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Retard de l’autoroute Settat-Marrakech

Mieux vaut tard que jamais. Il a fallu que La Vie éco publie, dans sa précédente édition (cf www.lavieeco.com), un article sur le retard enregistré par l’autoroute Casa-Marrakech pour que les professionnels marocains impliqués dans le chantier réagissent. Dans cet article, et sur la base d’informations provenant de l’administration, nous avions écrit que des entreprises marocaines étaient à l’origine dudit retard. Résultat : l’autoroute qui devait être livrée d’ici fin décembre, ne le sera vraisemblablement pas dans les délais.

Il n’en fallait pas plus pour provoquer une réaction d’Abderrahim Lahjouji, ancien patron de la CGEM et président de Sotravo, entreprise engagée dans la construction de cette autoroute ainsi qu’une clarification sur l’état d’avancement des travaux des différents tronçons de l’autoroute en question, cinq au total, de la part de Bouchaib Benhamida, actuel président de la FNBTP (Fédération nationale du bâtiment et des travaux publics). Les remarques de l’un et de l’autre se rejoignent, même si le président de Sotravo nous fait, à tort, le reproche de n’avoir contacté ni la Fédération des BTP, ni les entreprises chargées de la construction de l’autoroute, ce qui est faux. Car ce sont quelques-unes de ces dernières qui n’ont pas donné suite à nos différents appels.

Sur le fond, pour M. Lahjouji, comme pour M. Benhamida, le retard enregistré dans le chantier de l’autoroute est dû à deux entreprise étrangères. Selon le président de la FNBTP, lesdites entreprises ont failli a leurs engagements et leurs homologues marocaines sont en train, justement, d’essayer de rattraper le temps perdu. «C’est le gouvernement qui a failli en sélectionnant une entreprise tout à fait méconnue sur le plan international et en ne vérifiant pas assez ses capacités à travailler à l’export», estime M. Lahjouji.

M. Benhamida est catégorique : «Les trois tronçons remportés, à l’issue de l’appel d’offres, par des groupements d’entreprises marocaines sont dans les délais et en conformité avec le cahier des charges». Ces trois lots, Skhour Rhamna-Benguérir (31 km), Benguérir-Route provinciale 2002 (28km) et RP 2002-Marrakech (25 km), soit 84 km au total, seront achevés dans les délais, précisément le 28 décembre 2006.

Réaliser en 9 mois ce qui devait l’être en 29
Sur le reste, précise M. Benhamida, il y a du retard. Mais un retard qui s’explique par la défaillance de groupements étrangers (serbes et turcs) qui n’ont pas tenu leurs engagements. Ce reste est constitué de deux tronçons, Settat-Oum Rabia et Oum Rbia-Skhour Rhamna, soit 61 km attribués à une entreprise serbe, et le pont sur l’Oued Oum Rabia confié à une entreprise turque.

Plusieurs mois après l’attribution des marchés, explique Bouchaib Benhamida, pas un seul coup de pioche n’avait été donné par ces entreprises, ce qui a poussé le ministre de l’équipement à résilier le contrat des serbes sur le deuxième lot et à dessaisir les turcs de l’ouvrage sur l’oued Oum Rabia. Le processus de résiliation, de même que le lancement d’un nouvel appel d’offres ont pris le temps qu’il faut et ce sont des groupements marocains qui ont remplacé les entreprises défaillantes. Mais on avait entretemps perdu 14 mois, précise-t-il, en plus du temps qu’a pris le nouvel appel d’offres, soit 3 mois, auxquels il faut ajouter 3 autres mois, nécessaires pour l’installation des chantiers. Les entreprises marocaines se sont donc retrouvées avec moins de 9 mois pour réaliser ce qui aurait dû l’être en 29 mois. «Et il n’est pas dit qu’elles ne relèveront pas le défi, car c’est ce qu’elles sont en train de faire», affirme M. Benhamida.

En tout état de cause, réaliser en un temps aussi court une autoroute destinée à durer des décennies relèverait du miracle, ce qu’admet volontiers le président de la FNBTP. Il y a aura donc très probablement un retard de livraison, non imputable aux entreprises marocaines. Une question demeure toutefois posée : pourquoi le ministère de tutelle, aussi bien qu’Autoroutes du Maroc, le maître d’ouvrage, n’ont pas voulu apporter les éclaircissements nécessaires ?.

Mohamed Moujahid
Source: La Vie Eco

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