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Les représentativité des MRE dans la politique française

Les états-majors des grands partis traditionnels français, l’Union pour la majorité populaire (UMP), le Parti socialiste (PS), l’Union pour la démocratie française (UDF),… multiplient les opérations de séduction, ou plutôt de réconciliation, auprès des communautés. La diaspora marocaine n’échappe pas «aux chasseurs de têtes» qui arpentent les régions de l’Hexagone afin de convaincre un électorat tantôt oisif, tantôt déçu et souvent désintéressé.

Après le coup de fouet donné par la direction nationale du PS et son listing d’une vingtaine de candidats issus de la diversité (23 précisément) qui représenteront le parti de la rose lors des prochaines législatives, c’est au tour de l’ennemi juré, l’UMP, de réinvestir l’arène, 5 ans après l’avoir désertée. Ainsi, un club intitulé «Visibles» vient tout juste de voir le jour au sein du parti «Sarkoziste». Il est censé favoriser la promotion politique des citoyens français issus de l’immigration.

Pour conduire à bien cette mission, le parti majoritaire a opté pour le duo constitué par Brice Hortefeux, bras droit de Nicolas Sarkozy et ministre délégué aux collectivités locales, associé à Yves Jergo, député-maire UMP en Seine-et-Marne. Ces derniers ont invité, en fin de semaine dernière, une cinquantaine d’élus locaux appartenant «aux minorités visibles», à un déjeuner de travail au Sénat. Si l’ambiance était détendue, elle ne tarda pas à devenir moribonde. En effet, les visages commençaient à se crisper lorsque Brice Hortefeux déclarait en substance «qu’en l’absence d’une politique de quotas, la priorité, comme le veut une règle non écrite, va aux députés sortants. En l’occurrence 365. Sauf, si parmi eux, certains sont trop âgés ou ont joué un rôle contraire aux intérêts de la majorité au cours de la législature».

Des mots contre des maux?
En clair, nous avons besoin de vous, mais nous ne pouvons pas satisfaire vos ambitions… légitimes (ou illégitimes?!). De fait, sur les 577 circonscriptions existantes, 365 sont déjà occupées, il en reste donc 212. Jusque-là, la pilule passe difficilement, mais ils caressent encore l’espoir de voir une trentaine de «circo» dédiées aux «beurs». Dès lors, le débat s’anime, les esprits s’échauffent, rien ni fera, le couperet tombe: 10, voire 12 candidats seront investis par l’UMP, le 16 novembre 2006.

Face à la déception «visible» sur les visages, Brice Hortefeux cherche à positiver en comparant ce nombre à celui du Parti socialiste. «12, par rapport aux 212 sièges aujourd’hui non occupés par l’UMP à l’Assemblée nationale, cela représente 6%. C’est plus que le PS qui présentera une petite vingtaine de candidats issus des minorités visibles, soit 4% des 450 sièges qu’il ne détient pas actuellement. Comparés aux socialistes, nous faisons mieux en proportion de 50%», indique-t-il.

Ce rendez-vous au Palais du Luxembourg, huit mois avant les élections législatives, était censé marquer la naissance d’un nouveau courant à l’UMP, «Visibles». Pour sceller le tout, les «beurs» ont réservé un accueil particulièrement glacial à l’intitulé du club. Ils l’ont exprimé avec force, ce qui a poussé Yves Jergo à s’engager à changer l’appellation.

Quant à Najia El Mehdaoui, conseillère municipale en Seine-Saint-Denis, elle regrettait «que la fédération UMP du département 93 n’ait pas investi des personnes issues de l’immigration aux places laissées vacantes par deux députés UMP qui ont pris la décision de ne pas se représenter», souligne-t-elle. Selon elle, la priorité a été donnée à leurs suppléants qui faisaient banquette depuis des années. Une position qui a fait réagir un membre de l’UMP d’origine marocaine. «Il est logique que les militants de longue date soient récompensés avant les nouveaux adhérents issus des minorités visibles qui n’ont généralement pas plus de 2 ans d’ancienneté dans le parti», tempère-t-il.

En outre, des critiques et attentes ont porté sur l’action politico-médiatique du ministre de l’Intérieur (et président de l’UMP), Nicolas Sarkozy. Emmanuel Njoh, originaire du Cameroun, fortement pressenti pour être investi dans une circonscription du Val-de-Marne, déclarait que Nicolas Sarkozy devrait revenir dans les quartiers. «Sa politique devient illisible à l’égard des banlieues», s’est alarmé un autre élu local. «La situation sur le terrain est devenue difficile. Nous sommes seuls, isolés, face à une population très remontée contre Nicolas Sarkozy», renchérit un troisième.
Brice Hortefeux tente alors de calmer le jeu et de défendre son chef. «Il ne faut pas dévier. Nicolas Sarkozy est populaire. Il a la simplicité des mots et le courage des actes», répond-il.

Populaire, peut-être, mais pas forcément auprès de la diaspora marocaine et plus largement africaine. Nombreux sont ceux qui ont cru en «Sarko». Au début de la législature, il avait envoyé des signes forts envers cette communauté avec la création du Conseil du culte musulman, la volonté de faire avancer le dossier (sensible) du droit de vote des immigrés aux élections locales, des prises de position tranchées sur l’identité républicaine à part entière des «beurs», discours incisifs pour une représentativité politique…

En bout de parcours, toutes ses bonnes volontés se sont essoufflées, voire diluées, au fil des mois et des évènements (explosion des banlieues, contexte international). Pour s’imposer au sein de sa famille politique et convaincre l’opinion publique qu’il est l’homme de la situation, Nicolas Sarkozy a tranché. A tort ou à raison. Premier élément de réponse: le 14 janvier 2007 et l’élection du candidat UMP à l’élection présidentielle.

Rachid Hallaouy
Source: L'Economiste

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