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Tanger-Med II sérieusement compromis

L'extension de l'infrastructure portuaire de Tanger-Med est sérieusement comprise. Comme nous l'annoncions dans notre édition du jeudi 12 mars, la crise internationale a obligé les concessionnaires de Tanger-Med II à revoir leurs cartes.

Une information qu'un communiqué laconique de l'Agence spéciale de Tanger Méditerranée (TMSA) reconnaît clairement. Selon ses termes, «la crise économique observée depuis l'automne dernier à l'échelle mondiale a entraîné une baisse des volumes de fret qui, combinée à une baisse des prix unitaires de transport des conteneurs, a conduit la plupart des grands opérateurs mondiaux du secteur à reconsidérer leurs plans d'investissement». Et qui dit reconsidérer, dit, au mieux, report, et au pire, un abandon pur et simple des projets d'investissement. Et même si les officiels ne le reconnaissent pas, Tanger-Med II est dans une mauvaise passe. Selon des sources proches de l'opérateur danois, «Maersk n'a pas de visibilité sur la reprise et ne peut, dans cet état de choses, se prononcer sur l'avenir».

Akwa ne peut se porter garante
Autrement dit, le concessionnaire de l'un des quais à conteneurs de Tanger-Med II, en partenariat avec Akwa, ne peut pas promettre le beau temps alors que son ciel s'est assombri suite à la crise. Cela est d'autant plus vrai que son expérience sur le quai de Tanger-Med I vit aussi un mauvais tournant. Selon des sources proches du dossier, le trafic de transbordement sur Tanger-Med I a chuté de quelque 35% et la chute continue. Cela n'empêche pas TMSA d'espérer garder ses investisseurs. Selon son communiqué, l'agence précise qu'elle «poursuit les discussions avec lesdits groupements en vue d'aboutir à des accords dans les mois qui suivent et maintient l'objectif de lancement effectif du port de Tanger-Med II pour le courant de l'année 2009».

Comment ? Selon des consultants proches de Maersk, le Maroc s'accrochera à cet espoir, mais il risque d'y laisser des plumes. Le pack que l'Etat offrira aux concessionnaires sera lourd. Cela est d'autant plus vrai que même PSA (Port de Singapour) a lui aussi été tenté de baisser les bras si ce n'est son partenariat avec deux opérateurs locaux de taille. Des sources proches de la SNI avancent que ce dernier a pu retenir son partenaire, sur le deuxième quai à conteneur, grâce aux garanties que le groupe marocain peut, éventuellement, présenter. Un appui qui a été possible grâce à la configuration du consortium dans lequel siège PSA (25% pour SNI, autant pour Marsa Maroc contre 50% pour le Port de Singapour). «Cette composition laisse deviner les solutions possibles pour maintenir le projet de Tanger-Med II», confie une source proche de Marsa Maroc. En clair : le projet pourrait être maintenu si TMSA pousse vers une restructuration de la composition des consortiums. Le renforcement des Marocains n'est pas exclu, même si des observateurs doutent de la capacité d'Akwa à suivre en termes de capitaux. «Le groupe marocain ne représente que 10% dans le deal avec Maersk et de ce fait, ne peut se positionner comme garant du projet. L'entrée dans le capital d'un autre grand opérateur marocain est inévitable». Ce qui explique que l'option de la CDG revient avec insistance. Auprès de TMSA, aucune précision ne filtre à ce sujet. L'agence se contente de renvoyer vers son communiqué. Auprès du ministère de l'Equipement, c'est le silence radio.

Qui pour remplacer Maersk ?

En octobre dernier, l'Agence spéciale Tanger Méditerranée signait avec le Fades pour un investissement de 1,5 milliard de dirhams. Ce montant servira à financer les travaux d'extension du port dans le cadre du projet Tanger-Med II. Au moment de la signature de cet arrangement financier, les déclarations des responsables de TMSA prévoyaient l'entrée en service de Tanger-Med II en 2012. Le communiqué de vendredi dernier parle de 2009. De 5 millions de conteneurs de capacité sur un linéaire de 2.800 mètres de quais, Tanger-Med II table sur un investissement global de 15 milliards de dirhams. Ce projet porte la capacité du nouveau port (y compris Tanger-Med I) à plus de 8 millions de conteneurs normalisés. La question qui se pose actuellement est celle de savoir qui le fera si Maersk ne le fait pas ? Du côté arabe, seul DP World (celui qui a absorbé P&O en 2006) peut le faire, mais lui aussi souffre suite aux résultats dans les 22 ports qu'il détient dans le monde, surtout ceux gérés aux Etats-Unis. Quant à l'opérateur de Hong Kong, il est pris par les investissements d'extension dans le port d'Algesiras.

Khalid Tritki
Source: Le Soir Echos

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