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Ecologie : Le Maroc en panne de recyclage

Procédé de traitement des déchets industriels et ménagers, le recyclage est une façon de réintroduire dans le cycle de production, jusqu’à dix fois, des produits déjà utilisés.
Avec des conséquences majeures, telles que la réduction de volume des déchets, la préservation des ressources naturelles et de l’environnement, la baisse de l’insalubrité et la création d’emplois, il constitue également un vecteur économique très important et une source d’approvisionnement en matière première.

Nombreux sont donc les arguments qui pourront convaincre l’Etat à y remédier. Pourtant, le Matee (Ministère de l’aménagement du territoire de l’eau et de l’environnement) ne semble pas avoir pris la mesure de l’enjeu.

La moyenne des déchets par habitant et par jour est de 0.75 kg, soit plus de 5 millions de tonnes par an pour tout le Royaume. On y compte environ 4 millions de tonnes de déchets ménagers, 974 070 tonnes de déchets industriels, 120 000 tonnes de déchets dangereux et 38 325 tonnes de déchets hospitaliers par an. Le tout abandonné dans des décharges publiques ou dans des cours d’eau sans traitements, sans neutralisation ni même incinération in situ des déchets d’activités à risque, tels que les déchets hospitaliers.
Et cela ne va qu’en s’aggravant. La capacité des communes est dépassée par les flux d’exode rural, la population urbaine ne cesse de s’accroître en même temps que la consommation.

Ainsi, les conséquences de la pollution sur notre environnement quotidien sont nombreuses. La qualité de vie se dégrade, les villes vivent dans l’insalubrité, l’image offerte aux touristes se détériore, les nappes d’eau souterraines sont polluées…etc.

L’absence de législation spécifique qui réglemente le secteur des déchets, de régulation du secteur des collecteurs, ainsi que de reconnaissance juridique rendent la tâche difficile aux entreprises d’assainissement, pour la plupart étrangères, d’accéder aux procédés de recyclage et d’agir d’une façon plus optimale.

Economiquement, une étude, faite par le Matee et publiée en janvier 2003, démontre que le coût de dégradation de l’environnement est de 19 738 millions de dirhams annuellement, soit 8.2% du P.I.B. Un vrai gouffre pour l’économie du pays qui risque d’augmenter d’une manière exponentielle dans les années à venir.

Aujourd’hui, alors que le défit est de taille, les différents ministères ne semblent pas prendre conscience de l’urgence. Le recyclage et l’écologie ne font pas partis du fameux plan Emergence, ni du plan Azur. Ce n’est pas encore visiblement une question stratégique pour le pays. Mais jusqu’à quand ?

Widad Elmrah
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