Menu

Chaîne Amazighe. Les raisons d'un long blocage.

La chaîne Tamazight n'émet toujours pas, alors que sa création remonte à plus d'un an. La polémique enfle. L'IRCAM dénonce le retard et la SNRT exige le budget pour commencer à travailler. Explications.

La chaîne amazighe de télévision refait parler d'elle. Après la validation de son Cahier des charges par la HACA, les membres du comité de soutien à la langue amazighe à la télévision se posent la question suivante : pourquoi la chaîne en tamazight tarde à voir le jour ? Le recteur de l'institut royal de la culture amazighe Ahmed Boukous déclare, dans ce sens, au Soir échos : «Cela fait quand même pas mal de temps que le cahier des charges a été validé et nous ne comprenons pas pourquoi elle n 'a pas encore vu le jour». Du côté de la SNRT chargée de la diffusion via satellite et TNT, le président-directeur général Fayçal Laraïchi donne sa version des faits. «Nous n'avons pas encore de date précise du lancement. Il faut savoir que le cahier des charges a été amendé et que le budget qui avait été proposé au départ doit être revu à la hausse». Selon ce responsable, c'est donc une question de financement. «La SNRT est un exécutant, une fois que nous aurons le budget, nous pourrons lancer l'opération d'achat des appareils, de recrutement et de formation des journalistes et animateurs», explique Fayçal Laraïchi. La SNRT ne fait qu'exécuter les orientations du ministère de la Commnication. Cette institution, sous la houlette de l'ancien ministre Nabil Benabdallah, est l'initiatrice de ce projet en 2007. C'est ainsi que plusieurs acteurs seront consultés : parmi eux, l'IRCAM et la SNRT. Une commission mixte composée de ces trois institutions (Ircam, SNRT et ministère)sera créée pour mettre en place toutes les modalités de réalisation du cahier des charges.

Finalement, la commission mixte s'était mise d'accord sur le nombre d'heures de diffusion qui était de 5 heures du lundi au vendredi et de 6 heures le week-end. Mais lors de l'étude du cahier des charges, la HACA a demandé la modification de plusieurs volets. La révision du nombre d'heures de diffusion est aussi l'une des principales demandes de la haute autorité. Ainsi, dans le nouveau cahier des charges, on retrouve 8 heures de plus par mois. La chaîne émettra ses programmes à raison de 6 heures par jour du lundi au vendredi et de 10 heures le samedi et le dimanche. Selon une source de l'IRCAM, l'une des raisons du retard est l'augmentation du budget de fonctionnement de la chaîne. «Fixé au départ à 168 millions de dirhams, le budget doit être augmenté en fonction du nombre d'heures de diffusion». Mais pour Fayçal Laraïchi, d'autres questions restent en suspens. La langue utilisée est aussi l'un des grands enjeux du moment. «Nous savons que cette chaîne sera généraliste, mais par ailleurs il faudrait qu'on sache quel est le dialecte amazigh avec lequel nous allons former les animateurs et les journalistes, si on privilégie un dialecte, nous allons nous attirer les foudres des autres». Le PDG de la SNRT a adressé une lettre à l'IRCAM dans laquelle il fait part de ses interrogations concernant la langue unifiée pour satisfaire tous les Amazighs. Ahmed Boukous répond que l'IRCAM est en train de travailler sur la langue unifiée et qu'elle n'est pas encore prête. Par ailleurs, il souligne qu'un certain nombre d'outils, dont un dictionnaire des médias et un lexique spécialisé, ont été élaborés. «Les principaux outils de la langue unifiée sont déjà prêts pour l'usage et nous en avons déjà fait une expérience réussie avec le journal télévisé en amazigh sur 2M», précise le recteur de l'IRCAM. Ahmed Boukous affirme également en passant que l'IRCAM a formé des journalistes de 2M à la langue amazighe et à la graphie tifinaghe. Autre précision de taille : «Il n'a jamais été question de faire de la langue unifiée le seul outil pour l'expression en tamazight», explique Ahmed Boukous. D'après le recteur de l'IRCAM, la diversité des dialectes amazighs sera ressentie à travers la télévision et c'est selon lui un élément positif. «Les journalistes et animateurs qui seront recrutés devront s 'exprimer dans leur propre dialecte, nous ne pouvons pas faire autrement». La question de langue pour L'IRCAM est donc résolue. Reste la question financière, qui constitue pour la SNRT un vrai frein au lancement de la chaîne. Cela fait presque deux ans que la SNRT loue le local dédié à la chaîne amazighe et les appels d'offres sont, d'après Fayçal Laraïchi, également prêts. Seul le budget ne suit pas.

Le complexe de la 7e


Lors du lancement de la septième chaîne il y a deux semaines, les protestations se sont multipliées. Ahmed Assid, membre du comité de soutien à la langue amazighe à la télévision est monté au créneau. Il avait d'ailleurs déclaré dans les colonnes du Soir échos : «C'est une injustice! C'est la chaîne amazighe qui devait être baptisée 7e chaîne nationale et non «AFLAM». C'est écrit noir sur blanc dans le cahier des charges de la chaîne amazighe». Cette déclaration n'a pas manqué de provoquer la colère du président de la SNRT, Fayçal Laraïchi. «C'est normal que la chaîne Aflam soit baptisée Assabiâa (7e), puisque tout le monde sait que le cinéma est aussi le 7e art». Le recteur de l'IRCAM, Ahmed Boukous clarifie et ajuste ces propos. «Dans le cahier des charges, il n'a jamais été question que la chaîne amazighe soit la septième chaîne». Cette polémique n'a donc pas lieu d'être.

Qods Chabâa
Source: Le Soir Echos

Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com