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Du changement à la tête de l'armée marocaine ?

La nouvelle est sans cesse répétée, mais cette fois, sera-t-elle la bonne? Du changement serait en vue à la tête des différents corps des Forces armées royales (FAR).

C'est ce que nombre de sources concordantes affirment. Les trois principales têtes de l'armée, à savoir le général Abdelaziz Bennani, Inspecteur général des FAR, le général Hosni Benslimane, commandant de la Gendarmerie royale et le général Bouchaïb Arroub, chef du 3e bureau de l'Etat-major des FAR, sont toutes concernées. Une date serait même fixée dans ce sens. Certains parlent du 14 mai prochain, date anniversaire de la création des FAR. D'autres avancent celle du 10 juillet, jour de la fête du Trône et date pendant laquelle les grandes promotions comme les changements marquants sont annoncés. Entre temps, et de source digne de foi, on apprend ainsi que le Souverain aurait demandé aux généraux précités d'établir, chacun, une short-list de leurs potentiels successeurs. Une manière de sauvegarder le prestige des généraux partants, mais aussi de s'assurer que le changement se fasse de la manière la plus fluide, avec une nouvelle génération d'officiers supérieurs aussi dévoués au trône que leurs prédécesseurs.

Dans les rouages, quelques noms commencent déjà à filtrer. On parle ainsi du général Zouhri, du général Benyasse et du général El Kouch. La démarche qui tranche cependant avec les récentes rumeurs, voulant que le «casting» ait été confié au .patron de la DGED (Direction générale des études et de la documentation, les renseignements extérieurs), Yassine Mansouri. Dans tous les cas, et plus qu'une issue logique d'une carrière bien remplie pour ceux qu'on appelle le Triangle d'Or des FAR et qui est déjà entamée par la limite d'âge, ces départs traduisent une volonté royale d'apporter du sang neuf et de marquer ses dix ans de règne par un cachet de renouvellement qui n'épargne visiblement plus la Grande muette. Une armée que le Souverain connaît très bien, pour avoir notamment occupé la fonction de Coordinateur des bureaux et des services des Forces armées royales du temps où il était prince héritier. Et un changement d'ores et déjà entamé, d'abord par la nomination d'un civil, le même Yassine Mansouri, à la tête de la DGED, mais aussi par tout l'effort de renouvellement de matériel, plus sophistiqué que jamais, et d'ouverture des FAR sur leur environnement. On se souvient ace titre du cinquantenaire de l'armée, célébré en 2006, la plus grande opération de communication jamais organisée par l'armée.

«Les enjeux ont changé. Au Sahara, l'issue du conflit passe désormais non pas les armes, mais par les négociations. La guerre avec l'Algérie et même le Polisario est derrière nous. Le maintien au poste de Abdelaziz Bennani, homme de guerre, s'en trouve du coup non justifiée. Idem pour Hosni Benslimane, symbole d'une ère hassanienne, avec ses gloires, mais aussi ses déboires. Et il était temps que les grands changements enregistrés depuis l'avènement de Mohammed VI se reflètent sur l'organigramme de l'armée», dit ce chercheur. Si la vocation de l'armée reste la même, celle de défendre les citoyens et le territoire, ses missions ont changé. Tout en insistant sur l'effort engagé en matière de formation de l'élite militaire, ce colonel ne croit pas si bien dire en affirmant que «Les hommes et le matériel ne suffisent plus. Nous sommes dans un monde où des décisions aussi souveraines que les déclarations de guerre sont dictées plus par les intérêts des grandes puissances que par la seule volonté de l'Etat d'en conquérir un autre ou de s'en défendre La géostratégie est désormais e maître mot. Et les officiers supérieurs d'aujourd'hui y sont largement familiarisés», souligne-il.

Une armée désormais au service de la paix

Créée le 14 mars 1956, l'armée marocaine compte 420.000 militaires professionnels, 320.000 militaires réservistes, et 80.000 paramilitaires (les forces auxiliaires), soit environ 800.000 soldats. Ayant combattu notamment lors de la guerre des sables en 1963, puis sur le front du Golan en 1973, les FAR se sont également illustrées lors des affrontements avec le Polisario. Elles continuent de surveiller le mur installé par Hassan II pour stopper les attaques des séparatistes. Mais c'est dans le maintien de la paix dans le monde (elles sont également intervenues en Somalie en 1993 et au Kosovo en 1999) qu'elles font le plus parler d'elle aujourd'hui. Elles participent aux missions de paix (MONUC, ONUCI, EUFOR, KFOR...) engagées par l'ONU. Côté moyens, la loi de finances pour 2009 prévoit 34,625 milliards de dirhams. Si notre armée reste inférieure, en nombre comme en matériel, aux armées de pays comme l'Algérie, son efficacité sur le terrain ne s'est jamais démentie. Preuve en est que son aviation est l'une des rares en Afrique à être pleinement opérationnelle. D'autant que de nouvelles exigences sont entrées en jeu. «Plus que de bons stratèges, les militaires ont désormais à être de fins diplomates. Et cela fait longtemps que l'armée marocaine s'est transformée en force non pas de guerre contre le voisin ennemi, mais de maintien de la paix dans le monde», explique le colonel.

Tarik Qattab
Source: Le Soir Echos

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