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Les législatives de 2007 et les RME

Il n’est certes pas concevable de prétendre à une exhaustivité, en restreignant les Marocains, résidant à l’étranger, à une population sociologiquement homogène et uniforme.

Certaines analyses biaisées par des raccourcis de nationalité ou d’origine communes, peuvent fausser l’établissement de dialogues et d’échanges égalitaires, entre cette population et son pays d’origine.

De par les périodes d’immigration et les contextes différenciés qui les ont marqués, ces immigrés ne sont pas dépositaires des mêmes vécus et des mêmes aspirations. Les premières grandes vagues d’immigration des années 50 concernaient des ouvriers et de la main d’œuvre qualifiée destinés à la reconstruction de l’Europe. Leur présence s’y est envisagée comme transitoire et relevant du conjoncturel.

Le retour au pays était une conviction qui déviait de toute perspective d’installation en Europe. L’identité, espace d’enracinement intérieur, côtoyait les « dissemblances» de l’espace d’ailleurs, celui de l’accueil mais sans toutefois s’en encombrer. La culture d’origine restait prédominante et structurait l’imaginaire de cette première génération d’immigrés.

Ces caractéristiques ont trouvé leur corrélat dans un travail associatif organisé autour du renforcement du lien avec l’espace d’origine, autour de la «réimpression» de sa culture et de son maintien par le regroupement, le « festif », le religieux, et l’entraide favorisant le raffermissement psychologique.

Les espérances déçues du développement du pays d’origine, la crise économique et les changements mondiaux ont vite recomposé et reconsidéré les liens entre ces immigrés et leur espace d’accueil. Ils s’y sont installés et y ont fondé des familles.

L’école, la rue la vie en société européenne ont inculqué aux enfants, d’autres référentiels et d’autres repères que ceux de la culture d’origine, transmise par les parents. Les ingrédients de la crise d’identité se fortifiaient prenant appui sur les antagonismes des deux cultures, attisés par des phénomènes d’incompréhension, de discrimination et de malaises sociaux.

Le pendant associatif à cette époque était l’implication sur le terrain, l’organisation en fédérations et regroupements pour la conquête de nouveaux droits. Il ne suffisait pas de faire valoir sa culture, mais aussi de faire valoir ses droits et ses acquis. La politique a investi, de surcroît, ce milieu pour en faire un prolongement idéologique et logistique.

La génération actuelle s’est affranchi de ces antagonismes et se considère « Franco-Marocaine », « Belgo-Marocaine » ... Elle assume sa double culture et la considère comme une richesse à cultiver pour appréhender les différentes expériences de la vie. Attachée au Maroc par des liens indéfectibles, elle veut contribuer à l’essor et au développement de ce pays.

Il en va de même pour les pays européens d’accueil où elle a soif d’investir tous les domaines, qu’ils soient politiques, économiques ou sociaux afin de mettre en pratique son entière citoyenneté.

La rupture avec les modèles existant, l’enracinement dans le pragmatisme et l’entreprenariat, la volonté de réhabiliter les notions de responsabilité et d’engagement sont les caractéristiques de cette génération, issue de la déception des modèles politiques et associatifs existant.

Il est évident, comme le confirment les sondages réalisés en France, notamment par le site Yabiladi.com, que la récente décision royale, inhérente au vote et à la représentation des Marocains de l’étranger, génère de l’espoir et de l’enthousiasme chez cette génération, motivée par la démocratisation progressive du Maroc.

Ses talents et ses compétences pourront s’adjoindre à d’autres, pour construire, dans l’unité, le Maroc dont elle rêve : un Maroc dynamique, ouvert et riche de ses différents atouts.

En effet, Il était inopportun d’élaborer des politiques à destination de ces ressortissants vivant à l’étranger, sans les y impliquer ou recueillir directement et sans intermédiations leurs attentes. Répondre à une multiplicité de leurs aspirations par des événements conjoncturels, comme lors du retour au pays, est obsolète et nécessite une nouvelle approche participative.

De la manière dont se dérouleront ces élections, de la dimension éthique et de l’esprit de rassemblement élargi à toutes les forces vives qu’elles requièrent, découlera le message politique à destination de ces jeunes qui veulent prendre part au développement de leur pays. Chose légitime. La démocratie est dans l’alternance et dans le renouvellement des talents au service d’un seul objectif: contribuer avec passion à la construction du nouveau Maroc.

Khadija Gamraoui, Conseillère auprès du Ministère des PME-PMI
Mounir FERRAM, Enseignant chercheur universitaire

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