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France: le ras-le-bol des médecins étrangers

Leurs salaires sont largement inférieurs à ceux de leurs pairs français. Ils ont fait grève pendant trois jours.


Ce matin, ils ont repris le travail. Après trois jours de grève. Un mouvement comme ils en ont souvent mené, sans beaucoup d'éclat mais avec toujours un même sentiment d'injustice. Quelque 6 000 médecins étrangers ou titulaires d'un diplôme hors Union européenne ont été ainsi appelés à arrêter le travail du 23 au 25 décembre «pour obtenir leur reconnaissance comme professionnels à part entière afin de ne plus exercer sous des statuts précaires, avec des rémunérations moindres».

Ce mouvement n'a pas franchement perturbé la vie des hôpitaux, où ils assurent pourtant un grand nombre de gardes au moment de Noël. «Beaucoup ont été mis dans l'obligation de travailler par la direction du fait qu'en cette période on ne peut pas trouver de remplaçants facilement», a expliqué Talal Annani, président du Syndicat national des praticiens à diplômes hors Union européenne (SNPadhue), l'un des trois syndicats à l'origine du mouvement.

Même travail. Ces praticiens à diplôme hors Union européenne (Padhue) ont toujours la même raison d'être en colère. Ils protestent contre leurs différences de statut (médecin attaché associé ou faisant fonction d'interne...) par rapport aux médecins français titulaires, qui se traduisent par des rémunérations inférieures. Les urgentistes de l'Amuhf (Association des médecins urgentistes hospitaliers de France) qui soutiennent leur mouvement, évoquent un salaire moyen de 2 213 euros pour un praticien adjoint contractuel contre 3 945 euros pour un praticien hospitalier. Et cela alors qu'ils font exactement le même travail. Bien souvent, ils évitent la fermeture de certains services qui ne pourraient tourner sans eux.

Autre revendication : leur inscription à l'Ordre des médecins, ce qui passe par la réussite à un concours, la nouvelle procédure d'autorisation (Npa). La Direction de l'hospitalisation et de la santé a indiqué que «le concours 2005-2006 est ouvert aux 41 spécialités médicales, offrant 599 postes». «La Npa est une procédure pour réguler le flux des médecins entrant en France. Le problème, c'est que nous sommes entrés il y a dix ans ! C'est occulter toute l'expérience et les services rendus en France», proteste Elisabeth Sow Dione, présidente de l'Association des médecins français à diplôme extracommunautaire.

«Eviter la désertion». Comme elle, certains ont fait une grande partie de leurs études en France : «Je suis venue en France dans le cadre d'une convention entre les universités françaises et sénégalaises. Je suis arrivée en troisième année de médecine, avec des équivalences. J'ai fait des études jusqu'à la thèse en France. Je n'ai jamais exercé au Sénégal. Si la France ne reconnaît pas ses propres formations, où va-t-on» ? s'interroge-t-elle. «Le ministère craint qu'on aille dans le privé une fois inscrits à l'Ordre des médecins», ajoute ce médecin infectiologue qui rappelle que ceux qui sont reçus au NPA «se sont engagés à rester entre trois et cinq ans dans l'hôpital public pour éviter la désertion». Ce week-end, SOS Racisme a demandé à l'Etat de prendre ses «responsabilités» en matière de discrimination. «La situation des médecins étrangers est emblématique de réalités qui viennent miner la crédibilité du discours de la République dans sa volonté affichée de mettre à bas les discriminations.»

Source: Libération & AFP

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