Tenja : Premier long métrage de Hassan Legzoudi

Yabiladi - Pourquoi le titre Tenja ?
Hassan Legzoudi -Il y a une légende tangéroise qui raconte qu'au temps du déluge Noé sur son arche voit arriver une colombe avec de la glaise dans les pattes, ce qui signifiait qu'une terre n'était pas loin. Alors de joie il s'est mis à crier en arabe:" Ten ja, ten ja" et depuis cette terre salvatrice s'est appelée TENJA ce qui deviendra TANGEA en arabe, Tanger....

- Votre œuvre est certes un film, mais peut-on également la qualifier de travail à teneur sociologique à la limite du documentaire ?
Car vous abordez à la fois une relation forte entre un immigré marocain de première génération et son fils, la dure vie des mineurs du Nord, les retrouvailles d’un jeune franco-marocain avec ses racines, les harrags en quête de l’eldorado européen, …
C'est une fiction à part entière, mais c'est une fiction documentée.
De toutes façons, j'ai grandi au Maroc je connais bien ce pays, et je vis à Lille où mes enfants sont nés. Je baigne donc dans cette double culture que je revendique.

- Le défunt père de Nordin n’a pas beaucoup parlé à son fils. Vous dites que chez les berbères on n’utilise peu les mots pour exprimer ses sentiments. Un regard, un geste, une attitude, des proverbes, métaphores ou paraboles véhiculent le message….
Votre film Tenja, à l’image de ce père peu bavard ne s’épand pas en dialogue. Vous avez préféré les jeux de regard, les travelling sur les paysages, les expressions du visage, les gestes, tout un ensemble qui suggère des messages au téléspectateur sans les lui imposer.
On ne peut pas faire un film sur la pudeur et l'absence des mots et être bavard et impudique. Ajoutez à ça que moi même je suis né et ai grandi dans cette culture de la pudeur. Donc je ne peux pas concevoir les choses autrement. Le film me ressemble je crois.

- Nordin, le personnage central joué par Rochdy Zem n’a pas connu le Maroc car son père en a décidé ainsi. Pourtant il a très bien su s’adapter à ce nouvel environnement socioculturel hormis le tagine de kour3in (pieds de bœuf) qu’il n’a pas digéré. Il y a-t-il un message que vous avez voulu faire passer ?
Oui, l'idée est de dire qu’en ce qui concerne les racines rien n'est simple, rien n'est ni inné ni automatique mais tout se construit.

- On regrette tout de même qu’il n’y ai pas eu une place plus importante aux interventions succulentes et complètement décalées de Mimoun arborant fièrement son jogging aux couleurs du Maroc.
Dès qu’il apparaît à l’écran c’est rire assuré notamment quand il évoque sa dulcinée australienne Joony qu’il rêve de rejoindre.
Il ne faut pas abuser des bonnes choses!

- Aure Atika qu’on ne connaissait pas dans ce registre fait sensation. Sa maîtrise de l’arabe, du berbère et du français à la sauce marocaine bluff à coup sûr le téléspectateur. Comment l’appropriation du personnage de Nora s’est effectuée pour elle ?
Je cherchais une actrice qui a quelque chose de marocain sans pour autant que ça soit une évidence pour ne pas tomber dans le cliché de la casablancaise. Aure est en quelque sorte l'équivalent féminin de Roschdy.

- Votre film sera diffusé dans quelles villes ?
Pour le moment à Paris, Lille (ma ville) ,Toulouse,Marseille,Orléans, Tours, Montreuil, Pau, Caen, Nancy, Grenoble, La région Parisienne, Mulhouse, Dunkerque, Douai, Cambrais.....

- Il sera également en salle au Maroc ?
Oui, la sortie est prévue début Mars.


Synopsis
Nordine, fils d'un mineur marocain, a grandi à Sallaumines, dans le Nord de la France.
Afin de respecter les dernières volontés de son père qui souhaite reposer dans son village natal du Haut Atlas, Nordine va l'accompagner pour son dernier voyage et entreprendre un long périple sur le chemin de ses racines, jusqu'au pays qu'il va enfin découvrir.
Sur la route, des souvenirs resurgissent.
Ses rencontres avec Mimoun, un Tangérois un peu illuminé, et Nora, une jeune femme en quête de nouveaux possibles, vont lui faire découvrir la personnalité de ce père dont il ignore presque tout et la réalité palpable d'un pays qu'il ne connaissait qu'au travers des rares récits familiaux...

Sortie en France le 2 Février 2005 dans plus de 14 salles à :
Lille, Paris, Montreuil, Marseille, Toulouse, Tours, Grenoble, Nantes, Orléans, Nancy, Avion, Pau, Le Mans.

Voir la bande annonce sur Allocine.fr

Mohamed Ezzouak - Yabiladi.com