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Tourisme : Tanger fonde beaucoup d’espoir sur les assises

«Parlons peu, parlons… chiffres», telle semble être la stratégie de communication du ministre du Tourisme Adil Douiri. Côté chiffres, Tanger a enregistré une progression de 14% par rapport à 2004. En nuitées, indicateur majeur de la santé d’une destination, cela équivaut à 335.000 chambres supplémentaires vendues par les hôteliers.
«C’est la première fois depuis 1992 que Tanger franchit la barre des 700.000 nuitées (720.000 au compteur cette année). Le taux d’occupation moyen a été de 48% contre 44 en 2004. La durée moyenne de séjour (DMS) est de deux jours», annonce Rachid Ihdeme, délégué régional du ministère du Tourisme.

Naguère destination nationale la plus convoitée, et ce dans les années 1960-1970, la cité du détroit a connu une chute vertigineuse qui s’est traduite par 40% de nuitées en moins en 24 ans. Au final, elle a perdu son leadership pour glisser au quatrième rang, derrière Marrakech, Agadir et Casablanca.

Les raisons? Elles sont nombreuses. Délaissée par les pouvoirs publics, la région a été confrontée à un fort exode rural, à l’absence d’une politique d’aménagement du territoire, aux désordres urbains dans les quartiers périphériques notamment et aux problèmes d’assainissement (ce qui aurait précipité le départ du club Med).
«A Tanger, ce n’est pas la demande qui pose problème mais l’offre en capacité litière», indique Mohammed El Hitmi, président du Conseil régional du tourisme (CRT). Si dans les années fastes, la capacité litière était d’environ 10.000 lits aujourd’hui elle avoisine les 6.000 dont la moitié n’est pas aux standards, analyse le nouveau directeur général de la Société nationale d’aménagement de la baie de Tanger (SNABT), Amine Bensouda. «Trop peu d’hôteliers sont intégrés dans les réseaux internationaux de commercialisation».

Le résultat est que Tanger n’a pas encore les moyens pour pouvoir lutter avec les grandes destinations tant au niveau national (Marrakech, Agadir…) qu’à l’international (Gibraltar, Malaga…). A noter que la région compte 33 hôtels dont 4 gérés par des enseignes internationales. Ceci peut expliquer en partie cela même si la présence de ces majors n’est pas garantie de réussite. Mais les grands groupes hôteliers ont en général une meilleure visibilité dans les grands réseaux de réservation.

Si certains propriétaires ont appel au fonds Renovotel pour la mise à niveau de leurs unités hôtelières, d’autres sont un peu dubitatifs à cause de la complexité des démarches. Ils préfèrent recourir à des fonds propres pour opérer à des travaux de rénovation», affirme le président du CRT.


· 45.000 lits en 2015

A l’horizon 2015, la capacité litière devra être de 45.000 lits. En termes d’arrivées, la région vise 2 millions de touristes et 7 millions de nuitées. Et si aujourd’hui, la durée moyenne de séjour est d’environ 2 jours, elle devrait passer à 3,5 jours», affirme le directeur général de la Snabt. De plus, pour permettre à Tanger de développer et d’asseoir son développement, elle sera prochainement dotée d’un Programme de développement régional (PDR). Sa signature est prévue dans les semaines à venir, au même titre que M’diq et Fnideq, Le PDR permettra aux acteurs régionaux de concevoir des produits d’hébergement complémentaires, que ce soit sur le plan culturel, d’affaires (centres d’affaires) ou encore, de santé (centres de balnéothérapie). «Sur les 32.000 lits additionnels qui sont programmés, 28.000 sont identifiés au travers de projets. 16.000 lits seront réalisés à court terme (2006-2008) et 12.000 lits sont prévus à moyen terme (2010)», soutient le délégué régional du ministère du Tourisme. Ces différents projets (voir encadré) sont accompagnés par une série de projections comme la création d’un lac artificiel, d’une jetée dédiée à des jeux ludiques avec des dauphins (14 millions de dirhams d’investissement), le développement de la croisière avec la reconversion de l’activité du port actuel, l’exploitation des 16 ha de «la villa Harris» (bungalows, courts de tennis, terrain omnisport…), qui abritait jadis le Club Med…

Si les projets et, surtout les potentialités ne manquent pas, il semble néanmoins que Tanger hésite encore sur son positionnement. L’offre est en pleine effervescence et les opérateurs fondent beaucoup d’espoir sur Tanger-Med qui va générer un important flux de tourisme d’affaires important.

