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A 3ans, le plan Emergence apprend à marcher

Trois ans après le lancement du plan Emergence, quel est le bilan d'étape et quelles sont les perspectives des secteurs clés de cette stratégie ? Les premiers résultats commencent à peine à tomber.

Le Maroc compte énormément sur la stratégie Emergence pour dynamiser son économie. Avec les trois nouveaux métiers, ouïes métiers mondiaux du Maroc, à savoir 1'offshoring, l'automobile etraéronautique,leplan Emergence porte de grandes ambitions. Ainsi, à l'horizon'2015, il est prévu que ces secteurs représentent entre 90 et 100 milliards de dirhams de PIB et qu'ils créent entre 400.000 et 500.000 nouveaux emplois.

Pour les trois métiers, l'offre Maroc se décline en trois volets : des zones dédiées, un cadre incitatif à travers des facilités fiscales ou des aides à l'investissement, et un dispositif de formation. Pour l'offshoring, les zones dédiées à cette activité représentent la clé de voûte de l'offre, grâce, à des services télécoms de premier plan et une approche «Ready for Output», à travers des bureaux aménagés et une dizaine de services de «support business» sur site. Déjà, deux zones ont été lancées. La première, Casa Nearshore, est d'une superficie de 53 ha. Sa première tranche, de 57.000 m2, devrait être livrée avant juillet prochain. Les occupants du premier bâtiment, d'une superficie de 8.366m2, ont reçu les clés de leurs locaux fin décembre dernier. Ils devront commencer leurs activités à partir du mois de mai prochain. La société gestionnaire de cette zone a annoncé que le taux de réservation des surfaces à louer a atteint pour les années 2008 et 2009 respectivement 100% et 84%. Casa Nearshore SA prévoit pour la première tranche un total de 3.600 emplois dont 1.600 nouveaux. Des entreprises comme BNP Paribas, Bull, Capgemini, Dell, GFI, HPS, Logica CMG, M2M Group, Sqli, Tata... ont déjà élu domicile à Casa Nearshore. D'autres grandes sociétés, comme Alcatel, Atos Origin, Axa, EDS, pourraient rejoindre les premières. La deuxième zone lancée est Rabat Technopolis, sur une superficie d'environ 300 ha. Les travaux ont été lancés l'année dernière pour une livraison des premiers plateaux de 32.000 m2 entre avril et juillet prochains. A l'horizon 2016, le gouvernement table sur 12.000 emplois dans cette zone d'offshoring. Trois autres zones sont en phase d'étude. Il s'agit de Fès shore, Tanger Shore et Marrakech shore. Les actions futures vont porter sur une politique de promotion ciblée. Le plan de formation, quant à lui, devra être réajusté pour coller aux besoins effectifs des entreprises. Un second plan national de formation devra être lancé pour la période 2010-2012. Par ailleurs, une veille devra être assurée pour l'amélioration continue de l'offre marocaine. Pour ce qui est du secteur automobile, le Maroc veut , transformer sa position géographique en avantage logistique, et tirer profit de la disponibilité et de la compétitivité de sa main d'œuvre. Pour encourager le développement de cette industrie, le gouvernement compté créer des «Med Zones», dont la principale est Tanger Automotive City.

Tanger accueillera un centre de formation d'excellence, destiné essentiellement à accompagner le constructeur et les équipementiers du projet Renault-Nissan. Ce projet représente, d'ailleurs, la locomotive de ce secteur. Il aura une capacité de 400.000 véhicules par an, et permettra In création de 36.000 emplois dirais et indirects. En effet, le gouvernement espère que ce complexe industriel produira un effet boule de neige dans le secteur. Mais, déjà, il est satisfait de la présence d'équipementiers de référence, comme Valéo, Volkswagen, Yazaki, Delphi, Sumitomo...

L'aéronautique, a l'instar des deux secteurs précédents, se base pour son développement sur l'aéropole Nouaceur. Pour le développer, un travail est mené afin, d'une part, de créer une société de gestion et de promotion de l'aéroport Nouaceur, et, d'autre part, étendre cet aéroport sur un terrain d'environ 200 ha. Aussi, un centre de for­mation aux métiers de l'aéronautique (IMA) est en cours de mise en place. Un programme ciblé de promotion de l'investissement auprès des avionneurs et des équipementiers devra être bientôt défini et réalisé.

Aux côtés de ces nouveaux métiers, le secteur du textile-habillement est intégré dans le plan Emergence. L'objectif est de lui donner un nouvel élan pour améliorer sa compétitivité. Deux ans et demi après sa signature, plusieurs actions ont été concrétisées. Ainsi, les mesures incitatives pour l'investissement, grâce aux aides du Fonds Hassan II, ont profité à 80 projetsr parmi lesquels cinq grands projets sont conventionnés par l'Etat. Ces 80 projets, qui vont créa prés de 20 000 emplois, ont bénéficié d'une contribution du Fonds d'environ 400 MDH,, pour un montant global d'investissement d'environ 5 MMDH.

Les facilitations douanières commencent à attirer les entreprises, à travers le programme de catégorisation. Une quarantaine d'entreprises bénéficient actuellement des avantages de la catégorisation. L'accès aux intrants est lui aussi de plus en plus facilité, à travers la réforme tarifaire, le démantèlement douanier et la mise en place de plateformes d'approvisionnement.

L'agro attend Akhannouch

La partie du plan Emergence consacrée à l'agroalimentaire et à la valorisation des produits de la mer est en stand by. Depuis son lancement, ce volet du plan n'a pas bougé d'un iota. A l'exception peut-être de la définition du hub d'Agadir comme zone dédiée à la valorisation des produits de la pêche. Dans le cadre de la réalisa­tion de ce projet, la Région Souss Massa Draa, le fond Igrane, le Crédit Agricole et MedZ ont signé un accord cadre visant la réalisation du pôle produits de la mer d'Agadir (PPMA). MedZ, désignée comme maître d'ouvrage délégué du projet, a lancé une étude de positionnement et de faisabilité économique. Le cabinet Valyans a été choisi pour mener à bien cette entreprise. Le diagnostic de la filière a été fait sur différents niveaux : ressources, transformation, consommation & marché, réglementation douanière et infrastructures des principaux ports. Un benchmarking avec le pôle de la filière halieutique de Boulogne-sur-Mer, Seafood Hub de Maurice et le pôle de Vigo a été réalisé. Les étapes qui restent concernent la définition du concept du pôle et ses composantes, et la préparation du plan de mise en œuvre concret du pôle produits de la mer. Donc, tout reste à faire, surtout que le ministère de l'Agriculture a lancé deux études (l'une sur l'agriculture et l'autre sur la pêche) pour préparer l'amont de l'industrie agroalimentaire. Et tant que cette partie de l'affaire n'est pas connue ni exploitée, le plan Emergence pour l'agroalimentaire attendra. En principe et sauf imprévu, les deux études stratégiques seront prêtes en avril prochain. Parole d'Akhenouch !

Alae Sibâri
Source: Le Soir Echos

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