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Représailles anti-islamistes après le meurtre de Theo Van Gogh

Attentat à la bombe contre une école islamique, profanation d'une mosquée, tentatives d'incendie de trois autres, menaces : les musulmans des Pays-Bas sont la cible de représailles après l'assassinat au nom de l'islam radical de Theo Van Gogh. Le réalisateur néerlandais, 47 ans, un arrière petit neveu du peintre Vincent van Gogh, était un critique virulent de la société multiculturelle et singulièrement de l'islam. Son meurtrier présumé, qui a été arrêté, identifié comme Mohammed B, 26 ans, a la double nationalité marocaine et néerlandaise. Il a laissé sur le corps une lettre montrant qu'il agissait au nom de l'islam radical et portait une sorte de testament où il se présentait en martyr. Cinq autres personnes, toutes d'origine maghrébine, ont été interpellées et doivent être déférées pour «conspiration terroriste».

Après l'assassinat du cinéaste et polémiste Theo Van Gogh, mardi dernier à Amsterdam, le climat se durcit à l'égard des musulmans néerlandais. Ces derniers jour, la communauté musulmane – près d'un million de personnes, dont 300 000 personnes d'origine marocaine – a fait l'objet de diverses attaques.


L'entrée d'une école primaire islamique à Eindhoven a été endommagée hier matin, par l'explosion d'une bombe. La police soupçonne un lien avec le meurtre de Theo Van Gogh. Le cinéaste avait été abattu à Amsterdam alors qu'il circulait à vélo par un extrémiste musulman qui a laissé sur son corps une lettre de cinq pages menaçant de mort d'autres hommes politiques néerlandais accusés d'être des «ennemis de l'islam». Le meutrier présumé, Mohammed B., 26 ans, possède la double nationalité néerlandaise et marocaine.


«Pourquoi un acte aussi horrible (que le meurtre de Van Gogh) doit-il avoir un effet secondaire pareil», s'est interrogé hier le maire d'Eindhoven, Alexander Sakkers, lors d'une conférence de presse. «Il ne faut pas que cette explosion déstabilise notre société», a-t-il lancé. «Nous devons empêcher que les gens se montrent du doigt. Cet acte commis par un imbécile doit être condamné par tous.»


A Ijsselstein, la police a interpellé, hier, un homme de 24 ans soupçonné d'avoir lancé deux cocktails Molotov contre une mosquée, ne causant que des dégâts minimes. Quatre autres mosquées ont fait l'objet d'attaques ce week-end. A Huizen, trois jeunes ont été arrêtés pour tentative d'incendie. A Breda, on a mis le feu à du matériel d'isolation. Près de Rotterdam, un jeune de 24 ans a été interpellé à la suite d'un incendie qui a e dommagé la porte d'une mosquée. Une autre mosquée de la ville portuaire a été couverte de pamphlets insultant les musulmans. Et, à Amsterdam, la vitrine du bureau du Conseil de l'immigration marocaine a été barbouillée de peinture rouge.


«On essaie de nous intimider», commente le président de l'organisation, Abdou Menebhi, dans une interview téléphonique avec Le Figaro. «Nous travaillons pour l'intégration des Marocains aux Pays-Bas et contre tout fondamentalisme. Mais aussi contre les politiciens populistes qui sont en train de polariser la situation». Le Conseil de l'immigration marocaine avait déjà fait l'objet de critiques et de menaces écrites, de la part des fondamentalistes musulmans, mais aussi, selon Menebhi, de la part de «racistes Hollandais». «Je ne sais pas qui est à l'origine de cette attaque, mais je pense que cela vient plutôt des racistes néerlandais, poursuit le président de l'organisation d'immigrés. On constate une agressivité énorme depuis l'assassinat de Theo Van Gogh. Il y a un durcissement à l'égard des musulmans, autant dans la politique que dans la rue. Les femmes qui portent le foulard se font maintenant interpeller au marché : «Foutez-le camp chez vous», leur dit-on.»


Menebhi déplore les commentaires du vice-premier ministre Gerrit Zalm, vendredi dernier, qui a déclaré «la guerre en retour» contre les extrémistes fondamentalistes aux Pays-Bas. «Il parle commeBush avec sa guerre contre le terrorisme», dit Menebhi.


Mais l'anti-islamisme aux Pays-Bas à le vent en poupe. Le parlementaire de droite indépendant Geert Wilders, qui s'est détaché récemment du parti libéral de Zalm (VVD), veut créer un nouveau parti de droite qui pourrait refuser certains droits constitutionnels aux musulmans, jugeant l'islam incompatible avec la culture néerlandaise et la démocratie. Selon deux sondages récents, ce nouveau parti obtiendrait entre 7 et 18 sièges (sur 150) au Parlement néerlandais.


Le ministère des Affaires intérieures considère les évènements de ces derniers jours comme des «incidents isolés», selon un porte-parole. Le gouvernement n'a jusqu'à présent pas jugé nécessaire d'accorder une protection accrue aux mosquées et autres établissements de la communauté musulmane. «Nous n'avions aucune raison de craindre des incendies volontaires et des attaques», dit S. Benyadad, président de l'organisation des écoles islamiques (ISBO) dans le quotidien populaire De Telegraaf de lundi. «J'espère qu'il s'agit d'une affaire locale».

À Eindhoven, le maire a décrété que tous les établissements islamiques, dont cinq mosquées, recevront une protection permanente. L'école attaquée hier avait déjà été visée deux fois auparavant. Trois jeunes âgés de 18, 20 et 23 ans avaient été condamnés l'an passé pour avoir lancé une bombe incendiaire parce qu'ils «détestaient les étrangers».

Source: Le Figaro

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