Si l’avenir s’est plus ou moins éclairci, il reste à régler l’équation de la connectivité aérienne. Tanger est desservie aujourd’hui par Royal Air Maroc, British Airways, Iberia et Regional Airlines mais la faiblesse de fréquences directes avec les grandes métropoles européennes, pourrait handicaper ce renouveau touristique de la région. Dans la plupart des cas, les touristes (individuels) doivent transiter par Casablanca, ce qui n’est pas toujours de tout repos à cause des attentes à l’aéroport.


Un paquet de projets qui va tout changer

Ghandouri: C’est une nouvelle zone d’aménagement touristique située sur la route de Ksar Sghir et qui s’étend sur 1.200 mètres et comprend des lots touristiques et résidentiels commercialisables. La capacité hôtelière est de 6.000 lits (10 000 emplois directs et indirects sont annoncés). Ce projet est piloté par Maroc hôtels villages (MHV), filiale de la Caisse de dépôt et de gestion. Coût de l’investissement: 1,5 milliard de DH.

Tanger City Center: D’un montant de 1 milliard de DH (avec 4.000 emplois à la clé), le futur centre d’affaires s’étale sur 3,4 hectares communs de la gare ferroviaire. Appartenant à la Société d’aménagement de la baie de Tanger (SNABT), Tanger City Center (TCC) recevra toutes formes d’installations (hôtels, résidences touristiques, résidences d’affaires…). TCC comprendra 3 hôtels de 3,4 et 5 étoiles offrant une capacité de 1.100 lits, plusieurs immeubles, des résidences touristiques et d’affaires de très haut standing, d’après la Snabt. C’est le groupe Fadesa qui en est le promoteur.

Lixus: Avec une capacité d’environ 17.000 lits, la station Lixus comprendra des hôtels et des résidences pour tous les amateurs de la mer. Le promoteur est le consortium Salixus, qui regroupe le groupe Thomas&Piron et l’opérateur hollandais Colbert Orco. 5,6 milliards de DH seront investis au total.

Côte Houara: Situé au sud de Tanger (à 15 km), ce projet de constructions d’hôtels, résidences en front de mer, golfs est initié par la société Diar. Les travaux doivent débuter au mois de mars. Montant de l’investissement: 1 milliard de dirhams pour une capacité d’hébergement de 2.100 lits.

Projet Anthée: Construction sur 93 ha d’un théâtre en plein air, musée, espaces verts, équipements de service et d’animation… Le promoteur du projet est MHV (filiale de la CDG) et l’investissement atteint 300 millions de dirhams.

Le lac: C’est un projet (sur 44 ha) de construction et d’aménagement d’un parc aquatique et de jeu de 15 ha, d’équipements culturels. L’idée est de valoriser le site des ruines portugaises en y greffant des unités hôtelières en front de mer et de villages de vacances touristiques ouverts sur le lac. Le coût du projet n’est pas encore définitivement arrêté.

Al Marsa: C’est un projet initié par la filiale de la CDG -MHV- et l’Office national des chemins de fer (ONCF). L’investissement est de 250 millions de DH. Il s’agit de la création d’un centre culturel, d’un centre de loisirs et de remise en forme, de 2 galeries commerciales, d’un appart-hôtel (260 bungalows) et d’un hôtel de 3 étoiles (350 chambres).

Rachid HALLAOUY
Source : L'Economiste

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