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Plus de nouvelles d'un ancien détenu de Guantanamo livré aux autorités marocaines

Ahmed Errachidi a passé cinq années à Guantanamo. Libéré la semaine dernière, il a été livré aux autorités marocaines. Depuis, ni sa famille ni ses avocats n'ont de nouvelles de lui.

"Errachidi a été libéré de la détention provisoire aux Etats-unis et placé sous le contrôle du gouvernement marocain". C'est ce qu'a affirmé un membre du département de la justice américain dans un email adressé à l'avocat de l'ancien détenu. Cette affirmation aurait été confirmée à Reuters par un membre du gouvernement marocain: "Il est vrai qu'il a été livré au Maroc". Cependant, l'officiel s'est refusé à tout commentaire ou complément d'information. Jusqu'à cet instant, personne ne sait où se trouve Ahmed Errachidi.

C'est l'organisation britannique contre la peine de mort Reprieve qui représente Errachidi, à travers son directeur et avocat Clive Stafford Smith. Celui-ci affirme avoir envoyé un fax au ministre marocain de la justice Mohamed Bouzoubaâ. Il y exprimait son souhait de venir au Maroc afin de présenter toutes les preuves mettant en évidence l'innocence de son client. Reprieve affirme n'avoir eu aucune réponse de la part des autorités marocaines. "Pour être honnêtes, nous sommes dans le noir total".
Les proches d'Errachidi sont également très inquièts. "Ahmed souffre de maniaco-dépression depuis les années 90, il doit prendre ses médicaments" soutient un membre de la famille.


Tout commence au Pakistan

Pendant toute la période de sa détention, aucune accusation n'a été retenue contre lui. Errachidi aurait été embarqué dans cette galère par pure erreur. Il aura fallu cinq années pour s'en soucier.
Travaillant en Angleterre comme chef cuisinier depuis 1984, le malheureux destin de ce marocain a commencé à se dessiner en 2001. Son plus jeune fils, qui vit avec sa mère au Maroc, tombe malade. La petite famille a besoin d'argent pour que l'enfant subisse une opération cardiaque.

Errachidi décide de partir au Pakistan. Objectif: travailler dans l'import de bijoux en argent et ainsi rassembler l'argent nécessaire à l'opération. C'est à cette période qu'avait débuté l'invasion américaine en Afghanistan. Touché par un documentaire sur les réfugiés afghans, Ahmed décide d'aller aider ses voisins. "Cette décision reflète ses troubles bipolaires... Sa faculté de jugement est altérée" affirme Stafford, son avocat et directeur de Reprieve.
En effet, ce n'est qu'une fois sur place qu'Errachidi a réalisé le danger qu'il courait. Dès son retour au Pakistan, il est arrêté par les autorités pakistanaises, pour ensuite être livré par des châsseurs de primes à l'armée américaine, moyennant une récompense de 500 dollars, selon un membre de sa famille.

Errachidi a été retenu captif sur la base d'une fausse dénonciation. Un inconnu avait alors affirmé qu'Ahmed avait reçu un entrainement militaire dans un camp terroriste en Afghanistan en juillet 2001. Le quotidien britannique The Times s'est penché sur l'affaire. Son enquête a révélé que le détenu se trouvait en Grande Bretagne ce mois-là, plus précisément à l'hôtel cinq étoiles Westbury où il travaillait, documents et témoins à l'appui.


La Grande Bretagne refuse d'intervenir

Ce n'est qu'après que ces preuves aient été présentées par ses avocats anglais aux autorités américaines que les négociations diplomatiques sur son relâchement ont pu commencer. Le ministère des affaires étrangères de Grande Bretagne a refusé d'y participer, étant donné qu'Ahmed Errachidi n'est pas citoyen britannique, malgré le fait d'avoir longtemps vécu dans le pays.
Selon The Times, Stafford condamne la décision du gouvernement britannique. A défaut d'intervenir pour le ramener en Grande Bretagne, "le gouvernement devrait au moins chercher à savoir où il se trouve". Le sort d'Ahmed Errachidi n'est pas encore connu et son calvaire est visiblement loin d'être terminé.

Salma Daki
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