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Air Sénégal International : Le Sénégal prend les commandes



Le ministre des Transports Terrestres et des Transports Aériens Farba Senghor a tenu hier au Building Administratif un point de presse sur la situation d’Air Sénégal International et l’ASECNA. Il a déclaré d’abord que le Sénégal reprend la Compagnie Air-Sénégal International, et ensuite dénoncé le « contrat particulier » qui le lie à l’ASECNA dans le cadre de la gestion des aérodromes.

M. Farba Senghor, ministre des Transports Terrestres et des Transports Aériens a déclaré hier, au cours d’une conférence de presse, que le Sénégal va reprendre Air Sénégal International, la compagnie d’aviation qu’il avait avec le royaume du Maroc. « Il a été constaté que la gestion d’Air Sénégal International par la partie marocaine a enregistré une perte accumulée de plus de douze milliards de Francs CFA en fin 2005 et plus de onze milliards pour le seul exercice 2006. Cette perte est due essentiellement à des factures tardives de la Royal Air Maroc, des exercices précédents non provisionnés par Air Sénégal International, alors que les états financiers étaient régulièrement approuvés par le conseil d’administration », déclare Farba Senghor.

Il s’est rendu à Casablanca le 29 octobre dernier pour y rencontrer les autorités de la RAM (Royal Air Maroc) à l’effet de discuter de la situation financière actuelle d’Air Sénégal International et de son avenir dans la perspective de l’Assemblée Générale extraordinaire prévue le 1 novembre 2007 conformément aux normes de l’OHADA. Il y a que le déficit de la compagnie a atteint plus de la moitié du capital social. Farba Senghor a dit que la rencontre de Casablanca s’est déroulée dans un climat cordial et fraternel, « à la mesure des relations séculaires et multiformes qui lient les deux peuples, et l’amitié entre sa Majesté le Roi Mohamed VI et le président Abdoulaye Wade ».

Seulement, dira-t-il, en se basant sur les propositions marocaines faites par le président de la RAM, M. Idriss Benhima lors de la rencontre avec le président Wade au cours de la crise d’Air Sénégal International aux mois de mars-avril dernier, ayant conduit à une grève de 72 heures des travailleurs, le gouvernement du Sénégal a décidé de reprendre entièrement ou partiellement la gestion d’Air Sénégal International. Le chef de l’Etat Me Abdoulaye Wade a en effet rejeté le dépôt de bilan d’Air Sénégal International, qu’il considère comme un modèle de coopération et d’intégration à développer et perpétuer.

Mais puisque, selon Farba Senghor, le maintien de la gestion par la RAM a montré ses limites, le Sénégal a donc décidé de reprendre Air Sénégal International. Notre pays, a dit le ministre des Transports, va poursuivre les activités de la compagnie, maintiendra l’assistance technique marocaine de la RAM et la recapitalisation de la société sera assurée uniquement par le Sénégal. A cet effet la partie marocaine conserverait les 25% et le Sénégal les 75% pour la première phase, puisqu’au final c’est la commission mixte mise sur pied par le Sénégal qui décidera du sort qui sera réservé au 25% représentant la part marocaine.

Cette commission mixte qui va démarrer ses travaux lundi prochain se chargera d’étudier les modalités de recomposition du capital de la société, du transfert de la gestion de la RAM vers l’Etat du Sénégal et éventuellement du transfert des garanties en cours ainsi que des modalités du maintien du personnel marocain.

ASECNA

Abordant le deuxième volet de la rencontre, le ministre des Transports a dit que le Sénégal vient de dénoncer le « contrat particulier » qui le liait à l’ASECNA pour la gestion des aérodromes. Il a aussi décidé de reprendre la gestion technique et commerciale de l’Aéroport International de Dakar. Toutefois, dira-t-il, notre pays reste membre à part entière de l’ASECNA. Ce qui signifie que la représentation de l’ASECNA dans notre pays conserve toutes les compétences qui sont les siennes dans le cadre de la Convention de Dakar.

Parlant des ressources de l’ASECNA provenant de la gestion de notre espace aérien et de la FIR océanique, le Sénégal a décidé de poursuivre son partenariat avec l’ASECNA mais exige une nouvelle répartition plus équitable qui permettra au Trésor public d’accéder directement aux ressources générées. Pour ce qui est de la gestion des droits des trafics intérieurs, les compagnies aériennes sénégalaises verseront annuellement une partie de leur chiffre d’affaire sous forme de redevance de concession.

Au cours de ce point de presse, le ministre des Transports a révélé que l’indemnisation des ex-agents d’Air Afrique va être réglée, et qu’un fonds spécial a été dégagé par le gouvernement du Sénégal afin d’intéresser ceux à qui on doit de zéro à deux millions deux cent mille francs (2.200.000 francs). Plus de mille agents sont concernés par cette mesure.

Parmi les nombreuses questions des journalistes présents, on pouvait noter le nouvel aéroport de Ndiass, la capacité du Sénégal à cheminer seul dans ce cadre ou en partenariat avec d’autres portes pour la recapitalisation. Le ministre à répondu que notre pays ne fermait la porte à personne et que même le Maroc pourrait éventuellement être partenaire mais sous une nouvelle formule. La taxe sur les billets d’avion était selon le ministre à l’image d’autres pays comme la France qui ont déjà expérimenté le système, une solution pour trouver des ressources additionnelles pour la réalisation du deuxième aéroport du Sénégal. Concernant l’expertise des Sénégalais à cheminer seuls, il a dit que notre pays regorge de talents et d’experts en matière aéronautique qui vendent leurs services partout dans le monde, pourquoi pas chez eux ici au Sénégal ?

Par PAPE SANOR DRAME
Source: Le Soleil (Sénégal)

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