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Derb Ghallef : La contrebande fait perdre au Maroc 10,5 milliards de DH par an

Tout ce que vous pouvez acheter à Londres, Milan ou à Paris, vous pouvez désormais l'acquérir au célèbre marché à puce casablancais de Derb Ghallef. Il y a du tout, y compris les marques prestigieuses : des montres Cartier, Rolex, des lunettes Georgio Armani, Ray Ban, Gucci, des baskets Nike, Puma, Adidas, des parfums Channel, Dior et j'en passe.

Toutes ces marques que seuls les gens friqués peuvent acheter sont exposées à la «Joutia», mais attention ! Elles sont toutes ou presque contrefaites.

Le lieu, véritable caserne d'Ali Baba, attire des foules immenses de Casablancais à la recherche de réaliser de bonnes affaires. Une montre Cartier est proposée à 300 DH, Rolex à 150 DH, les lunettes Georgio Armani à 30 DH.

Des prix à faire tourner la tête mais qui restent tout de même négociables. Mais attention, il faut être un bon acheteur pour éviter de se faire arnaquer. La majorité de la marchandise n'a rien de prestigieux que le nom.

Pourtant, les commerçants hèlent le nom des marques : « montres Cartier, Rolex, Omega, lunettes Georgio Armani, etc.». En fait aucune marque n'échappe à la contrefaçon. Dès la pénétration à l'enceinte de la «Joutia», les étalages de différentes marchandises d'imitation n'en finissent pas. Il semblerait que la montée en puissance de ce phénomène est favorisée par la situation géographique du Maroc, point de passage entre l'Afrique et l'Europe, ainsi que par la présence des villes spoliées Sebta et Mellilia aux portes du Maroc d'enclaves. Les lacunes dans l'application des règles de contrôle permettent la coexistence et le cumul de différents types de fraudes.

A en croire plusieurs marchands, les produits concernés proviennent dans leur grande majorité d'Asie et d'Europe. Le Maroc est aussi un producteur massif de contrefaçon, notamment, dans le secteur textile et celui du cuir.
Derb Ghellef, c'est aussi un souk spécialisé dans la « high tech» informelle. Les ingénieurs de la « Joutia» sont devenus maîtres du piratage.

A chaque entrée d'atelier vous pouvez lire : «Si vous avez un récepteur de marque X ou Y, la solution est trouvée, vous pouvez voir en intégralité le bouquet TPS». Les cartes d'accès aux chaînes cryptées TPS sont vendues entre 150 et 200 DH. La recharge ou le flashage d'un récepteur se fait à 20 ou 40 DH. La «Joutia», ce n'est pas uniquement des imitations et du piratage, c'est aussi un lieu pour faire écouler des marchandises volées. Il ne faut pas être surpris, en sillonnant les petites ruelles de ce marché, si vous croisez un marchand mettre en vente une vraie montre Cartier ou des lunettes Gucci. Seulement, il faut être un fin connaisseur pour ne pas se faire arnaquer.

Ces objets très précieux vendus dans des magasins spécialisés à coup de milliers d'euros sont cédés à des prix défiants toute compétitivité. Ces marchands un peu orthodoxes n'exhibent cette marchandise au grand jour. Ils attendent de voir si leur client est prédisposé à mettre de l'argent. C'est à ce moment là que le marchand s'éclipse un moment pour revenir avec le produit.

D'après les chiffres officiels, la contrebande a fait rapporter aux réseaux de distribution près de 15 milliards de DH en 2002. Elle a représenté 12% des importations du Maroc. Les 15 milliards de la contrebande devraient générer en termes de taxe 7,5 milliards de DH chaque année qui sont donc perçus en moins par l'Etat.

Rien qu'à travers les villes spoliées de Sebta et de Mellilia qui écoulent leurs marchandises à Bab Sebta, la contrebande fait perdre au Maroc 10,5 milliards de DH et 450.000 emplois par an. Ces deux villes représentent un commerce annuel de 23 milliards de DH. Les commerçants espagnols savent bien qu'ils baisseraient le rideau si les contrebandiers marocains s'abstiennent à importer les produits ibériques.

Abderrahman Ichi
Source : Le Matin

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