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Strasbourg : Le coeur à la prière ...

La fin du ramadan a coïncidé avec le début du chantier de la mosquée


Le mois sacré de l'islam s'est achevé hier matin. L'apparition de la nouvelle lune a ouvert les festivités de l'Aïd el-Fitr avec des retrouvailles collectives. Au Wacken, ils étaient quelque 6 000 croyants. Heureux que leur prière de la construction de la grande mosquée ait été exaucée.


Leur petit tapis coloré sous le bras, les premiers croyants franchissent, dès 7 h 45, le seuil de l'immense « hall rouge » du Wacken. D'abord au compte-gouttes, puis en flux continu, quelque 6 000 personnes (selon les organisateurs) les suivront jusqu'au fond de cette enceinte chauffée, en veillant à s'orienter au sud-est, vers la ville sainte de la Mecque.
Jusqu'à 8 h 30, les fidèles prendront place - les pieds déchaussés - sur leur tapis, soigneusement disposé sur le sol. Comme le veut la tradition, deux espaces ont été délimités au moyen de simples barrières. Sur la gauche en entrant, à l'arrière du hall, l'espace réservé aux femmes et aux petits enfants. A l'avant, la plus grande partie du hall, destinée aux hommes. A mesure que les derniers arrivants remplissent le vide entre les deux groupes, hommes et femmes se rejoignent pour former une immense mosaïque humaine.


Lien palpable


« Par rapport à l'an dernier, il y a plus de monde », notent Anne et Awa, étudiantes. Pour les deux jeunes femmes musulmanes, c'est « une forme de reconnaissance » de leur religion. Et d'assurer : « On a l'impression qu'un lien commence à exister entre nous tous ». Pour Haddou El Makloufi, « c'est un moment historique aujourd'hui, l'ensemble des associations a décidé de s'entendre sur le calendrier de la fin du ramadan et de fêter cela ensemble », vibre le président de l'association Renaissance de Cronenbourg.
« Cette année, c'est vraiment spécial, sourit Ahmed, 45 ans. C'est tout un symbole avec le début de la construction de la grande mosquée. Bon, elle sera un peu petite, mais ça ira pour un début... », glisse-t-il avec malice, avant de passer dans les rangs des fidèles pour effectuer la quête, reversée « à la construction de la grande mosquée de Strasbourg ».
« La fête revêt un caractère particulier cette année, avec le feu vert donné à la construction », souligne Abdelhafid Akhmim. Le président de la Coordination des associations des musulmans de Strasbourg (CAMS) déclare que ce « geste fort donne le sentiment aux musulmans d'être accueillis pleinement dans la communauté strasbourgeoise et d'être considérés comme des citoyens à part entière ».
« Cette première pierre est une vraie reconnaissance. Elle constitue l'occasion de souder la communauté dans sa diversité dans le cadre d'une construction commune », poursuit Sellam Bijou, vice-président de la CAMS. « La grande mosquée, c'est la priorité n°1. Tout converge vers cette construction », pointe, quant à lui, Driss Ayachour. Le président de la mosquée de Strasbourg ne cache pas son émotion de voir « tout le monde - y compris les enfants - casser leur tirelire pour contribuer au financement » de l'édifice religieux. Driss Ayachour y perçoit « un message fort aux générations futures ».


« Efforts mutuels »


Dans leur allocution, Robert Grossmann et Fabienne Keller ont tour à tour évoqué « les efforts mutuels », consentis par la ville et les porteurs du projet, afin de « progresser ensemble », dans le souci du « respect » et de l'« intégration » des « musulmans dans la ville, et au-delà, dans la République ». Avant de rappeler aussi - pour ceux qui l'auraient oublié - les termes du partenariat : « La Ville a accordé un gros terrain et une subvention équivalent à 10% prix de la mosquée », a souligné le président de la Cus, sous des applaudissements nourris.

Philippe Dossmann
Source: DNA

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