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Troussier, la belle et la bête...

Mais quelle mouche a donc piqué M. Philippe Troussier pour se faire médiatiser de manière négative et à la plus grande échelle, au Maroc ?

On n'est jamais allé aussi loin en matière de provocation, ni Badou Zaki, qui n'avait pas bonne presse, ni Abdelkhalek Louzani, ni Abdellah Blinda, ni Henri Michel, personne n'a jamais osé ce qu'a réussi M. Philippe Troussier, en un temps record.

Il est vrai que seul José Mehdi Faria reste l'entraîneur exemplaire, le modèle en matière de relations coaches-médias, lui qui reste en tête de tous les entraîneurs, aussi bien par son comportement que par ses réalisations en Coupe du Monde 1986.

En cette fin d'année 2005 et alors qu'on approche les 20 ans de l'exploit historique des Lions de l'Atlas, au deuxième mondial mexicain, Philippe Troussier a choisi, lui, la manière forte pour casser la baraque et déstabiliser l'équipe nationale, à 18 jours de la CAN en Egypte!

On nous assure que Philippe Troussier veut jeter l'éponge, en chargeant une fédération qui, à son avis, ne fait rien pour une véritable préparation de la CAN 2006.

Pourtant, la FRMF prétend avoir donné tous les moyens à Troussier, que ce soit en lui versant son salaire ou en couvrant le stage tenu en France, avec des vacataires et un personnel choisi par le successeur de Badou Zaki.

Mais là où Philippe Troussier a été contré, c'est pour le stage de concentration qui devait se dérouler, selon le v¦u de Troussier au Qatar, mais qui a été changé au profit de l'Arabie Saoudite, par la FRMF, qui a passé un contrat avec l'Arabie, qui devait prendre en charge le stage des Lions de l'Atlas, avant la CAN d'Egypte, en échange d'un match amical Arabie-Saoudite- Maroc.

Philippe Troussier a refusé et réclamé le maintien de la concentration au Qatar, aux frais de la FRMF.
Et c'est certainement la goutte qui a fait déborder le vase, avec l'annulation sans préavis de la conférence de presse de mercredi, annoncée pourtant par communiqué par le Directeur général Mohamed Horrane, au nom de la FRMF.

Selon Troussier la FRMF n'est pas organisée et, en le constatant, il ne fait que rejoindre un Badou Zaki, voire même d'autres entraîneurs, salariés et contractuels, qui n'ont pas hésité à cracher sur leur employeur: la FRMF.

Merci, on a rarement vu des entraîneurs agir de cette manière-là, en un temps record dans le cas de M. Philippe Troussier, qui n'a encore rien fait pour préparer la CAN 2006 en Egypte et qui laisse le Maroc sans équipe à presque deux semaines de l'échéance continentale, à un moment où Chemmakh reprend à peine la compétition, où Safri est blessé et Hadji rétrogradé en division amateur...

C'est vraiment irresponsable et ce quelle que soit la cause invoquée par le coach Troussier, chargé et payé non pour refaire le monde par cet affront lancé à la FRMF et destiné, à l'en croire, à restructurer le football marocain, un football en crise, un football précarisé, certes, mais ce football minable devrait être réformé, non par un salarié de la FRMF, à quelque échelon que ce soit, mais par les politiques, les institutions sportives et la collectivité footbalistique nationale.

M. Philippe Troussier a été chèrement payé pour faire une seule chose: préparer les Lions de l'Atlas pour la CAN 2006.
Et la FRMF a été on ne peut plus indulgente avec le cadre français, puisqu'il devait disputer la CAN, sans être jugé sur les résultats et travailler dans la perspective 2008 et 2010 !
Plus sympa que la FRMF, tu crèves !!

Nous, on a dénoncé et rappelé que la FRMF n'avait pas le droit de banaliser la CAN 2006 en Egypte, surtout après notre élimination scandaleuse en Coupe du Monde, mais voilà que M.Troussier jette tout par dessus-bord et s'en prend à ses employeurs, mis dans de sales draps et contraints de l'interpeller pour le rappeler à l'ordre, à l'occasion de la réunion tenue mercredi et qui devait déboucher sur un carton jaune, voire même sur la séparation.

Séparation à l'amiable, séparation unilatérale ou réconciliation ?
On ne sait si la réconciliation va régler quoi que ce soit, dans cette histoire où Philippe Troussier a prouvé qu'on pouvait se payer la tête de la FRMF, en lui imposant un contrat et des conditions draconiennes, pour l'acculer, ensuite, à la séparation en un temps record.

Autrement dit, Philippe Troussier sera gagnant quelle que soit l'issue de cette histoire, tandis que la FRMF va encore se faire plumer, sans avoir réussi à trouver the right coach in the right place !

Franchement, c'est à vous dégoûter de la CAN et du football, et cette histoire des entraîneurs devrait faire l'objet d'une enquête à part, car qui est derrière le recrutement de Troussier, comme hier de Badou Zaki, de Cohelo, de Kasperczak et d'autres encore qui ont pompé l'équivalent de l'argent de la mise à niveau annoncée et a priori avortée, souvent et tout le temps sans résultat.

Mais contrairement à M. Philippe Troussier, ses prédécesseurs se sont mis au service de leur employeur, en ratant le coche certes, mais en étant les auteurs d'un travail.

Un travail et un bilan négatifs, il est vrai, mais quel est le bilan de M. Troussier, qui a eu le tort, mercredi, de se prendre pour le patron du football national et d'envoyer balader la presse pour prendre un gros risque: se la mettre gratuitement à dos et ajouter à une confusion générale où il n'est pas toujours bon de jouer au Don Quichotte.

Mais s'inspirer de Cervantes, cela se mérite, que ce soit du côté de l'entraîneur ou de son employeur, à un moment où il est plus facile de faire dans la démagogie et le populisme, que d'être moderne et rationnel pour exiger le professionnalisme.

Avec la bourde du mercredi, c'est le professionnalisme qui prend un sale coup et nous accule à sombrer dans l'obscurantisme, qui désert les cadres étrangers, dont le Maroc a toujours besoin et qui seront toujours bien accueillis au pays de Fontaine et de Marcel Cerdan!

Belaid Bouimid
Source : Al Bayane

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