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Etudes en France: La barre trop haut?

Il va sans dire que presque depuis toujours, la France accueille des étudiants marocains. Selon les statistiques, ces derniers seraient plus de 29.000 à poursuivre un cursus universitaire dans l’Hexagone en 2005.

A la veille d’une activité intense -l’été étant une période à cheval entre la proclamation des résultats du bac et la nouvelle année-, la procédure d’obtention de visa pour études en France semble se corser chaque jour.

Un an presque jour pour jour après la création du Centre pour des études en France, le 1er juin 2005, dépendant du service de coopération et d’action culturelle de l’ambassade de France au Maroc, la question demeure toujours posée: quelle procédure suivre pour effectuer une demande de visa pour études en France? Une question qui s’adresse à tous les Marocains et étrangers qui veulent poursuivre des études supérieures en France. Mais pour expérimenter, ce que certains aiment à qualifier de filtre à visas, en plus du Maroc, l’Algérie, la Tunisie, le Sénégal et la Chine ont servi de laboratoires.

Pour certains parents d’élèves, cette nouvelle structure ne fait que rendre plus compliquée la procédure de demande de visa pour études. A y regarder de plus près, on pourrait leur donner raison. Au bas de la page d’accueil du site Web, consacré au CEF (www.cefmaroc.org), il est mentionné ceci: «Attention! Veuillez consulter régulièrement le site du CEF afin de prendre connaissance de toute évolution de la procédure». En effet, depuis, la procédure a bien évolué.

De plus en plus, les proposés au service du CEF déconseillent aux bacheliers d’entreprendre la procédure de visa pour études en France, longue et pénible. Bien sûr, ils n’hésitent pas de rappeler que leur mission n’est pas d’accorder ou refuser le visa à qui que ce soit, mais de conseiller et d’orienter les demandeurs. Faut-il y voir une espèce de filtre et de contrôle des demandes de visa pour études? Un responsable du CEF Alger, invité dernièrement de l’émission «L’école des savoirs» sur Radio France Internationale, ne semble pas défendre le contraire. Il déclare en substance que le ministère français de l’Enseignement supérieur conseille (c’est le terme utilisé), exige plutôt un «minimum» de ressources de 5.000 euros sur le compte bancaire de l’étudiant demandeur de visa pour garantir au moins le déroulement d’une bonne année d’études supérieures en France. Et qu’il fallait tout faire pour minimiser le nombre d’étudiants qui veulent s’inscrire en premier cycle universitaire. Nous avons contacté (un questionnaire par fax à l’appui) les services de la coopération française à Rabat, chargés du dossier CEF. Leurs responsables n’ont pas souhaité répondre à nos questions.

Aussi, à la faveur de la politique voulue par Nicolas Sarkozy, dite d’immigration choisie, le renforcement des conditions d’obtention de visa pour études en France a été justifié, chiffres et explications de texte à l’appui. Interrogé par des confrères français sur ce durcissement des conditions, le ministre français de l’Intérieur persiste. Pour lui, il s’agit ni plus ni moins que de «rentabiliser les investissements consentis par l’Etat français, donc du contribuable français, dans la formation supérieure et universitaire des étudiants étrangers». Si l’on en croit l’estimation du ministère français de l’Enseignement supérieur, le coût de formation par étudiant et par an est de 12.000 euros!

Mais pour faire dans le politiquement correct, les services de communication de Nicolas Sarkozy avancent des arguments allant dans le sens de sa philosophie sur la question de l’immigration. Pour répondre à ceux qui voient dans «l’immigration choisie et non subie» du ministre français une sorte de pillage de cerveaux, on assène ceci: «le CEF permettra de filtrer et de sélectionner les candidats aux forts potentiels, ayant de préférence obtenu une licence, ou maîtrise, plus conscients pour nous des enjeux du retour pour servir leurs pays après formation ».

C’est croire que tout l’enjeu des CEF, c’est d’avoir plus de garanties de retour après formation. En tout cas, depuis leur installation le nombre des demandeurs de visa a nettement baissé. Entre 270 mille et 300 mille étudiants étrangers poursuivent leurs études en France. En 2005, un étudiant sur dix (1er cycle), un sur six (2e cycle) et un sur quatre (3e cycle) sont étrangers. Cela peut paraître dérisoire pour un pays qui a étendu son influence culturelle, des siècles durant, aux quatre coins de la planète.

Source : L'Economiste

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