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Maroc : 42 milliards de dirhams de perte sèche pour la bourse de Casablanca en 2 jours

Comment expliquez la crise qui touche la Bourse de Casablanca ? Il faut d’abord souligner qu’il ne s’agit pas d’une crise proprement dite mais d’une correction sévère et surtout brusque qui fait suite à plusieurs séances baissières. L’ampleur de la correction est à la mesure de la survalorisation de la place où plus précisément de certaines valeurs clés du marché particulièrement les valeurs immobilières, (CGI, Addoha et Alliances), des valeurs du secteur ciments et matériaux de construction et des principales banques de la place.

Ainsi, alors que des places relativement identiques à celle de Casablanca traite avec des PER proche de 20x les bénéfices, la bourse marocaine traitait avant la chute brusque avec un PER proche de 29x et des PER exceptionnels pour certaines valeurs: 131,1x pour CGI, 72,3x pour Alliances, 33,3x pour BMCE Bank, 25,3x pour Addoha,…

« Cette survalorisation rendait le marché de moins en moins attrayants et du coup le volume de transaction à commencer à chuter inexorablement dépassant à peine 300 MDH en double depuis août. Les cours des valeurs phares étant très élevés, les investisseurs se sont fait rares et certains se sont retournés sur les valeurs délaissées jusqu’à présent et qui sont relativement illiquides», indique un analyste financier de la place.

Et dans un marché tendu, la sortie d’un paquet relativement important, semble t-il d’un fonds étranger, a été senti comme le début d’un départ des investisseurs étrangers. En plus, la sortie d’une recommandation d’Attijari Intermédiation, la première société de bourse de la place et filiale d’Attijariwafa bank, recommandant aux investisseurs d’alléger les portefeuilles a été perçu comme un signal pour la vente. Et, dans cet environnement indécis s’est venu se greffer la crise financière internationale avec ce lundi noir qui a ébranlé les bourses mondiales.

Correction salutaire

Prévisible ou pas, tous les acteurs du marché «souhaitaient une correction salutaire». Le marché étant survalorisé, tout le monde, sauf les investisseurs (et même parmi ceux-ci, les daily traders se frottent les mains), souhaitait qu’il retrouve des niveaux de valorisation en phase avec les fondamentaux des sociétés cotées et de l’économie en générale afin d’attirer encore plus d’investisseurs locaux et étrangers.

En coulisse, tous les acteurs du marché affichent une certaine satisfaction priant bien évidemment pour que cette correction ne perdure pas. Une correction brusque et qui ne dure pas, est généralement suivie d’un mouvement haussier et ce d’autant plus que la chute actuelle du marché intervient en période de présentation des résultats qui s’annoncent globalement satisfaisants.

Rappelons que les années 2006 et 2007 ont connu des corrections identiques avec des pertes similaires et même supérieures à celles enregistrées durant la récente correction. Elles avaient permis au marché de repartir sur de nouvelles bases plus solides. Bref, les corrections font parties de la vie d’un marché. Elles permettent d’éviter la formation de grosses bulles boursières qui finissent par s’éclater en se transformant en crash boursier avec des conséquences plus néfastes comme ce fut le cas pour la place casablancaise durant la période 1998-2002.

Après tout, le marché ayant réalisé plus de 300 % de performance en cinq ans, une correction d’un peu plus de 10 % est globalement acceptable, même si ce sont 42 milliards de dirhams de capitalisation qui sont virtuellement partis en fumée !

Effet de contagion de la crise financière internationale...

Pour autant, est-ce que la conjoncture internationale a précipité la chute de la Bourse de Casablanca ? «On ne peut pas écarter d’un revers de la main l’impact de la conjoncture internationale et plus particulière la crise du «lundi noir» sur la bourse de Casablanca. Et pour cause, la crise américaine a rapidement gagné les marchés occidentaux dont la place de Paris. Or, la première capitalisation de la bourse de Casablanca , soit environ le quart de la capitalisation de la place, Maroc Telecom, est aussi cotée en France», poursuit l’analyste financier. Et comme toutes les valeurs cotées sur ce marché, elle a été chahutée avec comme répercussion la baisse de son cours à la bourse de Casablanca.

L’effritement de la valeur a contribué à ébranler le moral déjà bas des investisseurs dont certains ont crû que la place casablancaise pourrait elle aussi plonger. Ainsi, s’il n’y a pas de relation cause à effet, on peut noter que l’effet psychologique lié à la chute des bourses occidentales a contribué à l’ampleur de la correction de la bourse de Casablanca.

Mais pas de lien direct

Toutefois, faire un lien automatique entre la crise internationale et la correction de la Bourse de Casablanca semble un peu exagérée du fait que celle-ci est presque «totalement» déconnectée, hormis le lien de Maroc Telecom, des grandes places financières internationales.

Par ailleurs, les fonds spéculatifs étrangers sont très faiblement présents sur la place casablancaise pour l’influencer. Et d’ailleurs, les volumes échangés durant les séances de corrections demeurent globalement faibles et sont le fait essentiellement de petits porteurs qui cherchaient à engranger leurs plus-values ou à éviter de garder des portefeuilles avec des moins-values démentant ainsi toutes sorties massives d’investisseurs étrangers.

Valeur aujourd’hui, la situation retrouve peu à peu sa normalité. Les «Split» (division du nominal par 10) devraient contribuer à l’amélioration de la liquidité du marché en rendant les valeurs plus accessibles. Toutefois, sur le court ou le moyen terme, rien n’exclut que certaines valeurs toujours survalorisées poursuivent leur correction surtout si les résultats semestriels ne suivent pas.

Rachid Hallaouy
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