L’armée américaine au Maroc : les militaires font de l'humanitaire

C’est vers la fin des années 1990 que les premières opérations du genre entre le Maroc et les Etats-Unis ont débuté. Ce programme nommé «African lion» est devenu aujourd’hui un rendez-vous annuel. Il se base sur une simulation de bataille des armées marocaine et américaine avec le choix d’un ennemi commun.

Il est clair que s’il est un ennemi en commun à combattre dans la réalité, c’est le terrorisme. Dans sa lutte contre le terrorisme international, le gouvernement américain voit en le Maroc un partenaire indispensable. La situation géographique du pays et sa position dans le monde arabe en font un tremplin pour la politique américaine dans ce domaine, sans oublier les relations historiques qui lient les deux pays. Mais plus encore, ce sont les actes terroristes perpétrés au Maroc dernièrement qui rendent nécessaire la coopération avec les Etats-Unis.
Les américains projettent d’installer une base de l’OTAN au Sahel afin de contrer les mouvements terroristes issus de la région, principalement liés à «Al-Qaïda aux pays du Maghreb islamique», le nouveau nom du GSPC (Groupe salafiste pour la prédication et le combat).

Parallèlement aux exercices militaires, les soldats américains ont également été chargés d’une mission humanitaire ciblant les populations de Tantan et Guelmim. Les dix actions médicales menées dans autant de villages de la région ont essentiellement consisté à prodiguer des soins dentaires et oculaires.
Depuis quelques années, l’armée américaine mène régulièrement des opérations de ce genre dans plusieurs régions d’Afrique. Un commandement a même été créé en février afin de concentrer ses efforts sur le continent.

Les Etats-Unis tentent tant bien que mal de redorer leur blason auprès des populations du tiers-monde. « Nous prenons soin des gens et leur montrons que les américains sont pacifiques» affirme Rackham, l’un des soldats en mission à Tantan.
Après les horreurs de la guerre en Irak, le soldat américain jouit d’une image très négative. «Beaucoup de gens pensent que nous sommes seulement des hommes à la main de fer» ajoute Rackham. «On nous a dit qu’un grand nombre de ces gens écoutent Al Jazeera et savent de nous uniquement ce qu’ils en entendent. Nous sommes ici pour leur montrer l’autre face».
Mustapha Dahan, membre de l’armée marocaine, affirme qu’il s’agit d’«une belle opération. Une bonne opportunité pour travailler avec les américains, côte à côte».

L’armée américaine aura certainement la côte auprès de ces populations démunies. Mais il sera sans doute plus difficile de faire oublier les images de torture dans les prisons d’Abou Ghrib et les prisonniers en cage à Guantanamo…Une face n’en efface pas une autre.

Salma Daki
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