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Ramadan: Approvisionnement mais à quel prix?

L’approvisionnement du marché durant le mois du Ramadan figurait en bonne place parmi les points à l’ordre du jour du Conseil de gouvernement tenu hier à Rabat sous la présidence du Premier ministre Driss Jettou.

Joint par L’Economiste, Rachid Talbi Alami, ministre délégué chargé des Affaires économiques et générales, précise que «le Conseil s’est tout particulièrement penché sur la situation des stocks et l’évaluation des besoins en denrées alimentaires de base qui enregistrent une forte demande durant le mois de Ramadan». Le disponible tout comme les importations en cours permettent d’affirmer «que le marché sera bien fourni» révèle le ministre qui a présenté un rapport sur la situation. Pour s’en convaincre, Talbi Alami renvoie aux dernières mesures relatives à la baisse des droits d’importation applicables au lait (UHT et en poudre) et céréales. «Adoptées en étroite coordination avec les professionnels concernés, ces mesures, estime le ministre, sont de nature à permettre l’approvisionnement du pays dans de bonnes conditions».

Pour le lait UHT, le droit d’importation a été ramené de 102 à 2,5% et la poudre de lait de 60 à 30%. Et tout récemment, à 17,5%. La raison? Elle tient aux cours en augmentation à la fois constante et soutenue de cette denrée qui se fait, de surcroît, de plus en plus rare sur le marché international. La tonne n’en coûte pas moins de 2.000 euros. Il en est de même pour les céréales dont la flambée est loin de s’estomper. Même si les droits de douane ont été sensiblement revus à la baisse, le prix du quintal de blé tendre rendu au port de Casablanca s’avère très élevé en comparaison avec les cours de la farine mise sur le marché. C’est aussi le cas des blés importés dans le cadre des contingents américain et européen pour lesquels le bénéfice de la prime compensatoire a été concédé aux minotiers. Question de réduire l’impact de la surenchère.

Ne serait-ce que sur les fabrications destinées à la farine subventionnée. «A titre d’illustration, les cours de nombreux produits de base ont enregistré de fortes augmentations entre janvier et août 2007», signale Talbi Alami. Sont cités dans ce cas le blé, l’huile brute de soja, le gaz butane et le lait en poudre. Mais pour le ministre, «l’impact sur les prix internes a été minime, voire absent grâce aux efforts de compensation d’une part, et aux réductions des droits de douane d’autre part».

N’empêche que les négociants en grains réclament d’ores et déjà une meilleure visibilité. Traduisez, des mesures autres que la baisse, et même la suspension des droits d’importation (www.leconomiste.com). Car dans un contexte de cherté, voire d’indisponibilité, qui se hasarderait à anticiper les transactions? Et on en veut pour preuve les appels d’offre satisfaits pour moitié après s’être révélés infructueux.

Des stocks au niveau le plus bas

En attendant, les stocks de céréales affichaient à fin juillet dernier un déficit d’environ 50% par rapport à la même période de l’année passée. Le cumul de la collecte du blé tendre d’origine locale n’a guère dépassé 3, 1 millions de quintaux. Volume en régression de 75% en comparaison avec la moyenne des cinq dernières années. Reste donc à évaluer les conditions d’importation en termes de prix et de logistique dans lesquelles se réaliserait l’acquisition d’un tonnage aussi imposant que les 5,8 millions de tonnes. Déjà, les premiers arrivages n’ont pas été exempts de problèmes portuaires.

Mais le ministre se veut rassurant. Car le disponible pour les mois de septembre-octobre couvre largement la demande en farine libre et subventionnée. Le même constat est valable pour le beurre, le sucre, les fruits secs, tomates, féculents et autres légumineuses. Mais à quels prix? La spirale des augmentations n’a-t-elle pas déjà été enclenchée pour des produits comme les huiles, le beurre, les légumineuses, les fruits secs et même les légumes ? «Pour le moment, le principal souci du gouvernement est de veiller à la disponibilité de toutes les denrées de base», souligne Talbi Alami. Mais si l’approvisionnement s’avère hors de portée pour certains produits sensibles, admet le ministre, le gouvernement aura recours aux mesures qui s’imposent.

Le disponible et les besoins

Selon le ministre délégué chargé des Affaires économiques et générales qui se réfère aux autres départements ministériels, le disponible en principales denrées de base couvre largement les besoins du mois du Ramadan. Il en est ainsi des farines libre et subventionnée dont le disponible s’annonce respectivement d’environ 2 millions et de 852.000 quintaux pour le mois de septembre, et un peu moins pour octobre, alors que la demande n’excède pas les deux tiers.

Par ailleurs, l’offre prévisionnelle en lait est évaluée à 72 millions de litres. Elle sera couverte par le disponible local qui s’élève à 60 millions de litres auxquels s’ajouteront 26 millions en UHT d’importation.
Pour le sucre, l’offre est largement excédentaire. Tandis que pour le beurre et la margarine, il est prévu d’importer prés de 16.000 tonnes au cours des mois d’août, septembre et octobre. Cependant, la demande exprimée généralement durant cette période est proche de 6.000 tonnes.

S’agissant des fruits secs, la production nationale des dattes est évaluée à 73.000 tonnes. De même, les importations ont porté sur environ 26.500 tonnes à fin avril 2007. Enfin, les quantités disponibles en lentilles durant les mois de septembre et octobre sont estimées à 90.000 tonnes et doivent suffire aux besoins.

Source : L'Economiste

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