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La «hizbomania» s'empare du champ politique national

Avant même la promulgation de la nouvelle loi sur les partis, une course contre la montre s'est engagée pour la création de cinq nouveaux partis.

En effet, ces derniers mois, les annonces sont tombées les unes après les autres «élargissant le spectre» du champ politique national. Ainsi, des transfuges du FFD de Thami El khyari conduit par son ancien directeur de cabinet au ministère de la Santé, Chakib Bensouda, se sont constitués en parti politique qu'ils ont appelé «Vigilance».

Une appellation qui a été à l'origine d'un litige avec un nouveau venu, le Parti de la vigilance et de la vertu de Mohamed El Khalid, en rupture de ban avec les islamistes du PJD. Les deux parties qui réclament la paternité de l'appellation «vigilance» n'ont pas encore trouvé un terrain d'entente.

Et c'est justement cette entente qui n'est plus de mise entre l'Union Constitutionnelle et l'ancien ministre et ambassadeur Abdallah Azmani qui est rentré en dissidence avec l'UC depuis plusieurs mois déjà. Dans ce sens, celui-ci et des membres du parti ont décidé de créer leur propre parti.

Un autre ancien ministre a lui aussi décidé de mettre la main «au cambouis ». Abdelkrim Benatik qui a longtemps milité au sein de l'USFP et de la CDT s'est mis en retrait du parti socialiste depuis qu'il n'occupe plus de fonction ministérielle. Avec d'autres militants issus de la même formation politique, il a annoncé la naissance du parti ouvrier marocain, appelé, selon ses promoteurs, à apporter un renouveau à la vie politique nationale.

Cette floraison de nouveaux partis se fait dans la perspective des prochaines échéances électorales. D'après Mohamed Darif, politologue et spécialiste des partis politiques, le phénomène n'est pas tout à fait nouveau dans le Royaume.

«Il est vrai que depuis l'alternance, la cadence de la création des partis s'est beaucoup accélérée. Rien qu'en 2002, nous avons assisté à l'apparition de 11 nouveaux partis. Toutefois, il ne faut pas voir cela comme une balkanisation ou un affaiblissement du champ politique», explique Mohamed Darif avant d'ajouter que le Maroc vit une dynamique politique qui se matérialise par une volonté de nouvelles élites à accéder à un champ jusque-là totalement verrouillé par les anciennes générations.

Mais ne risque-t-on pas d'assister à la multiplication de «petites officines» ou de «hizbicules» sans réel impact sur les électeurs et qui risquent de brouiller encore plus les identités politiques ? Si l'on se réfère aux anciens précédents, la réponse est plutôt oui. «Cependant, la nouvelle loi sur les partis qui n'est pas venue pour diminuer les nouvelles créations profite quand même aux grands partis à qui elle donne un avantage certain», conclut Mohamed Darif.

Il faut signaler enfin que tous les partis créés ces dernières années se sont révélés souvent de simples " déclarations d'intention ", incapables de mobiliser les électeurs et de présenter des programmes clairs et rénovateurs. De là à dire que ces " hizbicules " ne sont que des écuries fondées pour la course aux deniers publics, il n'y a qu'un pas que plusieurs électeurs, sceptiques, n'hésitent pas à franchir avec assurance.

Karim Douichi
Source : Le Matin

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