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Rencontre diplomatique entre le Maroc et Israël à Paris

Au Proche-Orient (PO), la route de la paix passe par… Rabat! Ce n’est pas là une boutade diplomatiquement incorrecte. Mais c’est ce que laisse croire la dernière rencontre, hier à Paris, entre les ministres des Affaires étrangères (AE) marocains et israéliens.

Les discussions entre les deux chefs de la diplomatie, Mohamed Benaïssa et Tipi Livni, ont été «entièrement axées» sur le conflit israélo-palestinien, tient à préciser Fouad Yazourh, directeur de la Communication au ministère des AE. Une précision qui a son poids… diplomatique. Car le Maroc a suspendu officiellement ses liens avec Israël depuis le 23 octobre 2000. Date à laquelle l’unique bureau de liaison israélien, installé à Rabat, a été fermé.
Le Maroc a fait le même pas suite aux répressions de la 2e Intifada par l’armée israélienne.

Côté israélien, même son de cloche. «Vu le contexte régional, c’était un rendez-vous de la plus haute importance. Il s’agit d’un suivi des efforts en vue d’un règlement du conflit israélo-palestinien», a déclaré Livni.

Curieusement, et malgré sa «plus haute importance», la direction de la Communication au ministère des AE «n’était pas au courant que cette rencontre allait être au programme du ministre»!? Une précision de taille, surtout que les entretiens étaient «entièrement axés sur le Proche-Orient».

Toujours est-il que l’issue de la rencontre est qualifiée de «positive» par le n°1 de la diplomatie israélienne. «Nous devons nous souvenir de l’importance du Maroc particulièrement en ce qui concerne le suivi dans le cadre de la Ligue arabe», poursuit Tipi Livni. Rappelons que «le Souverain préside le comité de soutient à Al-Qods. Et de ce point de vue, la rencontre trouve toute sa justification», précise notre ministère des AE.

Reste que le discours diplomatique a plusieurs niveaux de lecture. Surtout lorsque Israël déclare à la fin de son tête-à-tête avec le Maroc que « nous avons des intérêts communs avec les Arabes modérés. Nous avons les mêmes préoccupations, nous affrontons les mêmes menaces».

Difficile donc de ne pas penser au volet sécuritaire à l’heure où la Grande-Bretagne se débat face au terrorisme. D’autant plus que la coopération entre les services secrets des deux pays ne date pas d’aujourd’hui. Tout le monde se rappelle du rôle du Mossad dans l’affaire Ben Barka.

Face à une telle actualité, la question de la normalisation entre le Maroc et Israël revient toujours au 1er plan. «Faites ce que je dis mais ne faites pas ce que je fais». La formule pourrait résumer en substance la politique étrangère de Rabat dans ce dossier. Il est toujours politiquement incorrect de parler publiquement d’une quelconque relation avec Tel Aviv. Inutile de rappeler la médiocre polémique déclenchée par les détracteurs du maire de Marrakech, Omar Jazouli, qui aurait signé en France un accord de coopération touristique avec Marseille et Haïfa.

Mais, au Maroc, le discours politique n’est pas toujours en adéquation avec la pratique économique. Pour preuve, les chiffres publiés en Israël: pour le 1er trimestre 2006, pas moins de 46 firmes israéliennes auraient exporté au Maroc. Et il n’est pas le seul à entretenir de tels rapports. La grande majorité des pays arabes, à commencer par les Palestiniens, font des affaires avec «l’ennemi israélien». Comme quoi «la Realpolitik» finit toujours par prendre le dessus. Heureusement d’ailleurs... pour les commerçants

Faiçal FAQUIHI
Source : L'Economiste

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