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Polémiques suite à l'interview du "chef" du Polisario

La récente publication par un hebdomadaire en langue nationale d’un entretien avec le sieur Mohamed Abdelaziz, chef des mercenaires du F. Polisario, a provoqué des réactions diverses au sein de la profession. Alors que certains, rappelant le précédent du " Journal ", réclamaient ouvertement l’intervention de la Justice pour juger ceux qu’ils accusent d’intelligence avec l’ennemi, d’autres, plus " tolérants ", ont estimé qu’un Etat fort et sûr de ses droits, n’avait rien à craindre des rodomontades d’un renégat, publiées, de surcroît, dans un hebdomadaire au rayonnement limité. Ces deux approches d’une réalité de plus en plus établie, celle de l’existence d’une vraie liberté de la presse au Maroc, interpellent sérieusement l’ensemble des médias nationaux, l’opinion publique de notre pays, mais aussi et surtout les autorités publiques.

Corneille n’est pas marocain

Nonobstant le fait que la démarche de l’hebdomadaire en question n’a produit aucun effet sensationnel, puisqu’il s’agissait de la simple redite de positions aussi éculées qu’inintéressantes d’un individu traître à sa patrie, on reprochera aux responsables de cette publication d’avoir complaisamment offert leurs colonnes au Polisario, non pour lui donner l’opportunité d’avancer concrètement dans la voie d’un règlement définitif de la question, mais pour tenter de gonfler leurs ventes grâce à des procédés douteux, déontologiquement parlant. Car, quel est cet esprit naïf qui pourrait croire une seule minute que le sieur Abdelaziz choisirait une " feuille de chou " marocaine pour exposer à la face du monde des propositions réellement positives destinées à permettre le déblocage d’une situation de crise qui perdure depuis près de trente ans ?
Ainsi, on s’aperçoit, au détriment d’une cause nationale sacrée, que l’irresponsabilité et l’esprit de lucre sont en fait les deux mamelles du sensationnalisme qui caractérise une bonne partie de notre presse nationale, arabophone et francophone.

Cette dérive, qui s’exprime également à travers l’évocation scandaleuse de situations qui touchent à la vie privée et aux familles de personnalités connues, doit-elle pour autant entraîner la redite de comportements administratifs qui, dans un passé récent, ont eu l’effet exactement inverse à celui recherché à l’époque ?
Partant du fait qu’il existe au Maroc un code de la Presse, d’aucuns souligneront la nécessité d’appliquer la loi, au nom du principe " dura lex, sed lex ", en attendant sans doute l’amendement d’un corpus juridique par trop restrictif et décrié quasiment par l’ensemble de la profession pour sa sévérité.

Cependant, pour les questions de diffamation, d’insultes ou d’atteinte à la vie privée, on ne soulignera jamais assez l’utilité de poursuites devant les tribunaux afin de toucher les " voyous " là où cela leur fait réellement mal, leur portefeuille. C’est d’ailleurs la pratique usuelle dans les pays les plus avancées en matière de presse, tels les Etats-Unis, la France, la Grande-Bretagne…
Pour les questions afférentes aux sacralités, et notamment celle de l’unité nationale, il serait préférable, sans doute, de juger au coup par coup, en fonction de la gravité de la faute commise.
Transformer de sombres plumitifs en héros n’est pas, en effet, le but recherché, d’autant qu’à l’étranger, nombre d’ONG et de journaux seront prompts à considérer ces éventuelles mesures légales de correction comme des occasions de cracher leur venin anti-marocain. La meilleure solution, incontestablement, serait que la profession se dote au plus vite d’une instance arbitrale et éthique qui, chaque fois que cela serait nécessaire, rappellerait à l’ordre (dans tous les sens du mot) les auteurs de dérapages déontologiques.
Cette solution, marquée au sceau de la souplesse, exprimerait donc une situation de tolérance majeure et permanente. Celle-ci serait donc la règle en matière de liberté d’expression, agrémentée cependant de la possibilité légale d’intervention par le biais de décisions de justice, a posteriori, dans le cas de violations patentes et avérées, de l’esprit et de la lettre de ce " code d’honneur " de la profession, nécessitant donc une réaction graduée et responsable du pouvoir exécutif.

Mais, on l’aura compris, l’instauration et la confirmation d’un état de droit, garantissant la liberté de la presse, ne sauraient en aucun cas, justifier l’injustifiable ou accepter l’inacceptable.
Deux exemples permettront d’illustrer cette évidence.
Ainsi, la publication évoquée plus haut de l’entretien d’Abdelaziz par un titre local est une faute éthique et une atteinte objective à la cause d’unité nationale du peuple marocain. Mais interdire cette publication, " embastiller " ses dirigeants seraient des mesures trop fortes, quand le mépris et la mise à jour des vrais motifs de ces " journalistes " seront suffisants pour contrer de telles dérives.
Par contre, publier une information sous un jour anodin, qui énonce qu’un ressortissant marocain, d’origine ou non de nos provinces du Sud, appelle publiquement ses compatriotes à prendre les armes contre le pouvoir central est d’une tout autre nature, que l’on peut juridiquement qualifier d’appel à la sédition, d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat, de trouble à l’ordre public. De telles déclarations, émanant d’individus qui proclament ouvertement, au Maroc même, leur affiliation à un mouvement mercenaire et séparatiste, sont effectivement dangereuses pour notre cause nationale sacrée. Parce qu’elles donnent à croire que l’Etat est passif, faible et incapable d’honorer ses engagements induits par le Serment de la Marche Verte, mais aussi parce qu’elles abondent dans le sens de la propagande du F. Polisario et de son maître, l’Algérie, qui prétendent que nos provinces du sud sont le théâtre quotidien d’heurts et de manifestations de nos concitoyens réclamant leur détachement de la mère patrie.

