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RAM : Quand la météo s'invite sur les pistes

L'épais brouillard vécu, entre le 21 et le 24 octobre dernier, à l'aéroport Mohammed V de Casablanca, n'a pas pu être atténué par le système d'atterrissage Catégorie II. La ponctualité des vols sur ce hub international en a pris un coup. Mais l'Office National des Aéroports (ONDA), qui est en plein chantier, veille au grain. Enquête.

C'est une malheureuse coïncidence qui est survenue à l'Aéroport Mohammed V de Casablanca les 21, 22, 23 et 24 octobre 2004. Au moment où s'abattait un épais brouillard sur le tarmac de cet l'aéroport, les travaux, qui allaient bon train sur les mêmes pistes, ont empêché de mettre en route le système d'atterrissage Catégorie II, à même de réduire les perturbations, occasionnées par ces mauvaises conditions météorologiques. C'est, du moins, ce qu'indiquaient les responsables de la Royal Air Maroc (RAM), la compagnie aérienne nationale, qui s'est excusée auprès de sa clientèle qui a dû subir quelques désagréments, après des vols retardés. Ces mêmes raisons ont été aussi soutenues par l'Office National Des Aéroports (ONDA). Certains observateurs n'ont pas pu s'empêcher d'exprimer leur étonnement devant ce manque de prévisions. Cependant d'autres se demandent ce que peut signifier un tel ébahissement, devant certains cas de force majeure, pendant lesquels les techniques les plus sophistiquées peuvent être inefficaces. En témoignent les émanations du volcan en éruption, actuellement sous le glacier Vatnajoküll (Islande) qui ont perturbé les vols de plusieurs compagnies aériennes sur le vieux continent, où les aéroports sont dotés de systèmes de guidage dernier cri.

Pour en avoir le coeur net, nous nous sommes rendus à l'aéroport. Nous avons constaté de visu l'effervescence. Sur place, plus précisément de la terrasse, l'incessant aller et retour de camions, aux bennes remplies de matériaux, est bien perceptible. En effet, la construction d'une seconde piste d'envol, qui rentre dans un vaste programme d'investissements (à l'horizon 2007) de 3,2 milliards de Dhs, est bien avancée. Le plan de développement, qui concerne la période 2003-2007, assez ambitieux du reste, vise la préparation du secteur aéronautique aux mutations et défis à relever durant les dix prochaines années et s'inscrit également dans le cadre de l'objectif national des 10 millions de touristes à l'horizon 2010, soutient-on du côté de ONDA. Il est prévu la mise en place d’un système de guidage catégorie III-A (voir Trois questions).

Des chantiers à la pelle

On constate de l'entrain un peu partout, dans les abords ou à l'intérieur de l'aéroport. Au niveau de toutes les entrées, des portiques pour détecter le moindre métal, l'aménagement de l'aérogare pèlerins, et d'un escalier spécial pour l'embarquement des pèlerins à l'aéroport Mohammed V, et une excellente signalétique pour orienter les voyageurs et les visiteurs, manifestent une certaine volonté de se conformer aux standards internationaux. Pour plus de sécurité et de confort, un escalier mécanique sera incessamment livré à l'embarquement. Tous ces chantiers et tant d'autres encore, sont menés par ONDA, qui, rappelons le, est un établissement public à caractère industriel et commercial. Créé en Janvier 1990 par transformation de l’Office des Aéroports de Casablanca, alors premier établissement autonome de gestion aéroportuaire au Maroc, ses missions qui sont définies dans le cadre des lois 25-79, 14-89 et 47-00 tournent essentiellement autour de la garantie de la sécurité de la navigation aérienne au niveau des aéroports et dans l’espace aérien sous juridiction nationale, de l’aménagement, l’exploitation, l’entretien et le développement des aéroports civils de l’Etat, l’embarquement, le débarquement, le transit et l’acheminement à terre des voyageurs, des marchandises et du courrier transportés par air ainsi que tous les services destinés à la satisfaction des besoins des usagers et du public. Pour répondre aux besoins du trafic aérien, il lui revient d'assurer la liaison avec les organismes et les aéroports internationaux, mais aussi la formation des Contrôleurs et des Électroniciens de la sécurité aérienne.

Pour réaliser ces missions et remplir les exigences de l'hospitalité, si chères à l'Office, il lui incombe de respecter un certain nombre d'obligations ayant trait à la qualité dans les prestations rendues aux compagnies et aux passagers, conformément aux normes internationales, au développement du secteur pour répondre aux besoins de croissance du transport aérien et des ressources, pour asseoir son autonomie de développement. Au vu de tous les chantiers en cours de réalisations, ONDA ne risque pas de faillir à sa tâche.
A noter, la poursuite du Projet de la Technopole de l’Aéroport Mohammed V de Casablanca, intégrant la construction de deux hôtels, le premier, un 3 étoiles, en partenariat avec Royal Air Maroc, et le second, un 5 étoiles de 220 chambres, en partenariat avec le groupement "THED International- Hilton – GENERIM".
En tout cas, pour la RAM, qui a dévoilé dernièrement un ambitieux programme hiver 2004-2005, l'impair semble être loin derrière.


Trois questions à M. Abdelhanine Benallou, Directeur de l'ONDA

La Nouvelle Tribune: Les mauvaises conditions météorologiques des 21, 22, 23 et 24 octobre 2004, ont perturbé la régularité des vols de la RAM. Existe-t-il un dispositif pour pallier, sinon atténuer, ces cas de force majeure?

M. Benallou : Effectivement, il existe des périodes de brouillard qui amènent au déroutement de certains vols vers Marrakech, Rabat ou Fès. Le taux de déroutement est de 91 mouvements sur plus de 45.000 à l’aéroport Mohammed V pour l’année 2003.
Afin de pallier ce phénomène, l’ONDA a engagé un processus de relèvement graduel des conditions d’exploitation de l’aéroport MohammedV.

Avant les travaux engagés en octobre 2004, le niveau des équipements d’aide à la navigation aérienne était la catégorie deux. Ces travaux vont permettre de passer à la catégorie III et III-A. Dans un premier temps, l’objectif étant de réduire d’une manière significative le taux de déroutements.

A terme, le passage à la catégorie III-B puis III-C peut résoudre définitivement ce problème.
Il faut noter que le très faible taux de déroutement est très en deçà des normes et recommandations OACI. Pour installer les équipements de le catégorie III, ce taux doit atteindre 20%.
Malgré l’écart entre la réalité et les exigences OACI, l’ONDA a entamé ce programme pour éviter les désagréments des déroutements et rehausser le niveau d’exploitation de la première plate-forme du Maroc.

Les compagnies, qui voient leur ponctualité souffrir de tels impairs se retournent-elles vers l'ONDA, pour d'éventuels dédommagements?

Non, dans la mesure ou déjà la catégorie II en usage jusqu’à la fin des travaux, n’est pas obligatoire, les normes OACI incitent à l’installation de cette catégorie lorsque le taux de déroutements est supérieur à 10%. Dans ce sens, l’ONDA offre des avantages aux compagnies par l’atténuation des effets du brouillard, phénomène naturel.

Pour se hisser au niveau des standards internationaux, d'importants travaux sont actuellement entamés. Pouvez-vous apporter des éclaircissements sur ces réalisations?

Les travaux entamés en octobre ont pour but d’abord la réfection de l’ancienne piste, devenue nécessaire pour la mise en place de la catégorie III-A. Ensuite, l’installation des nouveaux équipements d’aide à la navigation aérienne.

Propos recueillis par
Daouda MBaye

Source: La Nouvelle Tribune


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