Les tracas d'un jeune marocain rapatrié des Pays-Bas

Actuellement, il passe son temps à courir dans tous les sens et à frapper à toutes les portes ( ambassade, ministère, associations…) pour faire valoir ses droits et obtenir réparation auprès de ceux qui étaient à l'origine de ses malheurs. Désemparé et presque perdu, il lance un appel de détresse aux responsables pour s'intéresser à son cas. Car selon lui, ce qui lui est arrivé, peut arriver à n'importe quel Marocain établi à l'étranger.

Selouani a immigré aux pays bas au début des années 90.
Il s'y est établi en toute légalité et a pu gagner l'estime de ses compatriotes et de beaucoup de Hollandais. Son sérieux et la qualité de son travail étaient sa "meilleure protection contre une société pas très tolérante vis à vis des étrangers notamment ceux en provenance des pays du sud " dit-il.
Mais son cauchemar a commencé le jour où il a eu maille à partir avec son patron.

Très vite, l'affaire est portée devant le tribunal. Il engage deux avocats. "Mais, au lieu de me défendre, ils m'ont fait perdre mon temps. L'affaire traînait et cela a éveillé mes doutes. Ainsi, je n'ai rien pu obtenir de mon employeur. Après j'ai fini par comprendre qu'ils ne voulaient pas que moi, marocain immigré, je gagne mon procès contre un hollandais. Leur mauvaise foi était avérée " explique-t-il.

Pour mieux défendre ses droits légitimes, Selouani engage deux nouveaux avocats. Le premier pour le défendre contre son employeur et le second contre les deux premiers avocats.

Les nouveaux avocats, après avoir étudié les deux affaires ont jugé qu'à tous les égards sa cause était plus que défendable. Mais, encore une fois, l'infortune va contrecarrer les projets du Marocain. "Les événements du 11 septembre se produisent aux Etats Unis. Et du coup, les sentiments de xénophobie se sont exacerbés en Europe et les comportements racistes devenaient monnaie courante. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, mes papiers de résidence expirent.

Là, commence un nouveau combat. Les autorités néerlandaises ont tout fait pour que je ne puisse pas renouveler mon permis de séjour et pourtant je vivais en toute légalité dans ce pays européen.

Elles m'ont même fait chanter en me demandant de laisser tomber le procès intenté à mon employeur contre mes papiers de séjour. Mais bien sûr, j'ai refusé. Résultat, j'ai été expulsé vers le Maroc sans ménagement et sans le moindre sou. Tous mes biens et mes richesses sont restés là-bas.

Jusqu'à maintenant je ne sais quoi faire pour les récupérer et pourtant j'ai gagné mon argent à la sueur de mon front ".

Refoulé au Maroc dans des conditions inhumaines, Selouani n'a pas cessé de réclamer son droit, auprès de l'ambassade et auprès du ministère des affaires étrangères.

Mais en vain. Personne ne voulait l'écouter : "Pour le ministère des affaires étrangères, je suis une source de gêne qui risque de créer un incident diplomatique et pour l'ambassade de Hollande je suis ne simple demandeur de visa qui ne remplit pas toutes les conditions nécessaires pour être accepté sur le territoire hollandais. J'ai contacté plusieurs associations de défenses des droits de l'homme, le CCDH, l'AMD… mais mes appels sont tombés dans l'oreille d'un sourd".

Selouani perd petit à petit l'espoir de retrouver un jour ses biens. Mais ce n'est pas tant cela qui lui fait mal, c'est plutôt l'indifférence des responsables Marocains. " on ne s'intéresse aux immigrés que quand rapportent de l'argent et quand ils ont le moindre problème, on rechigne à les défendre et ils sont livrés à eux-même. C'est malheureux " dit-il sur un ton désabusé.

Abdelwahed Rmiche
Source : Le Matin