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Le nouveau gouvernement marocain face aux réformes et à une opposition renforcée

Le nouveau gouvernement marocain affiche sa volonté d'assurer la continuité des réformes initiées par le roi Mohammed VI alors que les islamistes du Parti justice et développement (PJD) entendent "faire pression au Parlement pour que ce cabinet fasse preuve d'efficacité".

Le nouveau Premier ministre conservateur, Abbas El Fassi, a indiqué lundi que les réformes socio-économiques constitueront l'une des priorités de son gouvernement. "Nous allons ouvrir d'autres chantiers et parachever ceux qui ont été mis en place par mon prédécesseur, Driss Jettou auquel je rends hommage", a-t-il déclaré.

Le roi Mohammed VI a fixé les grandes lignes du gouvernement, notamment dans l'administration, l'éducation et la justice, trois jours avant la nomination du nouveau cabinet d'Abbas El Fassi (67 ans).

"Nous appelons aussi le prochain gouvernement à s'atteler sans tarder à la mise en place d'un plan d'urgence pour consolider ce qui a été réalisé, et procéder aux réajustements qui s'imposent", a-t-il déclaré.

Le Premier ministre sortant Driss Jettou avait jugé "positif" son bilan évoquant de grands chantiers d'infrastructures, des avancées en matière de droits de l'Homme et un Code de la famille moderne - adopté en 2004 - qui accorde de nouveaux droits aux femmes.

Mais selon un des dirigeants du PJD, Mustapha Ramid, "ce nouveau gouvernement ne rassure pas et nous ne nourrissons pas l'espoir qu'il fasse avancer le Maroc".

"La véritable mission du parti est de faire pression au sein du Parlement pour que ce cabinet fasse preuve d'efficacité", a-t-il déclaré mardi.

Le PJD, arrivé en 2e position lors des législatives a enlevé 46 sièges (sur un total de 325) contre 42 en 2002.

L'association Al Adl Wal Ihssane (Justice et bienfaisance, tolérée mais non reconnue) - la plus influente du mouvement islamiste marocain - se montre beaucoup plus critique.

"Les partis politiques ont été vidés de leur substance, et celui qui tient les rênes, c'est bien l'institution royale", a déclaré mardi Fathallah Arsalane, porte-parole de cette formation qui a boycotté le scrutin législatif du 7 septembre.

"Les masques sont tombés, et lors des négociations, la lutte s'est déroulée non pas autour de l'application des programmes des partis de la majorité, mais autour des portefeuilles et des avantages", a-t-il ajouté.

Le politologue Mohamed Darif, a souligné le "rôle modeste" des partis de la majorité face à "l'hégémonie des technocrates".

"Le rôle des technocrates a gagné en importance laissant aux partis politiques un tout petit rôle", a-t-il ajouté.

"Le véritable concepteur de ce gouvernement est Mezziane Belefkih (conseiller du roi Mohammed VI)", écrit mardi le journal indépendant Al Massae.

"Ce conseiller a mis en veilleuse la Constitution qui accorde au Premier ministre le droit de proposer des ministres au roi, et a fait preuve d'ingéniosité en créant le parti le plus fort au gouvernement, celui des technocrates", souligne ce journal.

Deux conseillers du roi, Mohamed Moâtassim et Mezziane Belfekih ont mené les consultations avec Abbas El Fassi pour former le gouvernement, selon la presse.

L'opposition au cabinet de M. El Fassi sera renforcée par l'arrivée dans ses rangs du Mouvement populaire (MP), un grand parti du centre droit de sensibilité berbériste.

Cette formation qui jusqu'à dimanche devait faire partie de la coalition gouvernementale, a fini par rejoindre l'opposition aux côtés des islamistes.

La majorité actuelle compte quatre partis: l'Istiqlal, l'Union socialiste des forces populaires (USFP), le Rassemblement national des indépendants (RNI, centre droit) et le Parti du progrès et du socialisme (PPS, gauche).

Source: AFP

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