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Al Himma lance son parti politique

Fouad Ali El Himma passe à la vitesse supérieure et crée son parti politique quelques jours à peine après s'être doté d'un groupe parlementaire à la chambre des Conseillers. Le parti politique de l'ex-ministre délégué à l'intérieur prendra d'ailleurs la même dénomination que les deux groupes parlementaires, à savoir «Authenticité et Modernité».

Cette décision a été prise lors d'une méga-rencontre, tenue dimanche à Salé, entre les membres du bureau du MTD et les deux groupes parlementaires. «Cela passera par le regroupement, au sein d'une seule formation de cinq partis politiques qui vont fusionner après la décision de leur dissolution», indique Bachir Znagui, porte-parole du Mouvement pour tous les démocrates, qui explique toutefois que «ce parti n'a rien à voir avec le Mouvement même si des membres de ce dernier y seront présents à titre strictement personnel».

Résultat dès courses : d'ici fin août courant, le parti Al Ahd, lePND, l'Alliance des libertés, le PED de AhmedEl Alami et les Initiatives citoyennes pour le développement (ICD de Mohamed Benhammou) annonçeront leur dissolution selon les modalités prévues par les statuts de chaque formation. Un congrès constitutif sera tenu par la suite comme le prévoit la loi sur les partis. «Cela interviendra vers le mois de novembre. En tout cas, cela se passera avant fin décembre 2008», explique Bachir Znagui. Et Fouad Ali El Himma dans tout cela ? «Il y sera bien sûr en tant que membre du groupe parlementaire de la première chambre, mais ne devrait pas assumer de responsabilité», rétorque un membre du MTD qui ajoute que, selon toute vraisemblance, le secrétaire général du nouveau parti ne serait autre que Ahmed Akhchichine, ministre(sans appartenance politique) de l'Education nationale et président du MTD. «Mais pour cela, il ne devra plus assumer de responsabilité au sein du Mouvement», ajoute notre interlocuteur. Mieux encore, le nouveau parti planche déjà sur la préparation de ce qui sera son programme. Après un dîner avec un cercle restreint de la CGEM il y a quelques semaines, la confédération du patronat a reçu, hier (lundi), la visite d'un émissaire du MTD pour une rencontre portant sur le voici économique du programme du parti d'El Himma. «Un comité restreint de la CGEM s'est proposé de conseiller le nouveau parti pour la conception de son programme économique», assure une source interne. Cerise sur le gâteau pour ce nouveau parti, ses initiateurs préparent déjà une alliance avec l'Union constitutionnelle (UC) et le Mouvement populaire(MP) avec un objectif assez clair. «Il y a un accord de principe pour une telle alliance et plus précisément dans la perspective des élections communales de 2009», admet Bachir Znagui.

Réagissant à l'annonce de la prochaine création de ce parti, Aziz Rabbah, membre du secrétariat général du PJD, affirme qu'il est du droit de tout citoyen de créer un parti ou une association. Toutefois, le jeune leader islamiste et député de Kénitra met le point sur deux aspects qui jalonnent la création du parti d'El Himma. «Nous avons longtemps souffert de la transhumance politique et ce phénomène revient en force chez des gens qui se réclament de la modernité et de la démocratie», affirme-t-il. «La deuxième des choses est que nous refusons la neutralité positive de l'Etat et nous ferons face à tout recours, par ce parti, aux organismes ou moyens de l'Etat», conclut Aziz Rabbah.

Autre son de cloche chez Mohamed El Yazghi, qui campe toujours sur une position de principe déclinée depuis plusieurs mois. «Je ne me sens pas concerné, en tant qu'USFP, par ce qu 'entreprend Fouad Ali El Himma. Par son parcours et son histoire, il ne sera jamais socialiste, et ce qui m'intéresse, c'est le pôle social-démocrate en plus de nos alliés de la Koutla», déclare le chef de file des socialistes qui conclut en affirmant que «El Himma est libre de réunir les libéraux si cela l'intéresse». Mais pourquoi un parti politique ici et maintenant, au moment où les dirigeants du Mouv', El Himma en tête, affirmaient qu'une telle option n'était pas à l'ordre du jour ? L'appétit de l'ex-ministre délégué à l'Intérieur et heureux élu de Rhamna semble ne plus avoir de limites. A l'ouverture du Parlement, il arrive à se doter d'un groupe devenu «soupape de sûreté» pour le gouvernement de Abbas El Fassi. A la clôture de la première année de la même législature, il prend tout le monde de court pour se payer un groupe à la chambre des Conseillers où ce dernier risque d'ailleurs de devenir le groupe le plus étoffé, surtout que la liste est toujours ouverte. Avec l'annonce d'un parti politique avant l'ouverture de la deuxième année de l'actuelle législature, cette dernière sera définitivement marquée par le sceau d'El Himma et il faudra désormais compter, et doublement, avec les élus estampillés «Authenticité et modernité». Et, dans le cas où l'alliance avec l'UC et le MP arriverait à aboutir, c'est encore le gouvernement qui se retrouvera davantage fragilisé. Mais bien avant la rentrée politique, le MTD a d'autres plans «expansionnistes» : actuellement, il étudie l'éventualité de présenter des candidats indépendants (ou d'en soutenir d'autres) à l'occasion des élections partielles suite aux décisions du Conseil constitutionnel. «Il s'agit de 8 à 10 sièges qu'il n'est pas question de laisser tomber dans l'escarcelle du PJD», tranche un membre du MTD.

Mohammed Boudarham
Source: Le Soir Echos

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