Menu

Une association pour faire de la politique autrement

Fidélité à la démocratie tient congrès :

La sono crachait de vieux tubes de Nass El Ghiwane, et il n'en fallait pas plus pour chauffer une salle bondée. Des banderoles un peu partout, accrochées aux murs de la salle Soumaya, à Rabat, sont venues compléter le tableau. Le militantisme que d'aucuns imaginaient comme paradis perdu est revenu à la vie. Peu importe qu'il soit jauni par le temps qui passe et la nostalgie. Le militantisme avait aussi, ce samedi 27 novembre, de forts relents revendicatifs, accrochés aux cimaises des préalables.


" Pas de transition démocratique sans réforme de la constitution ", " le pillage de l'argent public est un crime économique " affirmaient les banderoles en grosses lettres noires.

Derrière la tribune, le mur s'était fait drapeaux : le drapeau national entouré –étrangement penserait l'observateur naïf- de ceux palestinien et irakien. Oui, affirmait une autre banderole au fond de la salle, la question palestinienne est une cause nationale…Le Palestinien de Rabat, Wassef Mansour, convié à faire un discours, le dira d'ailleurs des trémolos dans la voix.

" Fidélité à la démocratie ", cet ex-courant contestataire de l'USFP conduit par le trio Sassi-Hafid et Akesbi tenait congrès et forcément, il y avait de l'histoire dans l'air. Nostalgie ou militantisme, on pouvait reconnaître aux premiers rangs des anciens détenus politiques, de célèbres avocats de tous les procès des années de plomb, des activistes des droits humains, des passionarias de la cause des femmes, des associatifs. Un écran géant faisait justement défiler l'histoire de " Fidélité à la démocratie ".

Hafid et son refus d'une élection truquée et un siège de député, cadeau du ministère de l'Intérieur en 1997, l'interdiction du journal An-Nachra qu'éditait la jeunesse ittihadia que présidait le même Hafid, les positions de Mohamed Sassi sur l'institution monarchique –le baise-main peut-il raisonnablement être un élément de débat dans un pays où le déficit social, la pauvreté et le chômage sont des urgences ? L'association ressemble à s'y méprendre à un parti, en a tous les signes organisationnels, allant jusqu'à emprunter son lexique (sections, base, direction nationale, rapport politique) mais ne fait pas son " coming out " pour se déclarer. " Fidélité… " a une histoire et tient à faire savoir qu'elle n'est pas fille d'aujourd'hui. . " Nous avons créé l'association en 2001 lorsque nous avons quitté l'USFP pour les raisons que nous connaissons.

Nous avions créé une association politique, nous n'avions pas voulu créé une énième boutique politique. Nous nous étions fixé comme tâche dans un premier temps de nous constituer en association et de travailler à la création du grand parti socialiste mais en regroupant et non pas en divisant, en essayant de faire en sorte que les forces qui existent et qui pourraient nous rejoindre se regroupent. C'est le premier congrès de l'association. Pourquoi un congrès ? Nous nous disons Fidélité à la démocratie et on ne peut pas le dire juste comme ça. La démocratie est aussi dans la méthode, dans le processus.

En tant que direction nationale provisoire, personne ne nous a élus. Nous nous sommes pas donné le droit d'engager l'ensemble des militants de Fidélité à la démocratie dans un processus unitaire sans demander à la base son point de vue. Aujourd'hui, il s'agit déjà d'un couronnement d'un processus ", explique Najib Akesbi, membre de la direction provisoire.

Dans un souci de reconnaissance probablement , les dirigeants de Fidélité liront, à la tribune, les noms des représentants de partis politiques venus assister à la séance d'ouverture.

Des observateurs aussi

L'USFP avait dépêché Ahmed Rih, l'Istiqlal Ahmed Khalil Boucetta et le PPS Mohamed Grine. Les alliés de la GSU étaient présents en force (Bensaïd Aït Idder, Moujahid, Mustapha Miftah…) alors que le congrès national ittihadi était représenté par son leader, Abdelmagid Bouzoubaa.

Question : « Fidélité à la démocratie » a-t-elle ratissé large en conviant également les islamistes du PJD (Benkhaldoune) et ceux d'Al Adl oua Al Ihssane ou, au contraire, cette association défend-t-elle la thèse selon laquelle les islamistes sont solubles dans la démocratie ?

« Qui sommes-nous ? Allons –nous apporter une plus-value au champ politique ? » demandera Mohamed Sassi, grand orateur devant l'éternel. Réponse du même Sassi : « Nous sommes une force critique dans le paysage politique et nous ne voulons pas faire de la politique de n'importe quelle manière en acceptant n'importe quoi, y compris des cadeaux électoraux. Nous ne voulons pas non plus faire dans le suivisme comme font aujourd'hui tous les partis ? Faut-il accepter la participation à n'importe quel prix ? Il n'est pas question de transition tant que le jeu politique n'est pas complètement ouvert et la loi sur les partis est une manœuvre de l'Etat pour redistribuer les cartes ».

Conclusion provisoire : « Fidélité à la démocratie » est une association politique qui veut faire de la politique autrement, ses membres militants probablement des champions de la revendication. L'association, née dans la douleur du refus de la pensée unique, est une inconditionnelle de la démocratie.

A Bouznika où se sont poursuivis ce week-end les travaux du congrès, des observateurs de l'AMDH, l'OMDH et Transparency devaient superviser les élections des différentes structures de « Fidélité… »

2005 sera l'année de l'unification, un processus qui a déjà commencé avec la création du rassemblement de la gauche démocratique regroupant la GSU, le PADS, le CNI, Annahj Addimokrati et Fidélité à la démocratie. « Le 12 décembre prochain, vont se réunir les cinq comités centraux du rassemblement », annonce M. Sassi

« Il y a en fait une double dynamique. La première est entre les formations qui s'estiment déjà prêtes pour aller réellement vers l'unité. C'est le processus qui a lieu en ce moment avec la GSU. Il y a une autre dynamique qui se complète avec celle-ci : elle est entre les cinq formations qui se retrouvent dans le rassemblement de la gauche démocratique .

C'est plus fort que la simple coordination et ce n'est pas encore l'unification. Ce rassemblement se donne un programme de travail et agit de manière unitaire toujours dans cette perspective. Notre démarche est une sorte de dynamo dans ce processus », conclut Najib Akesbi.




Narjis Rerhaye
Source: Le Matin

Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com