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La banlieue bouillonne d'idées contre l'exclusion

Deux mois après les émeutes, le collectif A.C.L.E.F.E.U. cherche des solutions à la crise, avec les habitants. Un cahier de doléances sera remis aux députés.


Il n'y a plus de voitures qui brûlent, plus de caméras, plus de stars à Clichy-sous-Bois pour venir lancer un appel pour l'inscription sur les listes électorales, mais les membres d'A.C.L.E.F.E.U. (Association du collectif liberté égalité fraternité ensemble et uni) n'ont pas repris leur vie «comme avant». Avant le 27 octobre, quand Zyad et Bouna, 17 et 15 ans, ont été électrocutés dans un transformateur EDF, après les six nuits d'émeutes qui suivirent à Clichy-sous-Bois, et les quinze autres dans le reste de la France.

Ces éducateurs, enseignants, habitants de Clichy qui étaient dans les rues pour calmer les incendiaires et qui préfèrent parler de «révoltes sociales», estiment que si la tempête est passée, le message, lui, ne l'est pas. «Le fond de la révolte était compréhensible même si la forme était répréhensible, explique Samir Mihi, éducateur sportif, c'est à nous de mettre des mots sur nos maux pour que là-haut ils se bougent. On veut remettre en phase les politiques avec les citoyens.»


Bulle. Mardi soir, les trente membres du bureau (des animateurs, des chômeurs mais aussi une proviseure de lycée, un juge pour enfant) invitaient les associations du 93 et de la banlieue parisienne pour qu'elles recueillent ensemble les doléances des habitants des villes où les violences urbaines se sont propagées en novembre. Certaines de ces associations se sont créées pendant cette période, comme à Epinay-sur-Seine. «On a l'impression que les hommes politiques vivent dans une bulle, explique Mohamed Mechmache, éducateur de rue et président du bureau. Puisqu'ils n'ont apparemment pas d'idées sur la crise qui vient de se passer, on va leur en donner.» Recueillir les plaintes des habitants, mais aussi les solutions qu'ils avancent est la deuxième action d'A.C.L.E.F.E.U. Créée dès le retour au calme début novembre, A.C.L.E.F.E.U. a tout d'abord répondu à une demande des jeunes : «Comment fait-on pour voter ?» Pour donner une résonance nationale à leur démarche, ses membres se sont associés au collectif Devoirs de mémoires de Joey Starr.

Privilèges. Fort de son succès, les inscriptions sur les listes électorales ayant augmenté dans plusieurs communes en décembre, le collectif a ensuite mis en place des rencontres avec les habitants au coeur des quartiers mais aussi dans les centres-ville pour rédiger ces cahiers de doléances qu'il veut remettre en juin à l'Assemblée nationale. «Ce terme de doléances, justifie Samir Abbas, porte-parole et enseignant dans un lycée professionnel, c'est évidemment pour rappeler 1789. Pour nous, les privilèges n'ont toujours pas été abolis dans ce pays.» Le 18 janvier, A.C.L.E.F.E.U. était aux Bosquets à Montfermeil, et le lendemain au centre-ville: «On pense que même les gens qui n'habitent pas dans nos quartiers ont aussi des solutions à proposer. Au sein d'une ville, les gens se divisent entre ceux qui vivent en zone pavillonnaire et ceux qui sont dans les HLM. Or, l'avis de tous les citoyens compte. On doit bientôt se rendre à Vannes, Bordeaux et dans le Poitou.»

Source: Libération

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