Pire encore, accepter que des sujets et citoyens du Royaume soutiennent ainsi la thèse des sécessionnistes dans les contextes international, régional et onusien à la fois marqués par la reconnaissance de plus en plus ample de la nécessité de la recherche entre toutes les parties concernées et intéressées d’une solution politique et négociée à la question du Sahara marocain est une démarche objective d’affaiblissement du front intérieur et de sape de notre situation d’unanimité nationale. Alors que l’Algérie et ses séides ont reçu un camouflet majeur tant au Conseil de Sécurité de l’ONU que devant la Quatrième Commission, que le Secrétaire général et son représentant personnel M. Alvaro de Soto se sont engagés dans la recherche des modalités de la mise en œuvre de cette solution politique, en abandonnant la démarche (caduque parce qu’impraticable) de M. James Baker et de son plan, il se trouve aujourd’hui quelques égarés au Maroc pour abonder dans le sens des séparatistes et quelques journaux pour reproduire ces déclarations infâmes.
Cela est d’autant plus grave et pernicieux que nos compatriotes sahraouis, à l’instar des autres habitants du Royaume, jouissent d’une réelle liberté d’expression depuis juillet 1999, laquelle liberté leur permet d’exprimer, quand ils le désirent, leurs frustrations ou leur colère sur des questions afférentes à leur situation économique ou sociale. Cet atout, fruit de l’approfondissement du processus démocratique dans notre pays, ne saurait être exploité à des fins séditieuses, d’autant que le projet politique mis en avant par le Maroc, dans le cadre onusien, s’appuie largement sur ces acquis dont jouissent l’ensemble des Marocains. Mieux encore, le soutien de plus en plus large dont jouit notre pays au plan international, trouve l’une de ses origines dans cette situation singulière, assurément originale à l’échelle du Maghreb, voire du monde arabe.

Voilà pourquoi, d’aucuns peuvent estimer nécessaire de laisser s’étendre et se développer cette dérive sécessionniste, largement exploitée par nos adversaires, en Algérie d’abord, mais aussi à l’endroit de toutes les caisses de résonance dont ils disposent en Europe, à l’ONU, dans les médias et parmi celles des ONG qui travestissent très mal leur sympathie pour le F. Polisario. De peur donc de voir nos atouts amoindris par une réaction légaliste, mais répressive (qui serait pourtant assortie de toutes les garanties juridiques, médiatiques, de transparence, etc), ils suggèrent que les débordements d’officines, de cellules ou d’individus actionnés par le F. Polisario, dans nos territoires du Sud, devraient être acceptés comme des pis-aller. Ils estiment également que ceux qui " leur servent la soupe " par complaisance ou volonté de profit, en dévoyant la relation qui existe entre liberté de la presse et esprit de responsabilité et patriotisme, doivent être tolérés, tel un mal nécessaire.

Ce faisant, ils font passer un très mauvais message, celui du laxisme, de l’abandon de l’état de droit, voire de la renonciation aux droits et prérogatives accordés au Maroc par l’ONU, dans les territoires du Sud, ceux d’une puissance administrante possédant la réelle faculté d’y faire appliquer ses lois !
En outre, ils ouvrent ainsi la porte à tous ceux qui, en spécialistes émérites de la manipulation médiatique, servis de surcroît par des moyens financiers énormes, utiliseront les manifestations de mécontentement social et les divagations d’illuminés pour accréditer leur thèse fallacieuse d’une lutte de libération nationale au Wadi Eddahab et dans la Saquiat Al Hamra.
Malgré les craintes parfois justifiées d’un retour en arrière, à des époques où le tout sécuritaire tenait le haut du pavé, il serait illusoire de croire que nos adversaires sont d’angéliques démocrates ! L’ennemi intérieur quoique faible et peu nombreux, existe réellement. Il est servi par notre propre démarche, celle d’un Maroc démocratique, ouvert et tolérant, prêt à de très larges concessions lorsque viendra le moment de donner un contenu concret au projet de large autonomie régionale pour nos provinces du Sud. Mais pour que ce moment arrive enfin, dans les meilleurs délais, il ne s’agit pas d’affaiblir notre propre front, de donner arguments, symboles et moyens d’expression à ceux qui rêvent de dépecer le Maroc.
Nul dilemme donc pour ceux qui, en toute responsabilité, connaissance de cause et sens de l’intérêt national, ont la charge de préserver l’unité nationale et l’intégrité territoriale.
L’Etat doit défendre ses droits, comme cela est admis dans toutes les parties du monde. Et Corneille n’est pas marocain…

Fahd Yata
Source: La Nouvelle Tribune

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