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Fauroux relance le recensement ethnique dans l'entreprise

La discrimination positive au centre des préconisations de l'ancien PDG de Saint-Gobain

La lutte contre les discriminations raciales est désormais inscrite dans l'agenda politique. Tous les ministres s'y attellent. Aujourd'hui, Jean-Louis Borloo recevra le rapport sur le CV anonyme qu'il avait commandé à l'ancien président du Haut Conseil à l'intégration, Roger Fauroux. Ce rapport dresse un constat inquiétant. Un tiers des jeunes maghrébins sont au chômage, contre 10% pour les «Gaulois» du même âge. A CV égal, une Maghrébine reçoit trois fois moins de propositions d'entretien d'embauche que la moyenne. Pour éviter les candidats de couleur, certaines entreprises et organismes de recrutement utilisent des codes pour les exclure subrepticement. Enfin, les diplômés issus de l'immigration rencontrent une véritable barrière à l'entrée du marché du travail.


Le diagnostic est consensuel. Les remèdes proposés le sont moins. S'il propose l'usage du CV anonyme dans les entreprises volontaires, le rapport promeut surtout la mise en place de statistiques ethniques. Sans comptage, assure-t-il, il n'y aura point de changement. «Les entreprises ne savent pas fonctionner hors constat chiffré.» La commission propose deux modes de comptage : la prise en compte de la nationalité d'origine du salarié et celle de ses parents. Ou la classification, volontaire et anonyme – comme Arabe, Noir, Asiatique... – pourtant interdite par la loi.


Début juillet, la Commission nationale informatique et libertés (CNIL) a une nouvelle fois écarté le comptage «racial». Mais les partisans d'une politique à l'anglo-saxonne ne s'avouent pas vaincus. «Il faut rompre avec l'inertie. Nous avons besoin de lever les tabous et de promouvoir les minorités visibles», assure un conseiller de Jean-Louis Borloo. Le ministre de l'Emploi lui-même n'a pas encore arrêté son opinion sur la question. Plutôt partisan d'une approche sociale, il entend laisser le dossier à Azouz Begag, le ministre délégué à l'Egalité des chances, qui doit proposer un plan global d'ici deux mois.


L'universitaire désigné par Dominique de Villepin peaufine ses propositions pour introduire de la diversité dans la fonction publique. En clair, ouvrir les portes aux Beurs, Noirs, Antillais, Asiatiques... désormais qualifiés de «minorités visibles». Le terme, utilisé au Canada, a été importé par Laurence Méhaignerie, fille de l'ancien ministre, dans un document qu'elle a réalisée pour l'Institut Montaigne. Il l'a suivie lorsqu'elle est entrée au cabinet d'Azouz Begag. Elle tente maintenant de généraliser l'adoption de la charte de la diversité qu'une cinquantaine d'entreprises ont déjà signée. Le texte n'est guère contraignant. Mais il encourage le comptage et la présentation de la composition ethnique de l'entreprise dans le bilan social. Une forme de quota qui permet à chacun de mesurer la bonne volonté des dirigeants de la société en matière d'intégration. La nouvelle patronne du Medef, Laurence Parisot, soutient également la mise en place d'un instrument de mesure.


Peu à peu, dans des cercles chaque jour plus étendus, l'idée fait son chemin. Elle reste en revanche un tabou aussi bien à l'Elysée qu'à Matignon. Dominique de Villepin n'a cessé d'afficher sa fidélité au modèle républicain, dénonçant à maintes reprises les effets pervers des quotas et la société communautaire qui les accompagne. Quant à Nicolas Sarkozy, qui avait lancé la polémique en parlant de «discrimination positive» et en nommant un préfet musulman, il reste favorable à la prise en compte des origines sans pour autant en faire un cheval de bataille.

Source: Le Figaro

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