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Belgique: Sfia Bouarfa, parcours réussi d'une sénatrice belge d'origine

Vouloir présenter Sfia Bouarfa à Bruxelles serait saugrenu tant cette sénatrice d'origine marocaine est bien connue dans les milieux politiques belges pour son combat contre les discriminations de tous genres en faveur des communautés étrangères résidant en Belgique.

Native de la ville de Jerada, Sfia Bouarfa est aujourd’hui membre du sénat. Arrivée en Belgique, dans les années soixante dix, pour y poursuivre des études universitaires, elle a été amenée à prendre la défense des laissés pour compte, quelle que soit leur origine et à militer fermement en faveur de la régularisation des sans papiers.

Qualifiée par les hommes politiques belges de "rebelle" et par les médias de " tempête du désert ", Sfia Bouarfa dérange tout simplement par son franc parler et sa liberté d’action.

Conditionnée par l’histoire de sa ville, cette fille d’un responsable minier de Jerada, a été imprégnée des valeurs de la solidarité sociale. La vie rude des mineurs l’a façonnée et a déterminé son parcours, son action et ses prises de décision fermes.

Dès sa venue en Belgique, elle fut, elle-même, victime de la discrimination en matière de logement et d’emploi bien qu’elle soit titulaire d’un diplôme universitaire, ce qui amène la jeune femme "brune" à s’engager davantage en faveur des communautés étrangères, à dénoncer les clichés et les préjugés engendrés par l’ignorance.

Tissant des liens subtiles avec les étrangers de Belgique, elle est sans cesse interpellée par les questions d’ordre social et politique. Un stage au sein de la Commission européenne sur la Directive de l’égalité de traitement entre les hommes et les femmes lui ouvre les yeux, a-t-elle confié à la MAP quelques jours avant la célébration de la journée internationale de la femme.

Son emploi au sein de l’administration communale lui a donné l’opportunité de connaître pendant trois ans la réalité des conditions de vie des étrangers. Ceci, se souvient elle avec regret, "m’a value un licenciement politique".

En effet, la femme est une volubile audacieuse n’hésitant pas à juger tout haut les attitudes des uns et des autres, défrayant les chroniques politiques et provoquant des cas de conscience individuelle ou collective. Agaçante pour les uns, sympathique pour les autres, le personnage suscite la curiosité et ne laisse point indifférent. Lorsqu’on la croise on se souvient d’elle tellement elle est désarmante par son humilité naturelle, sa probité intellectuelle et sa générosité humaine.

Fidèle à ses racines marocaines, Sfia Bouarfa explique, que la générosité fait partie des principes de solidarité ancrés dans l’éducation marocaine. " Que l’on soit riche ou pauvre, soutient-elle, la générosité est un élément de la culture marocaine ".

Et c’est, fidèle nostalgique à ce passé marocain que Sfia Bouarfa intègre le mouvement contre le racisme et la xénophobie puis fonde en 1993 l’association "Médias, Femmes Internationales".

J’ai voulu, souligne-t-elle, "créer une association par nous-mêmes et pour nous-mêmes où nous ne serons pas de simples exécutants. Mon ambition a été de faire adhérer les jeunes des quartiers, des immigrés en l’occurrence afin qu’ils prennent leur avenir en main et mes objectifs sont l’alphabétisation, le soutien scolaire aux enfants, le suivi des dossiers de régularisation de séjour des étrangers".

Dans cet élan, elle finit par rejoindre le parti socialiste belge et se présenter aux élections afin de mieux dénoncer et de pouvoir défendre "ce qui lui tient à cœur ". Certes, un tel profil ne peut rester indifférent à la détresse humaine.

Sfia Bouarfa a fait plusieurs petits "boulots", la plonge, le nettoyage, femme de chambre aussi. Toutes ces choses lui ont permis d’appréhender sur le terrain les dures conditions de travail des petites gens et de prendre leur défense en commençant par organiser plusieurs manifestations dont celles en faveur des sans papiers avec le résultat d’une régularisation en 1974.

C’est donc par la force des choses qu’elle adhère au parti socialiste où elle se distingue en remportant depuis quatre vingt quatorze, les "bons scores" aux élections communales et régionales. Et c’est tout aussi naturellement que la fille des mines de Jerada, première bachelière de sa ville, entre en 1995 au Sénat.

Dans la vie politique, son caractère déjà bien trempé se renforce au gré des évènements n’hésitant pas à "dire les choses en toute tranquillité lorsqu’elles sont en inadéquation avec les valeurs".

Aussitôt membre du Sénat, elle créé en 1997 "Le comité de soutien pour les sans papiers" faisant adhérer plusieurs parlementaires socialistes, dont le président du parti et mis en place un congrès focalisé sur la question des sans papiers avec soirée thématique. En 2000, la Belgique entreprend une vague de régularisations. Cela prouve, précise-t-elle, que " le combat est quelque part porteur ".

Dans l’hémicycle, la sénatrice a pris aussi l’habitude d’interpeller chaque jeudi la ministre en charge de l’immigration qui n’a pas encore appliqué l’accord gouvernemental sur les régularisations des sans papiers.

"Au Sénat j’ai aussi quelques propositions de loi pour la régularisation des sans papiers demandant un moratoire au gouvernement contre les expulsions", fait savoir la sénatrice qui a la réputation dans Bruxelles, que "lorsqu’elle prend un dossier elle ne le lâche pas".

Bien évidemment, Sfia Bouarfa, dotée d’un diplôme d’assistante sociale et d’une licence en sciences du travail de l’Université de Louvain, ne lâche aucunement prise. Elle veut également être un cordon indéfectible entre la Belgique et le Maroc répétant avec émotion, "tout ce que j’ai, c’est le Maroc qui me l’a donné et tout ce que j’ai appris, c’est au Maroc que je l’ai appris".

Dans cet engagement sans faille pour son pays d’origine, elle plaide pour que la Belgique puisse valoriser les compétences d’origine marocaine et pour un rapprochement entre les parlementaires, les universitaires et la société civile des deux pays.

Sfia Bouarfa milite aussi pour la consolidation des attaches avec son pays d’origine et garde une pensée qu’elle veut éternelle avec sa ville natale Jerada, "qui m’a livré les armes de mes combats actuels".

Source: MAP

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