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Le Maroc doit-il croire aux schistes bitumineux ?

Annoncée en fanfare, la construction de la centrale de Tarfaya à base de schistes bitumineux, n'est pas pour demain. Selon des informations concordantes, cette centrale est une option envisageable pour 2015 ou 2016. Pas avant.

«Même à cette date, la centrale de Tarfaya demeure un souhait en l'absence de partenariat verrouillé», nous explique une source proche de l'Office national de l'électricité. Tout l'enjeu est là. En effet, dans la littérature économique, l'exploitation du schiste bitumineux revient souvent comme une alternative sérieuse face à la flambée des prix du pétrole. En fait, cette roche peut, théoriquement, servir à une double utilisation. La première a trait à l'utilisation du schiste en tant que combustible pour la production de l'électricité. A l'instar du charbon, la roche est brûlée pour en extraire de l'énergie. La seconde utilisation de cette roche est la production de pétrole. Ainsi, grâce à des procédés spécifiques, l'huile de pétrole est extraite de la roche pour être raffinée et commercialisée à la pompe. Les deux utilisations intéressent le Maroc au plus haut point, mais de grands obstacles lui barrent la route.

Commençons par l'électricité. Selon nos sources, l'Office fait des mains et des pieds pour attirer des investisseurs sur ce créneau. En fait, il n'y a que deux grands opérateurs mondiaux (estonien et canadien) qui ont cumulé une grande expérience dans l'exploitation du schiste bitumineux. Les deux opérateurs ont été approchés par l'Office, mais rien n'a été signé jusqu'à présent. «Le deal n'est pas facile, surtout que le Maroc n'est pas sur ce créneau énergétique», nous expliquent des sources proches du ministère de l'Energie. En effet, la particularité de ce créneau est que chaque centrale électrique est dédiée, presque exclusivement à la qualité de la roche. Plus le schiste est de bonne qualité, moins les opérateurs sont réticents à investir et à présenter des projets bancables. Or, le Maroc se bat contre deux pays du Moyen-Orient, la Jordanie et Israël. Les deux voisins disposent de gisements importants de la roche convoitée et sont eux aussi intéressés par une production à faible coût. Mais, ils ont un avantage compétitif par rapport au Maroc : leur roche est de bonne qualité. En langage plus simple, elle englobe plus de calories énergétiques et moins de chute de cendre, donc est moins polluante que la marocaine. «Le Maroc a un gisement de bonne qualité dans la région de Khénifra, mais malheureusement, il est inexploitable», nous indique-t-on auprès de l'Office national des hydrocarbures et des mines. En plus des réserves de Tarfaya, le pays dispose d'un gisement d'une grande qualité à Timahdit, dans la province de Khénifra. Mais ce site est classé réserve naturelle (cedraie) et ne peut tolérer la construction d'une centrale électrique.

Du coup, le Maroc entre en compétition avec du matériel minier de mauvaise qualité, ce qui minimise ses chances face aux prétendants du Moyen-Orient. «Nos chances demeurent intactes», martèlent des cadres de l'ONE. C'est justement pour optimiser ses chances que le projet de l'ONE se base sur une puissance de 100 MW au lieu des 20 MW prévus initialement. Le même problème se pose dans la production de pétrole. La qualité de la roche joue un rôle majeur dans la décision des investisseurs internationaux. Le Maroc a intéressé deux grands majors de l'exploration et de la production pétrolière (leurs noms sont tenus secrets) qui tardent à passer à l'acte. Selon des sources bien informées, les licences d'exploration ont été attribuées par Amina Benkhadra elle-même, alors patronne de l'Onhym, mais aucune visibilité ne se dégage quant aux investissements dans cette branche.

Khalid Tritki
Source: Le Soir Echos

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