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Affaire TelQuel & Nichane : Le procès prévu pour le 24 août

Les temps sont durs pour les journalistes. Après l’affaire d’Al Watan, et les poursuites engagées contre les deux journalistes Mustapha Hormat Allah (détenu préventivement) et Abderrahim Ariri, c’est au tour d’Ahmed Réda Benchemsi de passer à la barre.

Le directeur de publication des hebdomadaires TelQuel et Nichane est poursuivi pour «manque de respect envers la personne du Roi».
Arrêté le samedi 4 août dans l’après-midi, Benchemsi a subi un interrogatoire durant 25 heures dans les locaux de la BNPJ. «C’était un interrogatoire-marathon. Les enquêteurs m’ont posé toutes sortes de questions orales et écrites. Elles tournaient principalement autour de l’éditorial, du dossier sur la sexualité dans la culture islamique ou encore sur l’arabe dialectal (ndlr, langue utilisée par l’hebdomadaire Nichane)», explique Benchemsi, lors d’une conférence de presse organisée par le groupe le 7 août à Casablanca.

Benchemsi a également signalé la destruction de 54.000 exemplaires de TelQuel. «Le groupe a perdu près d’un million de DH le week-end dernier. Je pense que cette mesure administrative est beaucoup plus efficace qu’un jugement», regrette-t-il.

Si le communiqué de la Primature évoquait, outre le non respect du Roi, «les expressions qui vont à l’encontre des moeurs et de la morale publique et offensent les sentiments des musulmans», le ministère public n’a finalement retenu (que) le premier chef d’inculpation. Celui-ci se base sur l’article 41 du code de la presse: «Est punie d’un emprisonnement de 3 à 5 ans et d’une amende de 10.000 à 100.000 DH toute offense, par l’un des moyens prévus à l’article 38, envers Sa Majesté le Roi, les princes et princesses royaux. La même peine est applicable lorsque la publication d’un journal ou écrit porte atteinte à la religion islamique, au régime monarchique ou à l’intégrité territoriale (…)».

A l’heure où nous mettions sous presse, les deux hebdomadaires (saisis) ne souffraient d’aucune mesure de suspension définitive ou temporaire. Mais le troisième alinéa de l’article 41 précité prévoit la suspension ou l’interdiction de la publication par voie judiciaire. Autant dire que TelQuel et Nichane risquent gros dans cette affaire.

Younes Moujahid, secrétaire général du Syndicat national de la presse (SNPM), qui a également participé à la rencontre du groupe de presse, estime que «l’article 41 du code de la presse est liberticide». Et d’ajouter, «personne ne peut tolérer un manque de respect envers Sa Majesté, l’islam ou encore notre intégrité territoriale, mais ce chef d’inculpation n’est pas clair. Et nous pensons qu’il n’est aucunement question de manquement au respect dû au Roi dans ce cas d’espèce».

Quoi qu’il en soit, seule la justice peut dire s’il y a eu ou pas un manque au respect dû au Monarque. La première audience est prévue pour le 24 août.

Naoufal BELGHAZI
Source : L'Economiste

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