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Des pistes de financement contre l'analphabétisme

La lutte contre l’analphabétisme passe par des moyens autres que le budget de l’Etat, ou l’aide internationale. Ceux-ci sont à puiser dans des partenariats sud-sud, axée sur une coopération décentralisée, un fort appui des secteurs privés et des alliances stratégiques.

Coopération sud-sud, partenariats privés… les axes d’un atelier à Rabat

L’idée est d’Anis Birrou, secrétaire d’Etat chargé de l’Alphabétisation, lors des travaux de l’atelier tenu ces jeudi et vendredi à Rabat pour préparer la conférence régionale des ministres africains chargés de l’Alphabétisation et de l’Education non formelle.
Cette rencontre est co-organisée par le Maroc et le Sénégal. Elle se tiendra le 18 décembre prochain et réunira les ministres de tutelle et les experts de 13 pays de l’Afrique de l’Ouest. Objectif, trouver des pistes à même de contribuer à un meilleur financement de la lutte contre l’analphabétisme et la déscolarisation. Et pour cause: la modicité des ressources publiques jusque-là allouées au secteur. C’est le cas de tous les pays de la sous-région.

A titre indicatif, le Sénégal où l’enveloppe consacrée à l’alphabétisation ne dépasse guère 0,26% du budget de l’éducation qui, lui, représente 40% du budget de l’Etat. Le Maroc ne se porte guère mieux. Ce budget est de l’ordre de 150 millions de DH, sur un total de 34 milliards de DH alloués à l’enseignement.

Inverser la tendance
Les initiatives d’institution de fonds nationaux à caractère associatif n’offrent nullement de réponses satisfaisantes. A cela s’ajoute le manque de visibilité du secteur, dû à l’absence de statistiques fiables, à l’évanescence des concepts et à l’inexistence d’une évaluation certificative. Résultat: de moins en moins d’attractivité vis-à-vis de certains partenaires au développement, comme les organismes onusiens chargés de la thématique (Unesco, Unicef).

Pour inverser la tendance, «il faut d’abord compter sur nos propres moyens et montrer à nos partenaires au développement que nous sommes mobilisés. Là est le seul moyen de les inciter à nous accompagner», a déclaré le ministre sénégalais chargé de la Lutte contre l’analphabétisme, Diegane Séné. A cet égard, l’expérience marocaine sera donnée en modèle à Dakar. Bien que loin d’avoir trouvé la formule magique, le pays avance. Après une année 2005-2006 qui a connu 655.478 inscrits en cours d’alphabétisation et 167.809 dans les programmes d’éducation non formelle, le taux d’analphabétisme est passé en dessous de la barre de 40% pour s’établir à 39%. Le département de tutelle table cette année sur 1 million d’inscrits. L’objectif à terme est de passer à moins de 20% d’analphabètes en 2010 et d’éradiquer le fléau en 2015. Mobiliser les ressources, c’est bien. Consolider l’irréversibilité des processus, c’est mieux. C’est ce qu’a affirmé en substance Birrou. «L’analphabétisme est une infection qui nécessite tout un traitement pour être éradiqué et non seulement des soins de surface».

Dans la région, le sentiment d’urgence est de mise. «Nous accumulons trois années de retard par rapport aux objectifs de la décennie pour l’alphabétisation décrétée par l’ONU et étalée sur la période 2003-2012», a ajouté Séné.

Dans certains pays, le cumul des non-scolarisés et des abandons scolaires reste plus important que le nombre de ceux qui ont achevé leur scolarité primaire.

Tarik Qattab
Source: L'Economiste

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