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30.000 enfants marocain vivraient dans la rue

Depuis sa fondation en 1996, l’association Bayti est venue en aide à près de 20.000 enfants de la rue. Quoiqu’impressionnant, ce chiffre demeure insuffisant quand on sait que les besoins de l’enfance difficile se font aujourd’hui plus criants que jamais.

Selon les dernières estimations, environ 30.000 enfants vivraient actuellement dans les rues du Maroc. Pour la fondatrice et présidente de l’organisme, Dr Najat M’Jid, une meilleure gouvernance locale ainsi qu’une approche intégrée de la gestion des enfants de la rue sont indispensables afin d’arriver à réduire leur nombre. «Si les responsables appliquaient les programmes dont ils disposent -c’est-à-dire une scolarisation obligatoire et de qualité, une réelle lutte contre la pauvreté avec une meilleure gouvernance- je pense qu’on pourrait y arriver», indique-t-elle.

Bayti intervient chaque année auprès de 600 enfants, dans cinq régions du pays. Mais selon Dr M’Jid, l’association ne peut plus faire cavalier seul.

En effet, outre les collaborations du secteur privé, Bayti doit chercher à partager le défi avec d’autres organisations capables de déployer des ressources humaines ou de mettre en place des conditions «facilitantes».

Approche globale
«Nous avons besoin de nouveaux partenariats avec des structures qui se spécialisent en amont ou en aval. On ne peut plus faire à la fois de la prévention, de la protection, de la réhabilitation, de la réintégration, de la re-scolarisation, des suivis et du plaidoyer. Cela fait beaucoup de choses», explique-t-elle.

Du côté du gouvernement, on affirme être conscient de la nécessité d’une approche globale pour aider les enfants à sortir de la rue. «Nous sommes en train de réfléchir, avec le ministère de l’Éducation nationale, sur comment rendre effective cette loi qui oblige les enfants à être à l’école jusqu’à 15 ans», assure Yasmina Baddou, secrétaire d’État chargée de la Famille, de l’Action sociale et de la Solidarité. «Nous travaillons aussi à fédérer les acteurs qui interviennent lorsqu’un enfant est victime de violence ou de maltraitance, par la création d’unités de protection», rappelle-t-elle. «Car, en ce moment, lorsque survient un problème, on ne sait souvent pas à qui s’adresser. L’éducation? La justice?», déplore la secrétaire d’État. Un enfant victime d’agression sexuelle pourrait donc faire appel à un délégué à la protection de l’enfance, qui mettrait les procédures judiciaires en marche. La présence de plusieurs officiels, dont Yasmina Baddou, lors de l’inauguration, le 17 octobre dernier, des nouveaux appartements offerts à l’association Bayti par Procter and Gamble, a envoyé un signal positif à la présidente. «Nous sommes ravis qu’il y ait une vision intégrée au niveau de Casablanca avec les enfants des rues, le gouvernement, les autorités locales et les Ong. Parce qu’on ne peut pas continuer comme ça, ce n’est pas gérable», prévient-elle.

Foyers
Procter and Gamble a offert à l’association Bayti deux appartements à proximité de son refuge principal, à Sidi Bernoussi. Chaque foyer peut accueillir entre six et dix enfants.
Depuis le début de son partenariat avec l’association Bayti, en 2002, P&G a investi six millions de dirhams dans la cause des enfants de la rue.

Marie-Hélène Giguère

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