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Zapatero à Melilla au risque de mécontenter Rabat

Le chef du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, a été accueilli triomphalement mardi dans l'enclave de Melilla, sur la côte nord du Maroc, un déplacement particulièrement mal accepté par le royaume chérifien, qui revendique la souveraineté sur ce territoire.


"Nous considérons que cette visite est inopportune et qu'elle ne change rien aux données du problème", a déclaré sans précaution oratoire Nabil Benabdallah, porte-parole du gouvernement marocain, interrogé par l'Associated Press. "La position du Maroc sur les deux enclaves ne changera pas", a-t-il insisté.

Quant à savoir si le déplacement de M. Zapatero pourrait porter atteinte aux liens entre les deux pays, "les relations entre Madrid et Rabat sont au beau fixe et cette visite ne devrait pas altérer pour autant la qualité des relations", a assuré le porte-parole.
Avant lui, la presse marocaine s'est montrée peu amène sur la venue du président du gouvernement espagnol.

"Cette visite est inopportune, provocatrice et attentatoire aux sentiments des Marocains", écrivait "L'Opinion" le quotidien des nationalistes conservateurs marocains de l'Istiqlal. "Le Matin du Sahara" (semi-officiel) se demandait pour sa part "si le chef du gouvernement (espagnol) mesurait ou non la portée de sa décision".
Celui-ci a été accueilli par des "gracias" (merci) à son arrivée à l'hôtel de ville. Il a annoncé la construction d'un nouvel hôpital et de deux écoles pour cette cité de 70.000 habitants. Il a aussi visité un camp de rétention pour immigrants illégaux où certains criaient "des papiers!", tandis que d'autres l'acclamaient.
A l'été et l'automne 2005, les enclaves de Ceuta et de Melilla ont été la cible d'assauts massifs de la part de candidats à l'émigration clandestine originaires d'Afrique subsaharienne. Onze d'entre eux avaient trouvé la mort lors de ces assauts.
M. Zapatero a réaffirmé que Melilla était bien une ville espagnole, sans mentionner toutefois la querelle de souveraineté avec le Maroc. Il a déclaré par le passé que cette question n'était pas négociable.
Melilla et sa soeur jumelle Ceuta sont rattachées à l'Espagne depuis plusieurs siècles. Ces deux enclaves en terre marocaine sont devenues par ailleurs des pôles d'attraction pour les émigrants d'Afrique désireux de gagner l'Europe, au point où cet "eldorado" est désormais ceint de barbelés.
Du côté marocain de la frontière, une cinquantaine de manifestants ont protesté contre la visite de José Luis Rodriguez Zapatero, la première d'un chef de gouvernement en tant que tel depuis celle d'Adolfo Suarez en 1980. Le roi Juan Carlos ne s'y jamais rendu ni non plus le prince héritier Felipe. Le prédécesseur de M. Zapatero, José Maria Aznar, avait visité Ceuta et Melilla en 2000 mais en tant que candidat à sa réélection, puis en février 2004 alors qu'il faisait campagne pou son successeur désigné au sein de son parti qui devait perdre les élections le mois suivant.
En juillet 2002, une poignée de gendarmes marocains avaient investi un îlot désert de quelques hectares situé à 200 mètres des côtes marocaines, à l'ouest de Ceuta. Ils en avaient été délogés par un commando de l'armée espagnole. L'événement avait provoqué une sérieuse crise diplomatique entre Rabat et Madrid. Un compromis avait finalement été trouvé entre les deux capitales au bout de dix jours (retour à un statut de terre vierge de toute présence marocaine ou espagnole) grâce à la médiation du secrétaire d'Etat américain Colin Powell.

Source: Associated Press

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