thé, pâtisserie, galerie d'art vidéo... Toute la partie restauration sera conçue par le plus inventif des cuisiniers français, Pierre Gagnaire...

Inutile de dire que Mourad aurait les moyens de parader en costume Armani au volant d'une décapotable rouge. Momo, lui, n'est pas d'accord. Il préfère garder un look décontracté, se déplacer en scooter, louer un appartement, ou, mieux encore, loger chez des copains que de posséder une maison. Momo, c'est un jeune Berbère, poussé comme une herbe folle à Alger, parti à Paris, reparti ailleurs et ailleurs encore, revenant à Paris pour, finalement, rencontrer un écho inattendu à Londres. Qu'il dit «ne pas comprendre», prenant l'air ahuri de celui qui, effectivement, a le sentiment que ce succès le dépasse. Et faisant la moue de celui qui n'est pas sûr d'apprécier. Car Momo n'est pas sûr d'aimer Mourad. Ce qui fait que, tous les deux, ils ont une vie un peu compliquée. «Je ne suis pas drivé par l'argent», souffle-t-il, d'un air sincère... quand son alter ego engage seize millions d'euros pour épater l'Angleterre. «Il n'a pas le goût du gain. Il a envie de construire», commente le comédien Smaïn, en soulignant le «désir de revanche» des enfants d'Algérie.

Mourad est tout en ambition, Momo tout en séduction. Son personnel forme une bande de copains. Il tutoie ses 110 employés (270 à l'ouverture du Sketch) et les appelle par leur prénom. Son ancien bras droit, Stuart Goldman : «Un jour, une ancienne employée est venue en larmes, la veille de l'expulsion de son appartement. Le lendemain, Momo lui prêtait la somme nécessaire. Qu'il n'était pas du tout sûr de revoir.» Cela n'empêche pas Mourad d'avoir l'oeil à tout et de réprimander, à l'occasion, un employé un brin négligent. «Si j'avais un pépin, il me prêterait sans sourciller 15 000 euros, témoigne un de ses collaborateurs. Mais si je réclamais une petite augmentation, il me dirait non.» Momo et Mourad, toujours...

Ce mélange de soif de réussir et de fragilité, Momo le doit sans doute aux complications de la vie. Il est né en 1962, au lendemain de l'indépendance de l'Algérie, dans l'anfractuosité d'un couple franco-algérien. Les parents se sont séparés. Il avait 7 ans, le père l'a gardé en Algérie, la mère n'a rien dit. Il ne l'a plus revue de toute son enfance. Encore aujourd'hui, il n'aime pas parler de cette part d'enfance volée. De toute manière, des rues d'Alger, il garde l'orgueil du garçon qui ne trahit pas ses sentiments... Il passe l'année scolaire à Alger, au lycée Descartes, et l'été dans l'atmosphère chaleureuse de la Kabylie, où les enfants dorment sur des matelas posés à terre. Chaque carte postale de la mère est une fête. A quinze ans, il revient à Paris retrouver la reine absente de sa vie. Qu'il ne connaît pas, qu'il ne reconnaît pas. Elle vit à Ivry, remariée à Robert, chauffeur de taxi. «J'ai trouvé deux étrangers», souffle-t-il. Alors, l'enfant rebelle découche. A seize ans, il fait des ménages la nuit dans les bureaux, ou expérimente sa tchatche en vendant des calendriers de porte à porte. Premiers pourboires comme garçon de café. Pour ne pas faire trop arabe, il prend un pseudo : Xavier. Le prénom que sa mère aurait aimé lui donner. Chaque nuit, il sort en boîte, se liant d'amitié avec les autres beurs et les séfarades. Un soir, au Kilt, il rencontre Smaïn. Ils ne se lâchent plus. A 18 ans, ils partagent une chambre de bonne. Aujourd'hui qu'ils se sont éloignés l'un de l'autre, Smaïn dit de lui : «Momo est le sirocco et le mistral. Il est un melting- pot à lui seul.»Ê

Momo a une âme de voyageur et un coeur d'artichaut. A vingt ans, rompant avec sa compagne, il saute dans le premier avion venu. Fait un tour du monde pour se retrouver à Los Angeles. Retour à Paris pour une année, toujours dans la communication. Il s'occupe notamment du spectacle de Smaïn, devenu une célébrité.

