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Madrid : Commune de Griñón, la dernière résidence des musulmans

Griñón est considéré comme l’unique cimetière musulman de la région. C’est une dame hispano-marocaine qui a fait don de ce petit terrain au gouvernement espagnol, afin de permettre l’enterrement des soldats marocains morts en bataille, durant la guerre civile d’Espagne. Dans la nécropole, les corps sont enterrés selon le rite musulman, orientés vers la Mecque et en contact avec la terre.

Il y a de plus en plus de musulmans dans la région. Certains sont étrangers, d’autres Espagnols convertis à l’islam. En total, on estime qu'il y a plus de 200.000 personnes de confession musulmane dans la Communauté de Madrid. Mais malgré l'augmentation de la population musulmane, il existe un seul cimetière, celui de Griñón, dans lequel ils peuvent enterrer leurs morts selon le rite dicté par le Coran

Le cimetière musulman de Griñón est la propriété du Consulat du Maroc à Madrid, organisme auquel le ministère de la Défense a cédé le terrain il y a 25 ans. Depuis lors, il se charge de l’entretien, de la gestion et des frais qu'il génère. Il a été créé pendant la Guerre Civile, pour la sépulture des soldats marocains de la garde de Franco qui mourraient sur les champs de bataille, à proximité de Madrid.

Le fait que le cimetière appartienne au Maroc ne signifie pas que seul les ressortissants de ce pays peuvent en faire usage. En effet, il est ouvert à toute la communauté musulmane, non seulement de la région, mais aussi de celle de Castilla-La Mancha et de Castille y León. Pour justement offrir ce service à une population aussi vaste, «le cimetière reste trop petit» précise Mohamed Rihani, consul du Maroc à Madrid.

Sur les 7.000 mètres carrés qu'occupe la nécropole, l'espace est bien employé. Il y a actuellement un peu plus de 2.800 tombes, il reste juste assez d’espace pour 800 autres. "D’ici deux ou trois années, nous n'aurons plus d’emplacement pour enterrer d’autres personnes", indique Rihani. Chaque année ont lieu environ 200 enterrements, les tombes ne sont réutilisées que 50 ans après. On retire alors les ossements des corps enterrés il y a un demi-siècle pour les placer dans un espace plus réduit.

«Maintenant nous essayons d'économiser l’espace", indique le consul, «en laissant moins de distance entre les tombes". Pour parvenir justement à économiser l’espace, le Consulat de Madrid a établi les mesures auxquelles doivent répondre les tombes : deux mètres de long, 70 centimètres de large et les plaques ne doivent pas dépasser les 30 centimètres.

La nécropole dispose aussi d’une mosquée. Son imam, Mustaphá Rahmouni, affirme que "malgré le fait que le cimetière est de propriété marocaine, la majorité des enterrements qui ont lieu ici concernent des musulmans d’autres pays comme l'Irak, l’Iran, le Pakistan, le Soudan, l'Egypte et aussi des Espagnols. «Les enterrements de Marocains sont moins fréquents parce qu’ils préfèrent rapatrier le corps au Maroc pour l’enterrer là-bas», ajoute Rahmouni.

Le cimetière musulman suscite peu d'intérêt parmi la population de Griñón. Il y est depuis tellement d’années qu’il est assumé tout naturellement. "Nous l’avons là depuis la guerre", dit Rafaël López, qui habite à proximité. Tout comme Esther Renard, un autre voisin, il signale qu'eux-mêmes «auront bien à s’enterrer quelque part». De plus, les nécropoles musulmane et chrétienne se trouvent l’une près de l'autre.


Rites musulmans

La principale particularité du cimetière est que tous les morts sont enterrés selon le rite musulman, avec le corps orienté vers la Mecque. La première étape avant l'enterrement est de laver méticuleusement le corps. De cela se chargent généralement les parents ou l'imam lui-même, par la suite il est embaumé. Ensuite, il est vêtu de plusieurs morceaux de toile blanche : une pour la partie supérieure, une autre pour l'inférieur et une autre troisième pour entourer tout le cadavre. Il est procédé ainsi parce que "la mort rend tous égaux, riches et pauvres, hommes et femmes", assure l’imam de la mosquée du cimetière.

Rahmouni ajoute qu’ensuite «est dite une prière où on demande à Dieu sa miséricorde, puis le corps est finalement enterré, avec la face du défunt en direction de la Mecque".
Selon le rite musulman, ce type d'inhumations se fait généralement sans cercueil, chose qui a été critiquée pour des questions sanitaires. Mais, comme le rappelle le consul, "en tout moment est respectée la réglementation sanitaire. On ne peut pas enterrer quelqu'un sans caisse si plus de vingt quatre heures sont passées après le décès ou si la personne souffrait d’une maladie». Si les autorités sanitaires disent alors que le corps peut être enterré sans cercueil," cela dépend du désir de la famille elle-même ou du défunt" qu’il soit réalisé de cette manière, affirme l’imam.

L'aspect du cimetière est assez austère, puisqu’en accord avec les pratiques islamiques qui ne permettent pas la mise en place de photos ou de quelconques ornementations. Les tombes aussi sont généralement simples, bien que cela dépende aussi du pays d'origine, puisque les coutumes varient. En général, les plaques contiennent seulement l'inscription du nom du défunt, la date et quelques prières du Coran en langue arabe.

Article traduit de l'espagnol par Salma Daki
Article original paru sur : Madridiario.es

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