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Jeunesse et élections 2007 au Maroc

«Pourquoi participer aux élections 2007?»: tel était le thème de la conférence politique organisée par l’Association des lauréats de l’université Al Akhawayne et qui s’est déroulée mardi soir au Palace d’Anfa à Casablanca. Près de 120 personnes avient répondu à l’appel des sociétaires de la structure associative, qui propose chaque année un débat sur des thématiques sociétales. Au rang des personnalités (et intervenants), on citera Rachid Benmokhtar, président de l’université, Abderrahim Harrouchi, ministre du Développement social, Khalid Jamaï, chroniqueur au Journal Hebdomadaire, Driss Ksikes, en qualité de modérateur…

Débattre de la jeunesse sans une représentativité large de cette dernière n’est certainement pas la meilleure manière d’aborder les problématiques liées au désintérêt manifesté par les jeunes vis-à-vis la politique (95% des jeunes ne s’identifient à aucun parti d’après la grande enquête de L’Economiste).

Que souhaite-on lors de ce large exposé où le débat contradictoire a brillé par son absence? Offrir une tribune pour que les invités du jour exposent (une fois de plus) les grands projets structurants en cours, les carences de nos partis, le rapport du Cinquantenaire, l’INDH, etc.

Une fois encore, tous les ingrédients étaient réunis pour transformer les exposés en débats engagés et respecteux…. Pour qu’enfin, on puisse mettre «les démagos aux poteaux!» La critique jouissive ne doit pas l’emporter sur la critique constructive, celle qui permet l’instauration d’un débat d’idée, de projet contre projet, d’argument contre argument…

S’il n’y a plus d’espoir… dites-le!

Toutefois, il est à retenir que des cris de SOS ont été exprimés. «Lorsque je lis Tel Quel ou le Journal Hebdo, eh ben, j’ai la trouille! Si le Maroc ne peut assurer notre avenir, alors je file aux Etats-Unis pour poursuivre mes études et m’y installer. S’il n’y a plus d’espoir, dites-le nous !» déclare une jeune diplômée d’Al Akhawayne. Quant à son voisin, il indique que «notre rôle est de lancer des projets et pas de les suivre. Y en a marre d’être babysitter! Qu’on nous montre le processus pour prendre notre destin en main».

Pour ce qui est du «pouvoir de nuisance» de sombres courants dans les universités, étudiants et militants proches du PJD ou encore d’Adl Wa Al Ihssane ont été pointés du doigt. «Malheureusement, la démocratie ne nourrit pas, contrairement à certains porteurs d’idéologies obscurantistes qui soutiennent les populations en grandes difficultés sociales. Il faut reconnaître que leur stratégie fonctionne», déclare un ancien de l’université anglophone.

Quant à Rachid Benmokhtar, il reconnaît que le champ politique au sein des universités est investi par des groupuscules extrémistes. «Il est surprenant de remarquer que c’est une minorité qui impose une manière de faire et non de voir à la majorité». Puis, au fond de la salle, une voix s’est élevée pour exprimer l’incompréhension sur la connotation donnée au terme «islamiste». «Ce mot qui nous a été importé de l’étranger ne devrait pas avoir la même signification au Maroc! Etre islamiste, c’est vouer une croyance à l’islam», souligne-t-elle.
L’icône Hassan Nasrallah a été au centre des discussions avant qu’un ancien pensionnaire de l’université d’Ifrane ne coupe court aux échanges. «Lui, au moins, il a projet, une stratégie de communication et des supports crédibles pour relayer ses messages. Nos partis politiques, ne peuvent pas en dire de même, où alors je suis très mal informé», lâche-t-il, un brin ironique. Pour Nabil Ouchagour, issu de la même université, «la question principale est dans l’approche de cette “inconnue” qui jusque là n’avait que des atributs négatifs et qui d’un seul coup se vante d’une certaine “transparence” et de valeurs morales».

Khalid Jamaï le séducteur

«Comment voulez-vous que j’essaie de vous convaincre à participer aux élections 2007 avec tout ce qui se passe dans notre pays comme lors du renouvellement du tiers de la Chambre des conseillers au mois de septembre dernier», déclare d’emblée Khalid Jamaï. «42 années de militantismes ont marqué l’ancien istiqlalien rédacteur en chef de L’Opinion. Un homme qui vit avec son temps, contrairement à ce qu’il affirme ou laisse entendre. Blue jean, chemise blanche et blouson en cuir marron, ce look rock’n’roll lui va comme un gant . Le rap aussi (il reprenait le refrain de rappeurs locaux). Voilà pour la première mise en scène.

«Il m’est difficile de communiquer avec vous, car vous faites partie d’une autre génération, je dirais même mieux: d’un autre civilisation avec Internet, Google…» Une entrée servie à l’auditoire, histoire de détendre l’atmosphère. Comme plat de résistance, il n’a pas été avare. «Je suis très copain avec les islamistes, on a tort de ne pas vouloir discuter avec eux». Une demie-heure plus tard: «je me suis battu contre les dictateurs; je suis donc prêt à me battre, y compris avec des armes contre ceux qui s’emploieront à imposer le voile et autres».
Où encore: «le Roi doit se satisfaire de l’existence de notre journal. Grâce à nous, il apprend ce que lui cachent ses conseillers. Sachez que je suis un monachiste convaincu!». Et «le Souverain est comptable de tout ce qui se passe dans le pays, c’est pas normal».

Une fois l’opération séduction passée, il parachève son œuvre. «Soyez audacieux et créatifs. Vous êtes l’avenir du pays».
Un vrai débat autocontradictoire.

Rachid Hallaouy
Source: L'Economiste

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