La ville de Fès renforce ses liens avec Amsterdam

«L’ambiance de la médina de Fès s’exporte à Amsterdam. Mais cela n’a rien à voir avec la vraie médina; c’est juste une incitation à y aller vous-même pour admirer cette ville. Fès, une des quatre villes impériales du Maroc, est un exemple pour Amsterdam». Les propos sont de Wieb Broekhuijsen, directrice du Tropentheater. C’était à l’occasion de l’ouverture de la minimédina. Laquelle a été reconstituée et mise en scène sous forme de petites boutiques, qui représentent une quinzaine de corps de métiers artisanaux: tapis, poterie, instruments de musique, argenterie, broderie, produits naturels...

«C’est le meilleur moyen de promouvoir notre culture et la destination Fès », indique Abdelhay Belghazi, vice-président du CRT. Une culture qui est apparemment très appréciée par Job Cohen, maire de la ville d’Amsterdam. Ce dernier a annoncé sa visite prochaine dans la capitale spirituelle. Au-delà d’une visite, Hamid Chabat, président du Conseil de la Ville de Fès, a proposé au maire néerlandais l’élaboration d’un accord de partenariat. A ce propos, une réunion de travail élargie s’est tenue avec les membres du service chargé des relations internationales.

Pour Chabat, Fès est particulièrement intéressée par une assistance d’Amsterdam dans l’animation culturelle et le design de l’artisanat. D’autant plus que la Hollande est réputée pour ses designers. «Leur expérience pourrait être d’un grand apport également pour le développement d’engins de transport et de secours adaptés pour la circulation à l’ancienne», souligne Chabat. Même son de cloche auprès de Mohammed Lâaraqui, premier vice-président du Conseil et chargé des relations internationales. Selon lui, la coopération entre Fès et Amsterdam pourrait toucher le domaine des déplacements urbains. Fès a besoin d’un vrai coup de pouce en matière de transport en commun. A ce titre, les études de faisabilité pour la réalisation d’un plan de déplacement urbain (PDU) pour Fès sont déjà en cours grâce à un partenariat avec les villes de Strasbourg et de Montpellier. Les Néerlandais, eux, ne cachent pas leur volonté de passer à l’action dès à présent. Pour eux, il faut juste mettre en place les dispositions pour l’édification d’un partenariat solide, permanent et dynamique. A noter que la ville d’Amsterdam abrite quelque 70.000 Marocains.

Les pouvoirs publics ont entamé une politique rigoureuse à l’égard de l’intégration des immigrants, pour instaurer un dialogue entre les civilisations et les religions, en utilisant la culture comme vecteur. D’échanges culturels, il fut effectivement question lors des soirées-débats, organisées dans le Tropen Théâtre.
Des intellectuels de renom tels Kamal Berrada, Naïma Lahbil et Abdelhay Belghazi ont été les principaux artisans de cette mixité culturelle.

Un long chemin
Il n’existe pas de liaison aérienne directe entre Fès et Amsterdam. Pour atteindre l’aéroport d’Amsterdam, qui reçoit 40 millions de passagers par an, la délégation fassi a pris un vol régional à 6 heures du matin de l’aéroport de Fès-Saïss, puis un deuxième avion à 8h30 de Casablanca pour atteindre la destination après 3 heures de trajet. Les hôteliers fassis ont consacré à l’opération «de charme» près d’1 million de dirhams. La partie néerlandaise a soutenue ce projet à hauteur de 1,4 million de dirhams. Ces efforts seront inutiles tant qu’il n’y a pas de desserte directe entre Fès et la capitale des Pays-Bas. Pour ce qui est de la coopération intercommunale, et juste à titre d’information, la capitale spirituelle et Amsterdam sont deux villes d’1 million d’habitants. Or le budget de Fès est de 400 millions de dirhams et celui d’Amsterdam est de 7 milliards d’euros, soit 77.000 millions de DH (192,5 fois le budget de Fès).

Youness SAAD ALAMI
Source : L'Economiste