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Création d’entreprises : Le Maroc premier dans la région MENA

“D’une manière générale, comparés à l’année passée, les pays riches ont instauré trois fois plus de réformes pour améliorer le climat d’investissement que les pays en développement”. C’est ce qu’indique un récent rapport de la Banque mondiale et de la SFI (société financière internationale) sur la pratique des affaires en 2005.

L’étude a analysé le rythme des réformes entreprises dans le monde (cf. notre édition du 10 septembre 2004). Comme il fallait s’y attendre, la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord), se positionne derrière les autres régions du monde. Toutefois, au sein de cette zone, le Maroc affiche de bonnes performances en termes de création d’entreprises. Le Royaume détient surtout le record de célérité des procédures: 11 jours. Il est suivi de la Tunisie (14 jours) et de l’Algérie (26 jours).

Quant aux coûts les moins élevés pour la création d’entreprise, ils se concentrent plutôt au Moyen-Orient : Koweït, Oman, Israël et Iran. En Afrique du Nord, la Tunisie est la plus compétitive talonnée du Maroc laissant loin derrière l’Algérie. Les politiques de l’emploi (en anglais “hiring and firing”, soit débauche-embauche) ont retenu une attention particulière des auteurs du rapport: sécurité sociale, politique et rigidité de l’emploi, santé, conventions collectives, législation… Passés au peigne fin, ces différents indicateurs placent mal le Maroc dans le concert des nations de la région MENA. Le Royaume est le pays le plus rigide en matière d’employabilité. Sa flexibilité laisse à désirer. L’index de la rigidité d’emploi sur une échelle allant de 0 à 100, note le Maroc 70. La plus mauvaise performance. D’ailleurs, de ce point de vue-là, le triplet maghrébin Tunisie-Algérie-Maroc est, pour ainsi dire, le cancre de la région.

La croissance économique ne créé pas suffisamment d’emplois et le trend a l’air de se maintenir. Quant aux frais de licenciement (firing), ils figurent également parmi les plus élevés. Le coût, au Maroc, avoisine l’équivalent de101 salaires hebdomadaires. Sur ce plan, l’Algérie et la Tunisie devancent le Royaume de très loin : il en faut seulement 17 pour le voisin algérien, et 26 pour la Tunisie.
Ce paradoxe veut qu’au Maroc on peut créer rapidement une entreprise mais qu’on recrute ou licencie indifféremment des conjonctures. La politique d’emploi revient encore chère sans une efficacité probante. Les charges sociales élevées empêchent un mouvement plus dynamique du marché du travail. Et cela handicape tant les politiques de dégraissement que de recrutement, que ce soit dans le privé ou le public.Toutefois, l’esprit du nouveau code du travail devrait diriger l’entrepreneur vers des formes plus flexibles en matière de “hiring and firing”.

Autre facteur de blocage et ô combien débattu au Maroc: celui de l’accès au crédit. Il est très difficile, à moins de garanties solides et souvent personnelles, d’accéder à des financements bancaires si la taille de l’entreprise est celle d’une PME. Tandis que la Jordanie a l’air d’avoir réglé le problème, à l’instar de la Tunisie à un degré moindre, le Royaume chérifien dégringole dans le classement. La Jordanie est deuxième après Israël, la Tunisie 7e, et le Maroc 12e sur les 14 pays de la région MENA.

Les raisons de cette autre rigidité de l’environnement économique sont connues. Une grande partie des PME est accusée de ne pas respecter les règles de remboursement des crédits. Et les banques d’avoir une surliquidité qu’elles ne mettent pas à profit. Les dernières tractations entre les représentants des deux communautés ont abouti à une charte Banque-PME qui énumère tous les blocages existants des deux côtés. Si la législation sur la propriété intellectuelle s’est nettement améliorée, comparée aux autres pays, le Maroc a encore du chemin à faire. L’indicateur temps d’enregistrement (82 jours), le classe 12e sur 14, la Jordanie 5e (27 jours), et la Tunisie 10e (plus de 50 jours).


Guichet Internet unique

Le rapport a classé la Slovaquie et la Colombie en tête de liste des pays qui ont réussi à instituer des réformes pour un climat d’investissement. Deux clés de réussite ont été relevées par la Banque mondiale : création d’un guichet Internet unique pour les nouvelles entreprises, la réduction importante des délais dans les dispositifs réglementaires par plusieurs semaines, l’amélioration des registres de crédit et l’introduction de nouvelles mesures pour une plus grande flexibilité dans les lois du travail.


Corporate governance: Pas mal !

Certains d’entre vous seront peut-être surpris de savoir que le Maroc se débrouille très bien en matière de gouvernance d’entreprise, comparé aux pays de la région MENA. Le Maroc est 2e sur les 14 pays après la Tunisie et devant la Jordanie. Plus transparentes, les entreprises marocaines révèlent plus leurs informations. Le rapport s’est penché sur la question suite aux successions de scandales dans le monde des affaires: Enron, Parmalat, BCCI (Bank of Crédit and Commerce International) sont les plus grosses histoires ayant défrayé la chronique. L’index de “révélation” (disclosure index) est basé sur 7 indicateurs dont les lois sur les comités d’audit faisant rapport au conseil d’administration, sur l’information financière, l’utilisation des auditeurs internes, la disponibilité de l’information financière aux investisseurs potentiels. Variant de 0 à 7, le Maroc a une note de 4.

Mouna KADIRI
Source : L'Economiste

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