A 24 ans, nouvelle rupture sentimentale. Nouveau départ. Californie, Caraïbes, Bali. Retour à Paris, toujours comme garçon de café. Aux Coste et autres clients, il annonce : «Un jour, j'ouvrirai mon café.» Ils rigolent. Le Bascou, sympathique bistrot près de la République, est à vendre. Smaïn lui avance une bonne partie des fonds. Puis, l'aide à ouvrir le 404, un couscous branché, dans le Marais. Il n'a pas d'argent pour décorer : le minimalisme séduit.

L'amour, encore, le conduit à Londres. Dans une ruelle à poubelles du centre, il ouvre un restaurant d'inspiration marocaine. Il pense l'appeler 404. Ce sera Momo's. Le Maghrébin étonne le Londonien. Une cuisine inconnue, une ambiance décontractée qui s'affiche «familiale», un accueil spontané, un désordre très frenchy. Pour l'ouverture, il demande à une quinzaine de potes d'inviter chacun 15 ou 20 personnes. Pas de liste d'invités, pas de cerbères. La cave est vidée la nuit de la fête, ce qui posera quelques problèmes pour servir les clients le lendemain...

La semaine suivante, un des participants appelle : «Madonna veut réserver le restaurant.» La folie des stars fait le reste. Les limousines affluent dans l'impasse crado, devenue soudain pimpante. Il faut chasser les paparazzi, qui font le pied de grue pour débusquer Tom Cruise, Nicole Kidman, Naomi Campbell ou Kate Moss. La clientèle se fait tellement pressante qu'il faut ouvrir un salon en sous-sol, où se produisent les orchestres berbères, et un salon de thé-brocante. Mourad sort trois compiles de raï et musique africaine et un livre de recettes, qui sera publié en France en septembre. Il dit «adorer mélanger les genres, les races, les couleurs». Affiche, au-dessus du bar, en arabe, la première phrase de la déclaration universelle des droits de l'homme. Démago ? Pas sûr. Un investisseur a mis seize millions d'euros sur la table pour qu'il ouvre six restaurants au Moyen-Orient. Mourad était intrigué. Momo a dit non. Stuart a sa version : «Il a jeté un oeil sur la carte ; il s'est dit : "Merde, aucun de mes potes juifs ne pourra jamais venir !" Il a laissé tomber.» L'investisseur était un des frères Ben Laden.

Aujourd'hui qu'il porte ce projet du Sketch, Momo est plus que jamais habité par le doute. Un soir de virée, il confie : «Si cela foire, je perds tout... Je m'en fous.» Frimeur ou sérieux ? «Il me restera toujours mon 404... Mon île à moi.» Où il pourrait redevenir tout entier Momo ?.


[www.pierregagnaire.com]

[www.lexpress.fr]

[www.crazy-up.com]

[www.sketch.uk.com]#
S
2 avril 2006 14:12
Un seul mot: BRAVO
a
2 avril 2006 14:22
C'est un Algérien .

Je viens de lire le texte. C'est bien pour lui. Je lui souhaite réussite.

Rachid
O
2 avril 2006 22:48
J'ai eu l'occasion de sortir boire un verre dans ces lieux (au Skecth et manger au resto chez momo's), la note fait un peu mal mais le lieu est vraiment sublime. La déco du resto et purement marocaine ainsi que la nouriture. En revanche la deco du Sketch est trés moderne avec une gallerie d'artiste à l'intérieur qui vaut le détour.

Bref,


Des concepts de lieux trés sympathique avec une bonne ambiance, autrement dit si vous avez l'occasion d'aller à Londres, n'hésiter pas à faire un détour.
f
3 avril 2006 09:29
c est super ça !

alf mabrouk !!!
 
Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com
Facebook