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Tanger/justice: Des ripoux sous les verrous

A trop tirer sur la corde, elle finit par se casser. C’est ce qui est arrivé aux policiers de Tanger qui voulaient mettre «du beurre dans leurs épinards».

En clair, arrondir, et grassement, leurs fins de mois. La formule adoptée, le racket tout simplement. L’affaire fait, en effet, grand bruit dans la région.

Une équipe de la brigade nationale de la police des polices est actuellement mobilisée pour tirer au clair l’imbroglio dans lequel plusieurs fonctionnaires locaux sont impliqués. Vendredi dernier, deux policiers de la sûreté régionale de Tanger ont été déférés devant le parquet. Les accusations retenues contre eux sont le kidnapping et l’extorsion, entre autres chefs d’inculpation.

L’histoire commence à partir d’une dénonciation. Un témoin raconte à la police le rapt d’un de ses amis dans un véhicule banalisé. Les limiers ont vite fait de faire les recoupements qui s’imposent. Et quelques heures plus tard, la victime est libérée et six fonctionnaires du corps de police de Tanger sont arrêtés. A partir de là, tout va très vite, d’autres policiers tombent «dans les filets de la police». Leur spécialité, kidnapping puis demande de rançon allant de 100.000 à 200.000 DH, en fonction du statut de la victime. Selon des sources proches du dossier, il s’agirait d’un important réseau de racketteurs constitué de fonctionnaires de la sûreté régionale. La bande exerçait depuis plusieurs mois à Tanger et choisissait ses proies parmi les membres de réseaux de trafiquants de drogue.

Actuellement, onze personnes seraient mises en garde à vue. D’autres têtes pourraient tomber. Mais l’enquête s’avère quelque peu difficile, les victimes préférant le silence, car elles-mêmes ne sont pas très «clean». Certaines d’entre-elles seraient liées au réseau de Bin Louidane, le Pablo Escobar marocain (cf.www.leconomiste.com), démantelé en 2006. A noter que cette affaire, qui survient quelques jours après l’installation d’un nouveau préfet de police à Tanger, entache la réputation de la police locale. Une réputation très écorchée après l’arrestation d’Izzou, ancien préfet de police de Tanger et ex-responsable de la sécurité des Palais, emprisonné aujourd’hui pour corruption. En 2003, une autre affaire similaire avait éclaté à Tétouan. La chute de Mounir Remmach, un autre baron de la drogue, avait entraîné plusieurs fonctionnaires de l’Etat.

Ali Abjiou
Source: L'Economiste

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