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Gouvernement : Le Mouvement Populaire jette l’éponge, Fouad Ali Himma ressurgit

Décidément, l’exercice politique n’est pas un long fleuve paisible, loin s’en faut. Impacté par les aléas de l’environnement (obéissant aux spécificités propres à chaque société), la construction d’un exécutif en mesure de satisfaire les intérêts des uns puis de répondre aux exigences des autres, est loin d’être de tout repos. Et ce n’est pas Abbas El Fassi, Premier ministre marocain qui démentira.

En effet, alors qu’une première «liste» gouvernementale, validée par le Chef de l’Etat (selon des rumeurs persistantes) donnait le coup d’envoi de la session parlementaire – celle-ci s’est tenue vendredi 12 octobre à 16 heures au Parlement en présence du Roi Mohammed VI- on assiste, depuis, à une fronde dont les acteurs sont issus du parti «Mouvement Populaire» (MP). La raison : un désaccord profond du parti rural quant à l’architecture du prochain gouvernement.

Il est fort à parier que la désignation de Mustapha Mansouri (président du RNI) en qualité de président du Parlement, une fonction convoitée par Mohand Laenser, le Secrétaire général du MP, a été l’élément déclencheur. Selon des sources concordantes, ce dernier a agi sous la pression de ses pairs, au lendemain du discours royal (histoire de ne pas passer pour le marginal de l’étape). Une configuration qui donne encore plus de force à l’opposition parlementaire (avec comme chef de file le PJD et les partis de gauche et extrême gauche). Une union de «circonstance» verra-t-elle le jour ? Si tel est le cas, la coalition gouvernementale aura fort à faire, c’est une certitude.

Cependant, force est de constater que cette démission collective bouleverse la constitution du gouvernement. Alors que tout était pratiquement «verrouillé», sous l’œil avisé de conseillers royaux, voilà l’instant que choisit le MP pour claquer la porte. Une situation qui peut surprendre celles et ceux dont l’apprentissage de la démocratie est une étape révolue. Est-il imaginable, acceptable, d’assister à des démissions sur fond de rancoeurs tout sauf idéologique et programmatique.

Surpris, mais pas déstabilisé, les promoteurs du gouvernement font face (et front) à cette nouvelle donne. D’autant plus qu’elle arrange les partis comme l’USFP, le RNI ou encore le PPS, qui se prêtent à rêver d’une extension de leur représentativité au sein de gouvernement. Seulement voilà, un nouveau protagoniste s’est invité brusquement à la table des négociations. Il s’agit du Parti National Démocratique (PND), présidé par Abdelhak Kadiri (défait lors des législatives à Berrechid), mais qui a su relever la tête grâce à sa capacité à convaincre Fouad Ali Himma de les rejoindre (et dans ses valises 5 députés sans étiquette partisane)

Du coup, le PND qui comptait 28 députés (après son alliance avec le parti Al Ahd) voit son compteur afficher le nombre de 33. Ainsi, il est outillé pour négocier avec Si Abbas El Fassi. Qu’adviendra-t-il de cette composante ? La nuit de dimanche à lundi sera entièrement dédiée à achever le puzzle. Fouad Ali Himma fera-t-il son entrée dans le gouvernement ? Le contraire serait…surprenant.

Dernière minute : Fouad Ali El Himma se démène pour rassembler autour de lui au moins 20 députés, ce qui lui permettrait de constituer un groupe parlementaire (avec le parti Al Ahd entre autres). Cette manoeuvre a pour objectif de peser sur les négociations et sur l'échiquier politique à venir. (Il ambitionne de présider la commission des affaires étrangères au sein de la première chambre.)
Ceux qui prédisaient un destin politique à court terme pour Fouad Ali El Himma se voient conforter.

Une entrée parlementaire dans le noir total

Vendredi 12 octobre 2007, ouverture de la session parlementaire par le Roi Mohammed VI au Parlement à Rabat. Il est 15 heures 54 lorsqu’une coupure de courant interrompt le discours du Souverain. Durant une vingtaine de secondes, l’enceinte est dans le noir. Les parlementaires, tous vêtus de blanc, bloquent leur respiration, le service de sécurité agit en coulisse et le personnel de maison appréhende la suite des évènements. Toujours est-il que le Roi ordonne la lecture de versets coraniques. La situation retrouvera sa normalité au bout d’une dizaine de minutes. On retiendra le self control du Roi et la rapidité d’intervention des agents malgré la…pression.


Rachid Hallaouy
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